Retour sur la 1ère édition du festival Pop & Psy

Publié le 15 May 2023 à 18:35

Qu’est-ce que c’est ?

On connaissait le Dr Jean-Victor Blanc pour ses conférences « Pop & Psy » sur différents congrès, ses livres « Pop & Psy » et « Addicts » et son ciné club parisien. On le retrouve avec plaisir à l’origine de ce premier festival ouvert à tous autour des questions de santé mentale qu’il organise avec la journaliste Florence Tredez.

Avec 1 personne sur 8 dans le monde vivant avec un trouble psychique (OMS 17 juin 2022), l’enjeu était d’ouvrir le dialogue afin de diminuer la stigmatisation et donc l’exclusion des personnes concernées. Pour cela, ont eu lieu des tables rondes, des talks de personnalités concernées, des ateliers et aussi des concerts et DJ sets.

On y trouvait également sur place un village des solutions mettant en avant les associations et acteurs innovants en santé mentale que j’ai été rencontrer pour vous.

De talks inspirants à l’effet Papageno

Comme le rappelle le magazine telerama qui consacre un article au festival, aux États-Unis, les artistes prennent la parole depuis de nombreuses années sur les questions de santé mentale. L’actrice Catherine Zeta-Jones révèle sa bipolarité en 2011, Mariah Carey suivra ses pas en s’affichant en une de People, en 2018. À la suite de ce coming out, le terme « bipolaire » est monté en flèche dans les recherches sur Google outre-Atlantique.

Kanye West, Kid Cudi, Selena Gomez, Billie Eilish… : La liste des artistes faisant état de leurs troubles est longue. Pour Jean-Victor Blanc, la culture pop donne de la visibilité à des sujets trop longtemps mis sous le tapis, et la parole des artistes a un écho sans pareil.
En France on peut citer la performance de Stromae qui a fait grand bruit au JT de 20 heures de TF1, le 9 janvier dernier. En guise de réponse à une question d’Anne-Claire

Coudray, il s’est mis à chanter « L’Enfer » face caméra, un titre dans lequel il avoue avoir eu des pensées suicidaires.

Si son intervention, très préparée, faisait écho à la sortie de ce single, elle lui a valu, sur Twitter, les félicitations du directeur de l’OMS pour avoir osé aborder ce sujet difficile. « À la suite de son passage, il y a eu un pic d’appel sur le 3114, la ligne de prévention du suicide », note Jean-Victor Blanc.

Un bel exemple d’effet Papageno, donc ?

Comme le résume bien le site preventionsuicide.info, « l’effet Papageno » à l’inverse de « l’effet Werther » fait référence à une étude menée par le centre de santé publique à l’Université médicale de Vienne en 2005.

L’étude a analysé durant six mois, 497 articles portant sur le suicide, publiés par différents médias écrits distribués sur le territoire autrichien. Cette étude a identifié les associations entre les contenus des médias et les variations dans les taux de suicide selon les régions d’influence des différents journaux étudiés.

L’étude en question confirme que la répétition et la description du même suicide dans les médias, ainsi que ceux des cas célèbres, sont bien associés à une augmentation du taux de suicide.

Cette étude montre également que les messages médiatiques peuvent avoir une portée préventive des comportements suicidaires lorsque :

  • Les médias abordent l’idéation suicidaire sans parler du passage à l’acte (tentative de suicide et suicide complété).
  • Les médias abordent le vécu de l’idéation suicidaire en mettant l'accent sur la volonté de « continuer à vivre ».
  • Les médias mettent en évidence l'importance de l’adoption de mécanismes d’adaptation positifs (coping) pour faire face à la situation.

L’expression "effet Papageno" est tirée de l’un des protagonistes de l’opéra « La flûte enchantée » de Mozart. Cet opéra est une allégorie pleine de gravité sur la nature de l’Homme et sa recherche de l’harmonie intérieure. Papageno est un oiseleur qui croit avoir perdu son amour, Papagena, et élabore un plan pour mettre fin à sa vie. Au moment où il décide de se pendre, surviennent trois jeunes garçons qui arrêtent son geste, l’invitant à envisager une autre voie qui lui ramènera sa bien-aimée. Dans sa détresse, Papageno avait oublié les moyens à sa disposition : son « carillon magique », qui a les pouvoirs de ramener Papagena.

Le village des solutions

Le festival était aussi l’occasion de rencontrer les partenaires associatifs présents, des rencontres enrichissantes qui interrogent sur les liens que nous pourrions entretenir avec ces associations dans notre pratique quotidienne.
Voici un aperçu de quelques associations présentes.

La maison perchée

L’objectif de cette association est d’accompagner les jeunes adultes vivant avec des troubles psychiques, à travers la communauté, la pair-aidance, des ateliers et des conférences. Les rencontres et évènements ont lieu en ligne mais aussi dans leur café ouvert en 2023 à Paris.

Nightline

Nightline est avant tout une ligne d’écoute « par et pour les étudiant.e.s » créé en 2016 en France sur le modèle d’un dispositif anglo-saxon né dans les années 1970.

En pratique la ligne est ouverte gratuitement tous les soirs de 21h à 2h30 du matin, tenue par des bénévoles formés à l’écoute active.

Psycom

Psycom est un organisme public d'information sur la santé mentale et de lutte contre la stigmatisation via un site internet de partage de ressources. On trouve notamment sur leur site des brochures vulgarisant de nombreuses thématiques de santé mentale.

Premiers secours en santé mentale

Il s’agit d’une association à but non lucratif créée en 2018 par Santé Mentale France, l’Unafam et l’Infipp (un organisme de formation professionnelle en santé mentale). L’association propose en France une formation généraliste s’adressant à tous les citoyens, basée sur un programme similaire développé en Australie dès l’année 2000 et scientifiquement validé.

3114

On ne présente plus le numéro national de prévention du suicide, numéro gratuit accessible 24h/24 et 7j/7 tenu par des professionnels du soin formé spécifiquement à la prévention du suicide. Le site internet propose également des ressources pour les professionnels pour se former sur la prévention du suicide, la communication auprès des patients et des médias sur le sujet ou pour accompagner des projets de recherche.

En espérant que ces ressources puissent vous être utiles, on se retrouve l’année prochaine pour un bilan de la 2e édition du festival ?

Justine DENIEL

Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°31

L'accès à cet article est GRATUIT, mais il est restreint aux membres RESEAU PRO SANTE

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