Vie professionnelle : santé mentale de a à z

Publié le 23 May 2022 à 10:02


La santé mentale est une composante importante de la santé.
C'est la recherche permanente d'un équilibre entre toutes les dimensions de la vie : émotionnelle, psychique, physique, sociale, spirituelle, économique.
La santé mentale est influencée par les conditions de vie (logement, activité, ressources, etc.), les événements marquants de la vie (rencontres, deuils, séparations, etc.), la société dans laquelle nous vivons et les valeurs personnelles.

La santé mentale n'est pas seulement l'absence de troubles psychiques.
En effet, une personne peut vivre avec des troubles psychiques et ressentir un bien-être mental global, avoir des relations sociales satisfaisantes, une activité épanouissante, une bonne estime personnelle.

Notion à la fois vaste et sensible, la santé mentale interpelle divers professionnels, dont les médecins généralistes en tant que recours de première ligne.
Qu’est-ce que la santé mentale ? Quelles notions y sont associées ? Qui sont les intervenants ? Le Psycom propose quelques définitions et repères.

Addictions (troubles addictifs)
Les troubles addictifs regroupent : alcoolisme, toxicomanies, tabagisme et addictions comportementales (ex : jeu, internet). Les substances psychoactives à risque de dépendance (alcool, tabac, drogues, etc.), agissent sur le circuit de récompense du cerveau1.

Anxiété
Etat mental de trouble et d’agitation, avec un sentiment d’insécurité indéfinissable, une peur sans objet. Il existe plusieurs types de troubles anxieux : le trouble anxieux généralisé, l’attaque de panique, le trouble panique, les troubles obsessionnels et compulsifs (TOC). Les principaux symptômes sont : angoisse, peurs, tensions musculaires, agitation, problèmes de mémoire, de concentration et de sommeil, irritabilité, symptômes somatiques (sueurs, nausées, boule dans la gorge, tremblements).

Autisme
L’autisme fait partie des troubles envahissants du développement (TED) classés par l’OMS dans les troubles du développement psychologique : « C’est un groupe de troubles caractérisés par des altérations qualitatives des interactions sociales réciproques et des modalités de communication, ainsi que par un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé et répétitif. ». Plusieurs catégories de TED sont identifiées : autisme infantile, autisme atypique, Syndrome de Rett, Hyperactivité et Syndrome d’Asperger.

Bipolarité (troubles bipolaires)
Les troubles bipolaires (anciennement appelés psychose maniaco-dépressive) sont caractérisées par des variations anormales de l’humeur, alternant des périodes d’excitation (manie ou hypomanie) et de dépression (voire de mélancolie), entrecoupés de périodes de stabilité.

Pour qu’un diagnostic de trouble bipolaire puisse être posé, il faut qu’il y ait eu au moins un trouble dépressif caractérisé et un épisode maniaque ou hypomaniaque.

Dépression (troubles dépressifs)
« La dépression se manifeste par une humeur triste, une perte d’intérêt pour toute activité et une baisse de l’énergie. Les autres symptômes sont une diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi, une culpabilité injustifiée, des idées de mort et de suicide, des difficultés à se concentrer, des troubles du sommeil et une perte d’appétit. La dépression peut aussi s’accompagner de symptômes somatiques ».

Burnout ou syndrome d’épuisement professionnel
Le burnout (littéralement se consumer de l’intérieur) est un processus dont la phase finale se traduirait par un état d’épuisement professionnel (à la fois émotionnel, physique et psychique) ressenti face à des situations de travail « émotionnellement » exigeantes. 

Handicap cognitif
Il est la conséquence de dysfonctionnement des fonctions cognitives (attention, mémoire, langage, etc.). Il n’implique pas de déficience intellectuelle, mais des difficultés à mobiliser ses capacités cognitives.

Handicap mental
Il est la conséquence d’une déficience intellectuelle, que l’OMS définit comme « un arrêt du développement mental ou un développement mental incomplet ».

Handicap psychique
Lorsque les troubles psychiques sont durables et entraînent une perte d’autonomie, on peut parler de handicap psychique. La personne dont la participation sociale et professionnelle est limitée par les troubles peut bénéficier de compensation et d’accompagnement. Le handicap psychique se distingue du handicap mental car la personne n’a pas de déficience intellectuelle. 

Risques psycho-sociaux (RPS)
Ils regroupent le stress au travail, les harcèlements et violences internes ou externes au travail, le syndrome d’épuisement professionnel (burnout). Les RPS peuvent se traduire par l’expression d’un mal-être ou d’une souffrance au travail, des conduites addictives, une dégradation de la santé physique et mentale.

