Présidentielles la santé au programme

Publié le 11 May 2022 à 13:51


La Santé publique en ligne de mire

La Santé publique est la première servie par le ministère de la Santé : une vaccination tout azimut avec 11 vaccins obligatoires au lieu de 3 (le DTP) dès 2018 et le paquet de tabac à 10 euros. Macron avait d’ailleurs parlé d’une génération « sans tabac » pendant sa campagne, Agnès Buzyn, elle, avait anticipé le sujet de l’obligation vaccinale dès sa prise de pouvoir. Au-delà de ces deux mesures grand public, le gouvernement veut raraper le retard français en prophylaxie. En 2014, l’OCDE chiffrait à 2 % les dépenses de santé de la France dédiées à la prévention, contre 3 % pour le reste de l’Europe. Pour développer la prévention sans dépenser un euro de plus (c’est lui qui le dit) : une « force de frappe » de 40 000 étudiants en médecine, pharmacie, dentaire ou infirmiers ira prêcher la bonne parole lors d’un stage de trois mois. « Ils ne feront pas d’actes de soins mais ils iront, dans les écoles, sensibiliser sur le tabac, pouvait-on lire dans le programme de Macron. Ils iront, dans certaines écoles défavorisées, dans les EHPAD, les maisons de retraite, prévenir la mauvaise audition, certains risques liés à des maladies dentaires (…) C’est un décloisonnement, c’est une révolution culturelle que nous devons conduire ». C’est le service sanitaire, projet repris solennellement par le Premier ministre lors de son discours devant les députés. L’ISNI approuve sur le principe mais aend de voir les conditions d’application, de formation des étudiants et de rémunération.

Le CESP détourné
Contre les déserts médicaux, le gouvernement mise tout sur le doublement des maisons de santé pluridisciplinaires pour aeindre 2 000 MSP d’ici cinq ans. Faudra-t-il encore les remplir de médecins… Il y a pourtant un dispositif financier qui encourage les internes : le contrat d’engagement de service public (CESP). Ce dernier prévoit une allocation mensuelle pour les étudiants en médecine s’engageant à s’installer dans un désert médical à la fin de leurs études. Un dispositif trop peu connu par certains et détourné par d’autres pour contourner le classement ECN et avoir accès à une spécialité qu’ils n’auraient pas forcément eue. L’ISNI demande un financement du CESP lié au projet professionnel et non pas au poste. En espérant être entendu avant la fin du quinquennat…    

Pour un monde « parfait »
Entre les deux tours des présidentielles, l’Isni a bûché sur un livre blanc détaillant 32 propositions pour améliorer le statut d’interne, sa santé, son évolution professionnelle et, plus largement, pour optimiser le système de soin actuel. 32 propositions qui s’articulent autour de 4 thèmes : démographie médicale ; inégalités sociales d’accès aux soins ; sécurité et qualité des soins ; prévention et santé publique.

PORTRAIT EXPRESS
Elle s’était proclamée, dès juin 2016, de sensibilité « sociale-démocrate ». À 54 ans, l’hématologue Agnès Buzyn est passée de la direction de la HAS à celle de la santé de tous les Français. La nouvelle ministre de la rue Duquesne vient d’une famille de médecins : un père chirurgien orthopédiste, un oncle chirurgien, et un autre anesthésiste-réanimateur. Elle raconte que dès l’âge de 14 ans, son père l’emmenait au bloc où elle faisait parfois office d’aide opératoire… Elle fait son internat à Necker, avant un poste de chef de clinique et de praticien hospitalier. Elle est décrite comme une femme calme, discrète mais déterminée. Elle passe par la présidence de l’IRSN en 2008, puis à la direction de l’INCa en 2011 avant la HAS en mars 2016.

Et pour mieux comprendre le personnage, cee citation tirée d’une interview donnée en 2016 au otidien du médecin : « C’est très facile de critiquer les médecins. and j’entends dire qu’on a du mal à les faire rentrer dans le rang, je dis que ça n’est sans doute pas faux, mais je connais l’exercice médical, qui est un art difficile. Il est bien sûr normal de leur proposer des prises en charge un peu normées, parce qu’il faut bien s’engager dans la pertinence des soins. Mais je ne les stigmatiserai jamais parce que leur exercice quotidien est très difficile. »

Les médecins et hospitaliers à son cabinet :

  • Directeur adjoint chargé de la santé : Yann Bubien, ex directeur du CHU d’Angers.
  • Conseiller spécial : Lionel Collet, psychiatre et ORL.
  • Conseiller chargé de la sécurité sanitaire : Jacques Olivier Dauberton, médecin généraliste (35 ans) ancien président du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants.
  • Conseiller : Nicolas Labrune, biologiste et biochimiste.

