Une reforme tournée vers l’université

Publié le 07 May 2022 à 20:09

La formation en masso-kinésithérapie en France se fait au sein d’instituts de formations, appelés IFMK (Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie) après une année de sélection universitaire . Cependant ce format n'est pas celui que nous pouvons retrouver au niveau international. En effet, la formation en "Physiothérapie" est généralement réalisée à l'université comme par exemple au Québec.
L’université correspond au lieu de formation de l’enseignement supérieur en France et dans le monde entier.
Pourquoi ne sommes nous pas à l’université et pourquoi est ce que l’on tente de s’en rapprocher ?
Quelles avancées avons nous réalisés avec la réforme ?

L’origine de l’universitarisation : le Processus de Bologne
En 1999, à Bologne en Italie, des représentants de 29 pays européens se sont retrouvés pour continuer les réflexions autour d’un sujet abordé un an plus tôt à la Sorbonne à Paris : “l’espace européen de l’enseignement supérieur” (EEES).

De cette rencontre va naître “la déclaration de Bologne”, posant les bases d’une évolution de l’enseignement supérieur européen autour de plusieurs grands axes :

1. Une architecture commune des grades universitaires en Licence (ou baccalauréat ou bachelor en fonction des pays), Master et Doctorat (LMD) ;
2. Un système européen de crédit, les ECTS ;
3. Le supplément au diplôme ; une organisation en semestres et unités d’enseignements ;
4. Une transversalité des connaissances et compétences.

Aujourd’hui, 46 pays ont rejoint cette volonté d’harmonisation des formations en signant cette déclaration.
Les mesures de ce processus s'articulent autour de différents grands axes, notamment l'harmonisation des formations, la mobilité internationale et l'assurance d'un minimum de qualité des diplômes

Mais, l’objectif de ce processus de Bologne était que d’ici 2010, l’ensemble des pays signataires aient un système d’études supérieures fonctionnant sous ce principe.

Pour les formations paramédicales, on constate donc que les objectifs n’ont pas été atteints.

Où en est on actuellement ?
La réforme des études de kiné en 2015 s'ancre dans cette volonté de faire évoluer notre formation et de la rapprocher de ce système. Cette avancée est inscrite dans le premier article du texte de l’arrêté de formation :

“Dans le cadre de l'intégration de la formation des masseurs-kinésithérapeutes au processus licence, master, doctorat,les instituts de formation en masso-kinésithérapie passent une convention avec une université disposant d'une composante santé et le conseil régional. ”

Avant 2015, et donc avant la réforme, rien n’obligeait les IFMK à être en lien avec une université. On ne retrouvait que très peu d’IFMK dans ce cas. Maintenant, et par une obligation de convention les IFMK sont obligés d’être en lien avec une université. Ce processus de rapprochement avec l’université va prendre de plus en plus d’ampleur.

Bien que ces évolutions changent en profondeur le lien de notre formation avec l’université, ces avancées ne sont que minimes, peu d’IFMK sont en liens étroits avec une université et ceux réellement intégré sont très rares.

Les services universitaires, auxquels nous avons droit, ne sont pas accessibles par de nombreux étudiants. Les raisons de ce problème sont en grande partie logistique mais aussi organisationnels et géographique.

L’université en tant qu’entité se retrouve donc beaucoup plus impliquée dans notre formation bien qu’il y ait de nombreux freins encore présents. Cependant, les évolutions ne sont pas uniquement par rapport à notre lien à l’université, elles concernent tout autant la forme et le fond de notre formation. L’apparition des ECTS, clé de voûte du processus de Bologne, associés aux unités d’enseignement, l’apparition du mémoire de recherche et de la recherche en elle même, représentent une avancée sur le cadre de notre formation.

Les avantages d’une formation à l’université, ouvertures :
Ce rapprochement avec l’université permet aussi d’envisager les choses sur du long terme, et de mettre en avant ce que cela pourrait apporter à la masso-kinésithérapie dans les années futures.

L’université comporte deux rôles principaux : la formation et la recherche. L’orientation de notre profession vers une pratique basée sur les preuves doit passer par le développement de la recherche en masso-kinésithérapie. L'apparition d'élément d'initiation à la recherche avec pour pour finalité la conception d'un mémoire d'initiation à la recherche est un des facteurs permettant aux futurs masseurs-kinésithérapeute d'avoir un premier contact avec cette dernière.

L’université est aussi un lieu de production de savoir, réalisé par les enseignants-chercheurs, ainsi que des étudiants durant leurs cursus. Le fait que les IFMK ne soient pas à l’université limite la production de savoir aux autres formes de production (sociétés savantes, entreprises ou sociétés privées... ). Cela limite aussi la possibilité d’avoir des enseignants chercheurs en masso-kinésithérapie, statut réservé aux universités.

Un des objectifs de l’intégration universitaire de notre formation et du processus de Bologne concerne la reconnaissance des formations. Actuellement notre texte législatif nous octroie une reconnaissance à Bac+4 et les ECTS associés. Cela n’est pas cohérent avec le nombre d’année d’études que nous faisons qui s’élève actuellement à 5 ans consécutifs de formation post baccalauréat, rendant plus difficile la reconnaissance professionnelle de leur niveau de formation et les bloquant dans une éventuelle poursuite d’étude.

La formation en masso-kinésithérapie en France a vu ses liens avec l’université fortement évoluer avec la réforme des études de 2015.

Cependant de nombreuses lacunes restent à combler, comme une inclusion dans le schéma LMD (License, Master et Doctorat), qui signent notre retard, mettant en avant les avancées qui restent à faire pour parvenir à atteindre les objectifs énoncées par les directives de Bologne pour améliorer notre formation initiale.

"Par une obligation de convention les IFMK sont obligés d’être en lien avec une université 12"

Article paru dans la revue “Le Journal des Étudiants Kinés” / BDK n°50

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