Santé mentale
« Etat de bien-être permettant à chacun de reconnaitre ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté » (OMS). 

Troubles psychiques
Désignent les troubles mentaux ou psychiatriques (troubles anxieux, dépressifs, bipolaires, schizophréniques, addictifs, etc.). C’est-à-dire des états psychologiques, temporaires ou permanents, plus ou moins sévères, qui peuvent entraîner gêne, souffrance, perte de capacités ou problèmes comportementaux dans la vie quotidienne.

Phobies
La phobie est une peur irrationnelle spécifique, déclenchée par un objet ou une situation n’ayant pas en eux-mêmes de caractère dangereux. Les phobies sont très fréquentes dans la vie psychique normale. Elles deviennent pathologiques par leur intensité et leur retentissement sur la vie de la personne. Les phobies s’accompagnent soit de conduites d’évitement de l’objet ou de la situation, soit de conduites qui rassurent (conduites contraphobiques). Il existe plusieurs types de troubles phobiques : les phobies spécifiques, l’agoraphobie, les phobies sociales, la dysmorphophobie, etc.

Psychiatre et pédopsychiatre
Dans un service de psychiatrie, le psychiatre coordonne, avec l’équipe pluridisciplinaire, la prise en charge globale de la personne (psychologique, somatique et sociale). Il travaille en réseau avec les médecins généralistes, mais aussi les services sociaux, médicosociaux, éducatifs et judiciaires. Certains psychiatres proposent des thérapies. Ils ont alors suivi une formation en plus du cursus médical.

Psychologue
Le psychologue assure le soutien psychologique des personnes en souffrance psychique. Il peut faire passer des tests de personnalité ou de niveau intellectuel et assure des entretiens psychothérapiques. En fonction de sa formation, il peut proposer des thérapies de groupe, familiales, comportementales, psyschanalytiques…

Psychanalyste
La majorité des psychanalystes sont des médecins psychiatres ou psychologues. Outre ses connaissances théoriques, tout psychanalyste a suivi une psychanalyse personnelle (dite didactique) avec un praticien expérimenté, puis une supervision de ses premières psychanalyses. Le psychanalyste propose un travail thérapeutique par le biais d’entretiens réguliers (psychanalyses ou psychothérapies analytiques).

Rétablissement
Le « rétablissement » est un concept anglo-saxon qui trouve son origine dans des mouvements d’usagers des années 1980 et 1990, qui prônaient la reprise du pouvoir d’agir (empowerment) et la défense des droits. Il désigne un cheminement personnel de la personne touchée par un trouble psychique, pour trouver un équilibre psychique et social qui lui convient. Pour les soignants, ce modèle suppose un accompagnement sur le long terme et axé dès le début vers l’autonomie de la personne. 

Schizophrénies
Les schizophrénies peuvent prendre des formes très variées. Les symptômes s’organisent autour de trois axes : La désorganisation ou la dissociation ; le délire paranoïde et les symptômes dits positifs ou productifs (ex : hallucinations) ; les symptômes dits déficitaires ou négatifs (ex : isolement social, troubles cognitifs). Les symptômes doivent être présents de façon permanente depuis au moins six mois pour faire le diagnostic de schizophrénie.

Stress
Réaction d’adaptation non spécifique de l’organisme à une agression physique, psychologique ou sociale et qui s’accompagne d’un état anxieux.

Troubles des comportements alimentaires (TCA)
L’alimentation est une fonction vitale qui apporte les éléments nutritionnels indispensables, en quantité et en qualité, à une bonne santé. En dehors de l’aspect physique, cet acte comporte une implication psychologique, affective et sociale. L’équilibre entre des exigences personnelles, culturelles et métaboliques est nécessaire, mais peut être difficile à trouver. Parfois cette difficulté peut se traduire par des troubles du comportement alimentaire (anorexie mentale et boulimie).

Troubles obsessionnels et compulsifs (TOC)
Les TOC se manifestent par des pensées dérangeantes, répétitives et incontrôlables, appelées obsessions, qui causent une forte anxiété. Pour diminuer la souffrance qui en résulte, les personnes développent des comportements répétitifs, ritualisés, irraisonnés et irrépressibles appelés compulsions.

EN SAVOIR PLUS
Le PSYCOM en quelques mots… Pour comprendre la santé mentale et ses composantes il est important d’en parler, d’informer le plus largement possible. En tant qu’organisme public d’information, le PSYCOM participe à cette mission et vise à faire en sorte que la santé mentale devienne l’affaire de tous.

