Une sage-femme n’est pas un gynécologue

Publié le 16 May 2022 à 20:29

Prétendre que le premier recours par les sages-femmes est de même niveau que celui offert par les gynécologues c’est tromper les femmes.

C’est pour avoir clamé haut et fort cette vérité que notre consœur le docteur Michèle Scheffler, présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM) doit répondre d’une plainte portée à l’Ordre des médecins par l’ordre des sages-femmes. La comparution au CNOM aura lieu le 18 novembre 2015 à Paris.

La présidente, s’expriment au nom de la FNCGM s’opposait alors au remplacement progressif des gynécologues de « premier recours » par des sages-femmes. Celles-ci réclamant l’exclusivité de ce premier recours.

En argumentant que les compétences de celles-ci, acquises à l’issue de 4 ans de maïeutique, ne sont pas celles des gynécologues médicales après leur 10 à 12 ans d’études, la FNCGM n’injurie pas la profession des sages-femmes. Elle rappelle une vérité que les femmes doivent connaître.

A quoi sont formées les sages-femmes en gynécologie ?
Les sages-femmes sont formées à 8 situation clinique : 7 concernent la maternité et le nouveau-né, où toute pathologie doit être référée et traitée par un médecin, 1 la gynécologie : Réalisation d’une consultation d’une femme sans pathologie et prévention et dépistage des maladies sexuellement transmissibles, du cancer du col et du sein (aucun autre cancer féminin ne bénéficie d’un dépistage reconnu efficace).

Les sages-femmes n’ont pas de compétence de par leur formation initiale pour prendre en charge, seules les pathologies de la femme, au cours comme en dehors de la grossesse.

Le crédit octroyé aux sages-femmes l’est sur le compte de la bonne santé des femmes.
Le premier recours n’est pas que l’accompagnement d’une femme en bonne santé et qui veut le rester. C’est aussi la prise en charge directe des pathologies par le médecin spécialiste de la femme, le gynécologue hors du parcours de soins, permettant pour les femmes un accès direct aux compétences spécialisées de la gynécologie.

Prétendre que le premier recours par les sages-femmes est de même niveau que celui offert par les gynécologues c’est tromper les femmes, c’est dégrader l’égal accès des femmes à la santé, c’est un recul majeur de l’offre de soins faite aux femmes en France.

Restreindre le premier recours gynécologique aux seules sages-femmes, comme celles-ci le demandent, c’est priver les femmes malades, les plus fragiles des femmes, d’une compétence fondamentale, celle de traiter. Les malades n’y trouveront qu’hésitations, retard et absence de diagnostic. Bien loin de l’expertise du médecin spécialiste en gynécologie.

Une symbiose est possible entre sages-femmes et gynécologues
Quand le gouvernement remplace les gynécologues de premier recours par des sages-femmes, il joue un « bien mauvais tour » pour le suivi urologique des hommes de notre pays ?

Il y a pourtant une symbiose possible entre sages-femmes et gynécologues, au bénéfice de toutes les femmes. Cela supposerait que des gynécologues en nombre suffisant, puissent proposer une offre spécialisée également répartie sur le territoire, s’appuyant sur des réseaux coordonnés de soins au sein desquels travailleraient en collaboration sages-femmes et gynécologues.

Cette symbiose ne se fera pas tant que nos gouvernements se satisferont d’une politique de santé si bien planifiée qu’elle fait disparaître les gynécologues, avec des effecteurs moins qualifiés nombreux (le nombre des sages-femmes explose), « low cost » (elles travaillent aux tarifs opposables de l’assurance maladie qui sont bloqués depuis 25 ans), et donc soumis aux contraintes financières qui rend leur pratique aveugle, normative.

Au-delà du sort des gynécologues, les femmes seront les premières victimes de cette dégradation de la qualité de l’offre de soins en France. Comme disent les représentantes des sages-femmes : « il y a bien des pays qui fonctionnent comme cela », c’est un signe de plus vers la fin de l’exception médicale française, « ce système que le monde entier nous envie ».

B. de ROCHAMBEAU*
Article paru dans la revue “Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France” / SYNGOF n°103

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