Interview du Pr Alain Luciani
Quelles ont été les particularités de l'organisation des JFR cette année ?
Les JFR 2020 se sont construites dans un contexte sanitaire que nous connaissons, et qui était effectivement difficile, marqué par la COVID 19. Cette crise sans précédent a touché de nombreux patients, et mobilisé toutes les équipes de radiologie, sur l’ensemble du territoire. C’est d’abord ce contexte lourd qui a marqué les premiers mois de préparation de nos journées et que je retiens, en pensant particulièrement à tous ceux qui ont été touchés par cette pandémie. La SFR a aussi rapidement que possible tâché ensuite d’anticiper tout au long de l’année les conséquences que la situation sanitaire posait quant à l’organisation de notre congrès francophone. Ainsi, dès le mois d’avril 2020 un enrichissement du contenu digital de nos journées était élaboré, au travers de la mise en oeuvre d’une toute nouvelle plateforme de diffusion numérique de notre congrès, la plateforme JFR.plus. Il faut saluer ici le travail constant des équipes de la SFR autour du comité des programmes des JFR, mais également de l’ensemble des sociétés d’organe et fédérations qui ont su faire évoluer leur offre de formation. L’évolution de la situation sanitaire et la priorité que la SFR accordera toujours à la sécurité de ses membres et de ses partenaires, ont conduit in fine à basculer intégralement notre congrès JFR 2020 sous une forme digitale.
Avez-vous une idée sur la participation cette année, éventuellement par rapport aux autres années ?
Sur les 4 jours du congrès, c’est un cumul de plus de 12 000 congressistes qui ont visité le congrès JFR.plus, avec des pics de participation forts objectivables dès la journée du Jeudi, journée centrée notamment sur le programme de formation destiné aux internes qui y ont été massivement présents. Les JFR 2020 ce sont également plus de 190 contenus média qui ont été construits, dont 74 cours ou séances pédagogiques, 9 symposiums, 30 démonstrations pratiques, 6 séances d’interprétation de cas cliniques, 64 interviews ou live sur le studio TV, 3 grandes conférences. L’intégralité des programmes était diffusé sur 6 canaux de diffusion éditorialisés, permettant des modérations et échanges en direct avec les orateurs. Les JFR 2020 c’est également la mise en oeuvre des lundis de l’innovation, en partenariat avec MEDICEN et dont le premier séminaire a permis de réfléchir à l’accès des innovations développées par les start-ups aux marchés publics hospitaliers. Par ailleurs, ces JFR 2020 ont été l’occasion d’ouvrir notre congrès sur l’extérieur, au travers de la chaîne grand public n°1 qui était ouverte au grand public en accès libre. Cette chaîne a d’ailleurs permis la diffusion du film hommage qu’a produit la Société Française de Radiologie en cette année si particulière et si pesante, ce fameux film hommage « ceux que vous applaudissiez à 20 heures ». Par ailleurs, notre plateforme JFR.plus a permis d’accueillir des visiteurs de plus de 35 pays francophones ou francophiles de tous les continents, contribuant aussi aux très larges audiences sur certaines séances diffusées en live : plus de 10 séances ont ainsi rassemblé plus de 600 participants lors de leur diffusion « live », et notamment la grande conférence « Radiologie, expérience patient et société », ou la conférence inaugurale sur « State of Radiology in the era of Post COVID ». Ces JFR 2020 ont été également l’occasion de lancer le partenariat entre la SFR et le CNES (Centre National d’Etude Spatiale), qui nous projette vers de nouveaux horizons parfois très voisins dans leurs enjeux scientifiques notamment autour du traitement et de l’analyse des images de l’espace, mais également dans les préoccupations d’accompagnement en soins des astronautes vers les missions spatiales pour lequel la radiologie diagnostique et interventionnelle française sera pleinement investie. Enfin je retiens le dynamisme de nos plus jeunes membres, au travers de leur participation nombreuse, de leur présence sur les réseaux sociaux et de séances originales portées par la SFR Junior. Et comment ne pas parler ici de la séance « ma recherche en 180 secondes » lors de laquelle les jeunes candidats ont développé un trésor d’originalité pour présenter en vidéo leurs travaux de recherche. Ces contenus sont toujours en ligne d’ailleurs sur JFR.plus et je sais que nombre d’entre vous souhaiteront les revoir !
Y a-t-il des difficultés et des incidents que vous n'aviez pas prévu ou pu prévoir sur le plan technique, matériel ou humain ?
Les difficultés ont été nombreuses vous vous en doutez. Il faut d’ailleurs saluer ici le soutien constant des partenaires industriels autour de cet événement, de leur confiance dans les ressources de la SFR pour présenter un congrès de haut niveau scientifique, et avec une forte audience. Pour autant, cette séance digitale de notre congrès aura montré qu’il est nécessaire de garder des liens présentiels forts, qui ne sauraient être remplacés uniquement par des échanges digitaux. Par ailleurs, j’ai une pensée particulière pour tous les orateurs dont les travaux avaient été retenus pour une présentation dans des séances scientifiques, et qui n’ont pas eu la chance de pouvoir « monter sur scène » cette année. Ceci concerne je le sais de nombreux juniors qui attendaient notre congrès pour réaliser leur première présentation individuelle en congrès devant leurs pairs. Je sais que ce n’est que partie remise, et que beaucoup seront heureux de retrouver en 2021 notre congrès dans une forme présentielle ! Ceci permettra également de reprendre nos échanges présentiels lors de l’accueil des jeunes internes de la phase socle que la SFR invite chaque année en amont de leur prise de fonctions aux JFR. Mais aussi de nous retrouver pour mieux échanger ensemble autour des programmes de recherche, des accès aux masters 2 et de retrouver aussi cette « voie de l’avenir radiologique » qui met à l’honneur tous ceux que la SFR distingue pour la qualité de leur engagement en recherche et innovation.
Au total, ce congrès a montré les ressources, la richesse de la Radiologie Française, de ses jeunes, et de tous ses acteurs qui ont permis de mettre en oeuvre dans des circonstances très difficiles un congrès de haut niveau. Sans doute que des formats hybrides associant un contenu digital renforcé, à un présentiel fort seront le marqueur de futurs congrès en 2021, et nul doute que les JFR 2021, sous la présidence du Professeur Hélène Kovacsik- Vernhet, seront à la hauteur de ces ambitions pour notre congrès national.
Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°41