ALLER PLUS LOIN
Site internet : sycom.org
Rubrique Santé mentale de A à Z :
www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z
Brochures d’information sur les troubles psychiques et la santé mentale (à commander ou télécharger) : www.psycom.org/Brochures-d-info

Aude CARIA
Directrice de Psycom

Assistant universitaire de médecine générale (AUMG) :
de nombreux objectifs mais une expérience enrichissante

Depuis 2014, des postes d’AUMG ont été créés en Ile-de-France et dans d’autres régions. Ces postes sont destinés à de jeunes médecins généralistes (fin de l’internat dans les 4-5 ans qui précèdent). Une fois nommé, l’AUMG doit remplir trois objectifs principaux : assurer une activité de soins au sein d’un cabinet médical, participer aux activités du département de médecine générale de son université de rattachement et assurer une mission locale de santé publique.

L’activité de soins
L’activité de soins peut aussi bien être exercée comme remplaçant, collaborateur, médecin installé ou médecin salarié d’un centre de santé, ce qui laisse une grande souplesse. Le médecin continue de toucher des honoraires (ou salaire si salarié) et le contrat d’AUMG ne vient pas impacter la rémunération de la part soins.

D’autres objectifs viennent encadrer cette part soins, ils ont pour but d’amener une approche plus qualitative à notre pratique. Ils mettent notamment l’accent sur une prise en charge coordonnée et la participation à des groupes d’échanges de pratique.

Il est aussi demandé à l’AUMG d’assurer un rôle d’enseignant au sein de la structure de soins en accueillant des externes ou des internes. Cette fonction, même si elle n’est pas particulièrement mise en valeur par l’ARS, est probablement l’une des plus importantes en termes de retombées pour la santé publique, comme nous le verrons par la suite.

La dernière grande attente de l’ARS sur la part soins est l’intégration du médecin à des projets de recherche au sein du cabinet médical.

L’activité au sein du département de médecine générale
L’AUMG est intégré au sein du département universitaire de médecine générale (DUMG), un peu comme un chef de clinique. L’objectif étant qu’il participe à la vie du département : réunions pédagogiques, réunions d’organisation des stages, certification des étudiants…

Des activités d’enseignement sont également attendues comme la participation à des cours, le tutorat d’interne et le monitorat. Cette activité d’enseignement occupe souvent une bonne partie du temps dédié à l’activité au sein du DUMG.

En plus de ces activités à destination des étudiants, et devant le déficit de maîtres de stage de médecine générale (MSU), les AUMG contribuent à leur recrutement et à leur formation. Cette tâche, qui peut paraître ingrate devant la difficulté de trouver de nouveaux médecins intéressés, est néanmoins indispensable si on souhaite pouvoir former les futures générations de médecins généralistes dans de bonnes conditions. Des stratégies de recrutement au niveau régional avec l’appui des ARS sont probablement à développer pour améliorer la situation. De même, la levée des incertitudes actuelles sur les modalités de valorisation des MSU devrait permettre de rassurer les postulants.
Comme pour la part soins, l’AUMG va également être amené à s’impliquer dans des projets de recherche au sein du DUMG.

La mission locale de santé publique
L’implication dans un projet de construction d’une maison de santé pluri-professionnelle (MSP) labélisée est probablement, dans le contexte actuel, l’objectif principal. Cependant, toute forme de coordination locale, comme le renforcement du lien ville-hôpital, est recherché par le biais de ce poste d’AUMG.

L’objectif final est que le patient puisse bénéficier d’un parcours de soins facilité. Ainsi l’AUMG pourra aussi aider dans l’organisation autour de la gestion des urgences de ville pendant les horaires d’ouverture et en dehors (avec la participation aux permanences de soins). Il pourra également créer des liens avec le second recours de soins et les réseaux de soins.

De multiples objectifs
Comme nous venons de le voir, les objectifs de la « fiche de poste » de l’AUMG sont multiples, complexes et non réalisables dans leur intégralité par une seule personne. Il semble illusoire d’attendre d’un jeune professionnel en cours de construction professionnelle d’être à l’initiative de la création d’une MSP, tout en assurant les fonctions de soins et d’enseignement.

Ce constat est partagé avec les ARS, qui souvent n’attendent pas d’un candidat ou d’un AUMG qu’il soit capable de réaliser tous les objectifs. Ainsi, les dossiers de candidature retenus sont souvent assez divers. Certains profils sont plus orientés vers l’enseignement, d’autres vers la création d’une MSP… Si cette variabilité est bien reconnue par l’ARS d’Ile-de-France, il semble que, dans d’autres régions, la mise en place des postes d’AUMG soit plus compliquée.

