Radiologues : photographes de l’invisible ?

Publié le 14 May 2022 à 00:16

L’art et la médecine se rencontrent parfois ; c’est le psychiatre qui anime son atelier d’art-thérapie, le chirurgien esthétique à la recherche de la forme parfaite. Les radiologues ne sont pourtant pas en reste.

Dès leur découverte, les rayons X ont attisé la curiosité et, d’emblée, certaines radiographies n’ont pas été réalisées dans un but médical. C’est notamment le cas de celle de la main de l’impératrice Alexandra Feodorovna à l’hiver 1898.

Il a rapidement été trouvé des applications pratiques des rayons X dans les domaines de la médecine et de la sûreté. Mais certains artistes ont en parallèle amélioré cette technologie, et ont fait naître la radiographie florale. Goby qui a utilisé les rayons X pour la première fois en 1913, soit 17 ans après la découverte des rayons X, mais ce sont les travaux d’Engelbrecht et Dains Staker dans les années 30 qui ont permis l’essor de cette discipline (encadré).

Les nouvelles modalités d’imagerie donnent naissance elles aussi à de nouvelles oeuvres3. C’est ainsi que le Dr Kai-Hung Fung, radiologue hongkongais, utilise un algorithme qui permet de coloriser des projections de différentes coupes scanographiques en fonction de la profondeur des structures4.

Comment réaliser une radiographie florale ?2

  • Préférer un système dédié (faible kV entre 10 et 50 kV, focale de petite taille) et un tube à rayons X avec une fenêtre en béryllium.
  • Ne pas filtrer les rayons mous.
  • Préférer des spécimens de grande taille et denses aux plus petits.
  • Préférer un film aux récepteurs photoéléctriques utilisés avec un temps d’exposition long.

Mieux percevoir

Afin de poser un diagnostic, il est nécessaire à la fois de percevoir et d’interpréter une image pathologique. Cette faculté de percevoir certains détails nécessite une méthodologie spécifique présentant des caractéristiques communes à l’analyse d’une oeuvre d’art. En se basant sur ce constat, quinze nouveaux internes en radiologie de l’université de Yale aux Etats-Unis ont ainsi bénéficié d’une séance de formation en analyse artistique dispensée par les employés du Yale Center for British Art5, 6. Les scores qu’ils ont obtenus, soumis à une série de 15 radiographies présentant certaines anomalies, se sont tous améliorés à la suite de cette formation, passant de 2,3 (DS = 1,4) à 6,3 (DS = 1,8).

Conclusion

Les technologies développées à visée diagnostique peuvent donc être exploitées par certains artistes, radiologues ou non. Améliorer ses capacités de perception isolément de l’exercice de l’interprétation diagnostique pourrait se faire à travers l’analyse d’oeuvres d’arts.

Références

  • www.theromanovfamily.com
  • Floral Radiography: Using X rays to Create Fine Art, Merril C. et al., Radiographics.
  • https://xraypics.wordpress.com/history-of-xray- art-and-artists/
  • Psychedelic Images From Inside Your Body, J. B. Herman, Slate.
  • Studying paintings helps residents spot findings, Nicole Petitt et al. (auntminnie.com).
  • Improving Novice Radiology Trainees, Thomas Rob Goodman, Michael Kelleher, J Am Coll Radiol. 2017 Oct;14(10):1337-1340.
  • Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°31

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