Résultats de l’enquête UNIR - SFICV sur la radiologie cardiovasculaire

Publié le 11 Jul 2022 à 10:52

En mars 2021, notre association et la SFICV lançaient une enquête pour faire un état des lieux sur la formation en imagerie cardiaque dont je vous livre les résultats dans cet article.

Pour commencer, vous avez été une majorité de «  vieux  » semestres (5 et +) à nous répondre, et dans une importante proportion par rapport aux autres villes à venir de Lyon et de Lille.

Globalement, vous êtes très motivés et investis dans votre formation en imagerie cardiaque (grande majorité de 7 et 8/10), mais paradoxalement presque la moitié des répondants estime que leur investissement est plus faible que dans les autres spécialités d’imagerie.

Notre enquête nous donne des éléments de réponses sur cet investissement «  plus faible  » que dans d’autres surspécialités.

Vous êtes une très écrasante majorité à être inquiets pour cette spécialité : compétition avec les cardiologues, non accessibilité ou pas suffisamment d’accès aux examens d’imagerie cardiaque dans votre subdivision d’internat. Pour ceux qui y ont eu suffisamment accès, vous avez trouvé en très grande majorité l’image de cette spécialité bonne, et vous trouvez que globalement la relation avec les cardiologues sur l’imagerie cardiaque sont moyennes à bonnes.

Dans vos CHU, les examens d’imagerie cardiaque sont principalement réalisés par les radiologues, et pour le libéral, comme toujours, vous avez beaucoup moins d’informations que sur l’hospitalo-universitaire (majorité de «  je ne sais pas  »), et pour beaucoup d’entre vous, les possibilités d’installation d’un radiologue spécialisé en imagerie cardiaque ne sont que «  faisables  ».

Pour en revenir plus spécifiquement à la formation, une grande majorité d’entre vous ont accès à une bonne formation en imagerie cardiaque, le plus souvent prodiguée par un PUPH.
En majorité lors d’un stage d’imagerie cardiovasculaire, vous avez entre 1 et 3 vacations de scanner cardiaque pour la plupart, et + de 3 vacations pour une porportion déjà plus faible.

Des résultats similaires sont retrouvés pour l’IRM cardiaque, mais avec une proportion plus faible de ceux qui ont accès à + de 3 vacations d’IRM/semaine.

Pour les staffs d’imagerie cardiaque vous êtes beaucoup plus nombreux à ne pas y avoir accès.

Pour beaucoup, vous avez la possibilité de faire de la recherche en imagerie cardiaque, et vous êtes partagés à presqu’égalité entre ceux qui veulent faire de l’imagerie cardiaque en phase de consolidation et ceux qui ne veulent pas en faire.

Pour ceux qui n’ont pas accès à une formation sur place à l’hôpital en imagerie cardiaque, vous avez répondu que vous étiez très fortement pour en avoir une à distance (que cela soit par le biais d’un interCHU ou en ligne).

Une très grande majorité d’entre vous semble intéressé pour être formés à l’échocardiographie, et une proportion similaire pour avoir des ateliers types cas cliniques par un référent local.

Pour cette édition dédiée à l’imagerie cardiaque, j’espère vous apporter des réponses sur le libéral et sur l’écho-cardiographie.

N’hésitez pas à en parler en stage avec vos séniors, ils sauront vous aiguiller  !

Ne pas dire Cardioradiologie mais imagerie cardiaque

L’imagerie cardiaque, une surspécialité précieuse recherchée par tous les groupes d’imagerie médicale

Le docteur Clémence Balaj a réalisé ses études à la Faculté de médecine de Nancy, ville où elle a choisi de poursuivre son internat d’Imagerie Médicale. En complément, elle est diplômée d’un Master 2 en Ingénierie de la santé. Enfin, elle a effectué son clinicat dans le service de Radiologie Adulte du CHU de Nancy (spécialisé en imagerie thoracique et digestive, ainsi qu’en imagerie cardiaque). C’est en 2017 qu’elle a choisi de s’associer au groupe Radiolor, membre fondateur du réseau Vidi, aujourd’hui constitué de 40 radiologues qui exercent dans toute la Lorraine. Cette association lui permet d’avoir une activité polyvalente tout en pratiquant également sa surspécialité comme l’imagerie cardiaque dans d’excellentes  conditions.

Pourquoi avoir choisi l’imagerie cardiaque ? Le docteur Clémence Balaj avait déjà participé à quelques vacations au début de son internat puis il lui a été proposé de suivre l’Ecole de l’Imagerie Cardiaque (organisée par la SFICV) qui lui a permis de vraiment découvrir cette surspécialité et lui a donné de solides bases.
Le DIU national d’Imagerie cardiovasculaire a enfin finalisé la validation des acquis.

Comme elle le souligne  : «  L’imagerie cardiaque est une surspécialité exigeante sur le plan technique, sur le plan des connaissances, du post-traitement et de l’interprétation. On doit prendre en compte énormément d’éléments pour aboutir à une conclusion pertinente, qui ont un réel impact sur la prise en charge du patient ».

