Quand l’Ordre des médecins soutient les médecins maltraitants !

Publié le 31 Oct 2022 à 11:22

S’il existe sur Terre des coins où il fait bon vivre, il en est d’autres, parfois les mêmes, où il ne fait pas bon mourir. En France par exemple… Dans ce beau pays, les trois-quarts des mourants n’ont pas accès aux soins palliatifs et souffrent le martyre avant d’exhaler leur dernier soupir. Cette fois pas question d’incriminer les déserts médicaux, ni l’état déplorable de notre système de santé. Cette « autre » maltraitance, très répandue en ehpad, n’est pas institutionnelle ou liée au racket financier de certains groupes privés, comme celle que dénoncent régulièrement les médias. Elle est le fait de médecins, beaucoup plus nombreux qu’on ne l’imagine, qui refusent l’accompagnement terminal à leurs patients en fin de vie en considérant qu’il s’agit d’une forme déguisée d’euthanasie à laquelle ils sont fondamentalement opposés pour des prétextes idéologiques.

Cette clause de conscience, qui correspond au droit de retrait des fonctionnaires, reste parfaitement légale tant que le médecin demande à un confrère d’assurer à sa place l’accompagnement terminal de son patient. Par contre, on entre dans le domaine de l’horreur la plus sordide lorsque des mourants, en l’absence de cette prise en charge ultime, subissent un véritable calvaire de fin de vie. Et on sombre dans l’outrance absolue lorsque l’Ordre des médecins cautionne honteusement de tels agissements, allant jusqu’à punir sévèrement celles et ceux qui les dénoncent.

Dans son dernier livre intitulé Médecins maltraitants et protégés, le Dr Jean-Charles GIMBERT raconte comment l’Ordre l’a radié pour « manque de confraternité » parce qu’il avait simplement signalé à l’ARS de Franche-Comté le véritable calvaire vécu par Jeannine pendant cinq longues semaines dans un EHPAD de la région. Des doses homéopathiques de morphine ; aucune sédation de son angoisse de la mort ; interdiction faite au service d’hospitalisation à domicile de venir à son chevet ; des escarres colonisées par les insectes nécrophages. Rien ne lui a été épargné par les deux médecins chargés de son suivi. Des médecins maltraitants mais protégés par leur statut de membres titulaires de l’Ordre. C’est-à-dire intouchables…

Dr JC IMBERT

Article paru dans la revue “Le Bulletin des Jeunes Médecins Généralistes” / SNJMG N°34

 

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