Nous aurons probablement à faire face à un autre enjeu : l’intégration de ces différents profils à l’équipe d’un DUMG. En effet, si l’augmentation des effectifs des DUMG est indispensable pour la réalisation de leur mission, cette augmentation va nécessiter une réorganisation et une restructuration des départements. Ces profils différents (qui peuvent avoir des objectifs professionnels différents) vont nécessiter un nouveau management au sein des DUMG, mais devraient également contribuer à faire le lien entre les enseignants chercheurs du DUMG et les MSU.

De futurs MSU
La fonction d’AUMG dure deux ans avec une possibilité de prolonger le contrat d’un an. Après ces deux à trois ans, si certains AUMG vont probablement intégrer les équipes des DUMG, d’autres n’auront pas la possibilité (ou la volonté) d’intégrer les DUMG. Même dans ce dernier cas, il est fort probable que ces médecins poursuivent l’activité d’enseignement, au moins comme maîtres de stage universitaires (MSU).

Ces postes d’AUMG ont également l’avantage d’offrir un ancrage professionnel rapide sur le territoire grâce aux réseaux universitaires. Ajoutés à cela le fort investissement dans le DUMG pendant ces deux années d’AUMG et la poursuite de la fonction de MSU, alors tous les ingrédients sont réunis pour disposer au long cours de « super MSU » sur le territoire.

En effet, ces jeunes médecins qui ont été formés à la pédagogie par les DUMG, et qui y ont exercé des responsabilités, seront inévitablement plus investis dans leur rôle de MSU. Ils pourront être un point d’appui pour les DUMG dans leur communication avec des MSU plus « éloignés » des universités. Ils pourront aussi assurer une remonté des informations des différents terrains de stage.

Ce rôle de MSU est primordial à plusieurs titres. Les MSU assurant la formation initiale des internes en médecine générale, cette fonction à elle seule impose beaucoup de responsabilité et de professionnalisme. Cette fonction de MSU contribue également à assurer la formation continue des médecins installés. Elle favorise l’autoévaluation des médecins maîtres de stage et les retours/questionnements des internes obligent les MSU à se tenir à jour des recommandations.

De plus, en ouvrant leurs cabinets aux étudiants, les MSU s’offrent plus de possibilités de trouver des remplaçants et/ou de futurs associés. On retrouve les valeurs essentielles du compagnonnage cher à l’exercice de notre profession et qui fait le lien entre les générations de praticiens.

Quand on regarde le rapport de l’IRDES n°534 « Comment améliorer la répartition géographique » et qu’on se focalise sur les principales méthodes susceptibles d’améliorer la démographie médicale, alors on se rend compte que la plupart de ces possibilités peut être mise en place au sein d’un cabinet de groupe (idéalement maison de santé) ayant un rôle de formation des étudiants. Cela revient très clairement à valoriser/développer le rôle de MSU !

Une expérience enrichissante
Au-delà des préoccupations de santé publique, le poste d’AUMG apporte une expérience professionnelle et personnelle extraordinaire. Alors que malheureusement notre exercice est souvent isolé, ce poste permet de tisser un réseau professionnel riche. Toutes les démarches professionnelles et administratives s’en trouvent simplifiées, grâce aux expériences de chacun.

Tous ces exemples nous aident à nous construire, prendre du recul sur notre exercice et à mieux en définir le cadre. La composante de recherche du DUMG aide à mieux appréhender les efforts de formation continue à réaliser pour avancer vers l’EBM (Evidence Based Medicine), ainsi que l’importance de notre implication dans des réseaux de recherche pour faire avancer notre discipline.

Ces rencontres professionnelles avec des collègues du territoire, partageant les mêmes valeurs, représentent bien plus que la simple construction d’un réseau de contacts : ce sont de nouvelles amitiés qui se créent. Même si les réunions ont une fâcheuse tendance à se multiplier, elles deviennent des lieux d’échanges et de réflexion sur notre pratique, entre confrères bienveillants/amis.

Le partage de son activité professionnelle entre pratique clinique, enseignement et missions de santé publique offre un véritable équilibre à condition de bien s’organiser.

Si vous avez la chance d’être dans une région proposant ce type de contrat, n’hésitez pas à rencontrer votre DUMG et à vous lancer !

Dr Carrière
Médecin généraliste à Trappes

Article paru dans la revue “Le Bulletin des Jeunes Médecins Généralistes” / SNJMG N°21

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Publié le 1653292970000