Concernant les examens, le docteur Clémence Balaj précise  : «  Le score calcique est devenu un examen de référence pour stadifier le risque coronaire des patients. Le coroscanner, lui, est réellement l’avenir de l’imagerie cardiaque diagnostique notamment pour les patients à risque coronaire faible et intermédiaire.  C’est extrêmement satisfaisant d’intervenir en « dépistage » en amont d’un évènement coronarien aigu. C’est un examen rapide, avec une irradiation qui devient optimale et un apport diagnostique très performant. L’impact est fondamental pour le patient  !  L’IRM cardiaque intervient à tout moment du diagnostic, du suivi et des complications des cardiopathies congénitales ou acquises, dans la douleur thoracique aiguë (MINOCA), c’est l’imagerie de référence pour la mesure de fraction d’éjection…  Quant à l’IRM de stress, elle se développe et représente un bel exemple de collaboration radiologue/cardiologue ».

L’imagerie cardiaque est donc une surspécialité stimulante pour l’ensemble de l’équipe radiologique car elle évolue parallèlement aux avancées techniques tant en scanner qu’en IRM  ; la formation avancée des manipulateurs est également primordiale pour l’acquisition des images, en collaboration avec le radiologue pour adapter les protocoles. Le préalable à une bonne interprétation est avant tout un examen de bonne qualité. Un vrai travail d’équipe  !

Néanmoins, le docteur Clémence Balaj regrette que cette imagerie soit trop peu valorisée par rapport à l’investissement qu’elle demande et à son impact diagnostique.
Heureusement, dans un groupe d’imagerie comme Radiolor, cette imagerie cardiaque est totalement intégrée dans la globalité de l’activité, et permet de réaliser 1700 scores calciques par an, 2000 coroscanners, et 1000 IRM cardiaques, ce qui en fait le principal centre d’imagerie cardiaque libéral de Lorraine. Le groupe développe même l’IRM de stress. D’ailleurs, cette activité est en croissance constante.

Clémence Balaj ajoute : « En tant que radiologues, nous devons davantage encore nous investir dans cette spécialité  ; c’est nous qui avons la compétence de la réalisation et de l’interprétation de l’imagerie en coupe, ce qui n’empêche pas de travailler en bonne entente avec nos confrères cardiologues ». L’évolution récente des recommandations sur les indications de ces examens, de plus en plus étendues, montre que les radiologues pratiquant cette spécialité auront une compétence précieuse recherchée par tous les centres d’imagerie médicale.

Pour conclure, à tous ceux qui s’intéressent à la fois au domaine cardiovasculaire, à la technique et au post-traitement et qui veulent s’investir dans une surspécialité d’avenir, formez-vous en imagerie cardiaque ! Pour votre formation, il est fondamental d’associer de solides formations théoriques telles que développées par la SFICV, et d’y associer une importante pratique en vacation, la plus régulière possible, seule manière de maîtriser la pathologie courante et les cas rares.

L’imagerie cardiaque, une surspécialité de plus en plus recherchée, qui nécessite des diagnostics d’excellence

En Normandie, le docteur Jérôme Caudron a d’abord réalisé son externat à l’Université Paris VI pour ensuite être nommé interne à Rouen. Dans l’idéal, il aurait aimé suivre un double cursus  : cardiologie/ radiologie comme cela se pratique dans d’autres pays mais malheureusement pas en France. C’est donc en cardiologie qu’il a commencé à être interne pendant une année avant une rencontre décisive avec le professeur Jean-Nicolas Dacher qui le motivera à poursuivre en radiologie. Après un cursus hospitalo-universitaire, il décide de s’installer en libéral. C’est donc au sein du groupe Nora Imagerie au Havre que le docteur Jérôme Caudron s’est associé, un groupe qui compte 33 radiologues exerçant sur 11 sites, son choix ayant été motivé par le fait que Nora Imagerie propose bien entendu une offre d’imagerie cardiaque et vasculaire exhaustive.

Aujourd’hui, l’imagerie cardiaque représente plus de la moitié de son activité, une surspécialité qu’il partage avec un autre radiologue au sein de son groupe. Son conseil aux jeunes qui souhaitent se spécialiser : « Il faut bien se former quand on est interne et ne pas négliger l’imagerie cardiaque car cette spécialité est en concurrence directe avec les cardiologues qui parfois réalisent les examens eux-mêmes et sont très exigeants. Il est donc essentiel d’être à la pointe, dans l’excellence, avec une bonne connaissance clinique pour gagner leur confiance et répondre correctement à leurs demandes ». Il précise que selon lui tous les groupes d’imagerie doivent être capables de fournir cette offre de soins. Plus le groupe comptera de radiologues, plus vous aurez la possibilité d’exercer cette surspécialité de plus en plus recherchée avec des demandes émanant maintenant non seulement des cardiologues mais également des pneumologues, endocrinologues… Côté équipements, il est à souligner que les modules cardiologiques doivent être acquis afin d’être ajoutés sur les EML.

En conclusion, le docteur Jérôme Caudron précise que l’imagerie cardiaque est une très belle vitrine pour un groupe d’imagerie, une spécialité d’excellence qui va de plus en plus se développer et qui témoigne du dynamisme des groupes d’imagerie proposant ce type d’examens. Ces derniers sont longs, «  assurez-vous que le groupe dans lequel vous irez exercer accordera du temps pour la réalisation de ces examens, et renseignezvous sur la politique d’investissement et la stratégie », c’est la conclusion du docteur Caudron qui milite pour faire exister l’imagerie cardiaque, en proposant une médecine de qualité.

Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°45

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