« PRIVILÉGIER LA PRÉVENTION ET L’INNOVATION »
Jérôme Salomon, professeur de maladies infectieuses à Garches, fut conseiller spécial de Macron sur la santé pendant la campagne présidentielle. Déjà conseiller sous Kouchner, il aime confronter le terrain à la politique.

H.- Quand et comment avez-vous intégré l’équipe de campagne présidentielle En marche ?
Jérôme Salomon. - Dès le mois de mai 2016, au moment où se construisaient le mouvement, les référents territoriaux et thématiques, où s’élaborait la réflexion sur la politique de santé et la santé publique. Des groupes de travail s’étaient formés pour aller au-devant de la population et recueillir les avis et idées lors de la grande marche. Les Français qui témoignaient étaient globalement satisfaits de leur santé mais inquiets face au coût des soins et à la dégradation de la qualité dans l’avenir.

H.- Quel était votre fil rouge en tant que conseiller ?
J.S.- Il y en avait deux : la prévention et l’innovation. La prévention fut au coeur de la campagne du Président. Il faut lui donner une place centrale dans un système de soin français essentiellement tourné vers le curatif. Pourtant, nous savons faire de la prévention pour le VIH ou la toxicomanie IV par exemple. Mais il faut l’étendre à tous les domaines ! quant à l’innovation comme l’e-santé, l’open data ou la télémédecine, c’est un formidable levier de lue contre les inégalités. ant à la problématique de tarification des actes de télémédecine par l’Assurance maladie, je pense qu’elle va rapidement avancer car l’impact sera positif.

H.- Quelles ont été vos propositions sur l’internat ?
J.S.- D’améliorer l’arait pour la prévention et l’exercice collectif. Nous connaissons les conditions de travail difficiles des internes mais ce qui m’a frappé ce n’est pas tant leur surcharge de travail que leur dévalorisation et la perte de sens. C’est un phénomène nouveau autant à l’hôpital qu’en médecine de ville.

H.- Vous évoquez l’exercice en collectif, comment améliorer son attrait ?
J.S.- Je me suis rendu dans plusieurs maisons de santé pluridisciplinaires où l’exercice collectif est plébiscité. Mais ils manquent souvent de moyens. Il faut les soutenir de deux manières : financièrement et en leur facilitant l’accès à la technologie

H.- Et vos propositions pour l’hôpital ?
J.S.- Il faut tenir sur la logique budgétaire du Président avec de nouveaux modes de financement sur les parcours de soins. Les professionnels de santé hospitaliers y sont plutôt favorables. Mais là aussi, j’ai été surpris par le fossé générationnel. Les doyens, chefs de service et les syndicalistes sont souvent réticents, voire opposés aux réformes alors que les jeunes médecins et les internes ont un discours bien plus pragmatique .

Un interne en campagne
Interne en Santé publique, François Krabansky s’est senti pousser des ailes quand il a intégré, début 2017, les groupes de travail santé pré-présidentielles dans l’équipe de Macron. Son rôle ? « Apporter nos pratiques et nos compétences pour voir comment mere en place concrètement le programme santé. » Il intervient auprès des syndicats de médecins, de groupes pharmaceutiques pour « promouvoir » la santé made in Macron « Au début, j’ai senti beaucoup de réticences, les gens étaient méfiants car cela fait des années que les relations entre les professionnels de santé et les autorités sont tendues ». Il casse la glace en prônant la concertation des professionnels dans l’établissement des futures politiques de santé, la fin des solutions dogmatiques, plus d’autonomies pour les acteurs et un investissement dans l’innovation.

Au sein du groupe, d’autres internes le rejoignent ainsi que des professionnels du monde médical ou paramédical. « Nous n’avions pas tous les mêmes points de vue mais c’était un mouvement très collaboratif et nous avions une liberté de parole », se rappelle-t-il.

Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°17

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