Quel enjeu pour les hospitalo-universitaires dans les 5 ans ? Respecter la mission !

Publié le 31 May 2022 à 17:17


L’incertitude a été le fil rouge de la 17e édition des assises nationales hospitalo universitaires à laquelle, contrairement aux 16 éditions précédentes, le Syndicat des Hospitalo Universitaires n’était pas convié ! Cette incertitude témoigne de la prise de conscience du système complexe dans lequel la santé tente d’évoluer avec des paramètres souvent incontrôlables et une surcharge normative contraignante qui rendent toutes les prévisions au mieux aléatoires, en pratique impossible.

De surcroit, les responsables tutélaires ignorent les HU, acteurs essentiels et fondateurs de ce système : un CHU sans HU n’aurait qu’une existence virtuelle. Il faut a contrario au quotidien prendre les décisions nécessaires au plus près du terrain pour avancer et développer une approche innovante, source de progrès pour l’avenir. L’incertitude n’est pas le chaos, il faut au contraire simplifier, libérer, s’adapter et se recentrer sur la mission qui elle seule donne clairement la direction : enseigner, chercher et soigner !

La formation de tous les professionnels de santé, qu’elle soit initiale ou continue, doit être la priorité. La formation par l’enseignement, la formation par la recherche, la formation par et pour les soins est au cœur de la mission depuis plus de 60 ans. Elle est le gage de la qualité des soins, du recrutement et du renouvellement des acteurs de santé, formateurs, maîtres de conférences, professeurs, en accord avec la démographie et les besoins de la population. Cette question de la formation en santé doit être au centre du débat politique des candidats à la présidentielle, car le prochain président et son gouvernement devront démontrer leur capacité à prendre en compte l’avis de ceux qui assurent le fragile équilibre du fonctionnement hospitalier et universitaire et adapter en permanence notre système aux défis de la santé. Tâche d’autant plus lourde que le mal perdure depuis plus d’une décennie, avec l’abandon de la vision médicale de l’hôpital au profit d’un fonctionnement de type entreprise et l’adoption d’un mode de financement inadapté. La priorité des priorités est de redonner du sens et d’évoluer vers un système à efficience administrative par simplification de la mille-feuille actuel qui empile les strates de pseudo décision et de pseudo responsabilité afin de redonner de la liberté d’action soignante adaptée aux enjeux.

La formation à cette mission ne se conçoit pas sans attractivité. La question est primordiale pour que les jeunes s’engagent dans les métiers de la santé, pour faire renaître des vocations...

La formation à cette mission ne se conçoit pas sans attractivité. La question est primordiale pour que les jeunes s’engagent dans les métiers de la santé, pour faire renaître des vocations et pour que les plus expérimentés retrouvent les moyens et le temps de former les plus jeunes. Un contrat générationnel de confiance est à remettre en place au sein d’une université forte et d’un l’hôpital libéré à l’échelle d’un territoire de santé. Bien avant la crise sanitaire les signaux d’alarme étaient déjà au rouge sans être vus par les autorités politiques et administratives. La crise a révélé l’extrême fragilité du système qui est dorénavant en phase d’apoplexie, après le surin vestissement auquel ont répondu les professionnels de santé. La vacance des postes à pourvoir en est le triste témoin. Le SÉGUR s’est révélé très en deçà des espérances sans redonner du sens à l’hôpital public dans sa gouvernance, quant à la part universitaire elle a été tout simplement ignorée. D’ailleurs, la publication en fin d’année, des textes censés traduire l’écoute et la volonté des tutelles de redonner de l’attractivité au secteur HU, a été reçue comme une gifle doublée d’un mépris à l’égard des HU, titulaires et non titulaires, tant l’abime est flagrant entre les discussions, les promesses et le résultat tel qu’il apparaît au JO. La réforme des retraites a été repoussée sine die. C’est une préoccupation forte des hospitalo-universitaires de voir évoluer leur pension en intégrant la part hospitalière, afin de corriger un anachronisme, inaudible pour les nouvelles générations. La liste des préoccupations des HU est longue, mais il en est une qui surclasse les autres en l’espèce, de retrouver des moyens en femmes et en hommes permettant enfin d’encadrer sereinement la formation au sein d’une université, d’un hôpital, d’un territoire dans l’intérêt de la Santé Publique et plus simplement de la santé du public dans tous ses aspects. Enseigner, Chercher, Soigner, n’est pas un slogan, mais une mission indissociable, réalité du prochain quinquennat.


Pr Guillaume CAPTIER
Président du Syndicat des
Hospitalo-Universitaires

Article paru dans la revue « Intersyndicat National Des Praticiens D’exercice Hospitalier Et Hospitalo-Universitaire.» / INPH n°24

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