Portraits des jeunes pousses de la gynéco

Publié le 17 May 2022 à 23:29

Alexane Tournier, vice-présidente de l’AGOF, et Frédéric Glicenstein, secrétaire général, sont deux jeunes gynécologues inspirants, de parts leurs côtés atypiques et engagés, mais aussi par leur implication. Dans la médecine… et autres ! Je les ai interviewés pour vous les présenter, et partager de manière plus globale, notamment aux externes, des témoignages généraux sur notre belle spécialité. En espérant qu’ils vous inspirent, bien sûr. Et, qui sait ? Que vous nous rejoigniez ! L’AGOF s’épuise, sans nouvelles forces vives régulières. Pourtant, ses rôles et projets sont primordiaux. Laissez-nous vous raconter…

Quand je demande à Frédéric et Alexane pourquoi ils ont choisi la Gynécologie Obstétrique, leurs réponses me font écho.
Frédéric : L’idée m’est venue en 2e semestre d’externat lors d’un stage en chirurgie digestive. Il m’est apparu qu’une spécialité médicochirurgicale me plairait bien plus dans le mode d’exercice car j’aime aussi la réflexion « médicale ». Lors de mon premier semestre en chirurgie pédiatrique j’ai été marqué par ces jeunes enfants atteints de malformations très sévères, liés à divers syndromes. Les parents étaient pour certains déchirés par cette situation, et parfois maltraitants pour l’enfant, tant leurs propres vies étaient impactées. L’attrait pour l’échographie fœtale et le diagnostic prénatal m’a fait choisir la gynécologie obstétrique parmi les spécialités médico-chirurgicales

Alexane : Dès le lycée j’avais une petite vue sur la gynéco obstétrique. Je trouvais ça « cool » de travailler autour de la naissance. C’est vraiment pendant l’externat ayant gouté à la partie chirurgicale que j’ai été franchement convaincue. J’avoue que la chirurgie viscérale m’a très rapidement traversé l’esprit. Mais c’est la diversité de la GO qui m’a franchement séduite : Être présent dans les meilleurs moments comme l’accouchement mais aussi les pires comme la découverte d’un cancer. Je sais que jamais je ne pourrais m’ennuyer !

Les points positifs et négatifs de la spécialité et de l’internat ?
Points positifs :
Frédéric :
Il s’agit de la seule spécialité ou l’on est à la fois le médecin, le radiologue et le chirurgien de la patiente. La relation médecinmalade me parait unique en ce sens.

Les pathologies sont pour la majorité fréquentes : il est possible de s’installer quasiment partout. Et de changer de mode d’exercice plutôt simplement.

Nous suivons aussi des femmes en bonne santé, tout au long de leur vie. Ce qui est impensable en chirurgie, ou en radiologie. Ou même dans des spécialités médico-chirurgicales comme l’ORL par exemple.

L’internat est très varié. La plupart des chirurgiens gynécologues ont la grande intelligence de faire pratiquer leurs internes : L’interne opère et cela en fait un bien meilleur chirurgien !

Alexane : J’aime la patientèle relativement jeune de la GO, qui attend souvent beaucoup de nos consultations. On peut agir assez tôt dans la vie de la femme en passant par la prévention. On a un impact sur l’un des moments les plus important de leur vie, l’accouchement qui peut être de par nature relativement violent. Et c’est à nous de gérer et d’adoucir ce moment en s’adaptant à chaque situation. La chirurgie est également très variée en termes d’organes, de pathologies et donc d’indication mais également de techniques à savoir l’endoscopie, la cœlioscopie, la chirurgie ouverte par voie haute ou basse mais également la reconstruction.

Points négatifs :
Frédéric :
Je dirais que les points négatifs se concentrent lors de l’internat et du post-internat. Par la suite, la multitude de choix de mode d’exercice amène à mon sens une solution pour exercer de la façon qui nous correspond.

Le principal point négatif est l’organisation des gardes en maternités : il n’est pas rare que le chef de garde (avec son interne) soient seuls à gérer plusieurs évènements urgents au même moment. Il existe bien sûr des astreintes le plus souvent avec les contraintes que cela peut ajouter.

L’entente au sein des équipes médicales et paramédicales est parfois difficile. Il s’agit de grandes équipes, qui malheureusement pour la plupart ne tiennent pas tellement compte de la somme de travail des internes, ou de l’équipe médicale.

Parfois l’inverse est vrai aussi, mais au lieu de s’entraider, il n’est pas rare que la situation soit gelée. L’interne, malgré sa position de stagiaire, est bien souvent en porte à faux.

Il ne peut que se résigner et faire du mieux possible, lors de son passage de 6 mois dans ce stage où sa présence est essentielle au fonctionnement du service.

Par ailleurs seulement 30 % des internes toute spécialité restent travailler à l’hôpital à la suite de leur post-internat (source ISNI). C’est particulièrement vrai en gynécologie obstétrique. La formation actuelle est à l’inverse très standardisée et centrée sur l’hôpital notamment sur la salle de naissance.

Alexane : Si je dois choisir un point négatif, ce serait le coté médico-légal assez présent autour notamment de la grossesse et de la chirurgie, même si en France nous sommes globalement bien protégés en tant que médecin.

Pourquoi avoir rejoint l’AGOF ?
Alexane : Honnêtement, c’était un peu par hasard. J’ai une fâcheuse tendance à dire oui et Océane, tu m’as proposé de venir à une Assemblée Générale sur Paris puis à un congrès international en lien avec l’AGOF. Ça m’a bien plu.

Puis petit à petit -- un projet par ci un projet par là -- je me suis laissée embarquer dans l’aventure AGOF.

Frédéric : J’ai la chance de faire de la musique au sein d’associations, ce qui continue encore et toujours de m’apporter de l’air et de la joie dans des études de médecine pas toujours simples. Ce milieu associatif m’a toujours plu. L’AGOF permet aux jeunes gynécologues obstétriciens de se représenter et de s’affirmer tant sur notre formation que sur nos valeurs à transmettre. L’apprentissage de notre spécialité étant vraiment intense, être à l’AGOF permet probablement de ne pas complètement le subir. C’est à nous de demander ce que l’on souhaite !

Vos plus grandes réussites, fiertés via l’AGOF ?
Alexane : Ma plus grande fierté est sans aucun doute l’organisation de l’atelier de simulation Infogyn 2021. Ce n’était déjà pas tâche facile car il s’agissait d’une « première » mais en plus le Covid est venu mettre son nez là-dedans. Il a fallu tout réorganiser et se réinventer dans les jours précédents le congrès. Mais, cela a valu le coup et voir la satisfaction des internes était la meilleure des récompenses.

Sinon, un beau souvenir de l’AGOF, facilement accessible dans ma bibliothèque, c’est mon premier Cordon Rouge en tant que « rédactrice en chef ». Il m’arrive de le feuilleter à mes heures perdues et de relire « l’histoire du clitoris ».

Frédéric : Ma plus grande fierté c’est tous les nouveaux supports que l’on propose gratuitement aux internes / chefs (applications mobiles avec outils de révision, vidéos, tutoriels en réalité virtuelle, et bientôt podcasts).

Plusieurs souvenirs : Lorsque nous avons présenté notre module gratuit pour partager et réviser les recommandations sur smartphone lors d’un conseil d’administration du CNGOF un professeur très renommé nous a demandé, le plus naturellement qu’il soit, des codes pour lui aussi afin qu’il puisse réviser.

La possibilité de rencontrer des internes de toute la France à Infogyn. La création du module de flashcards sur Agorabox. La validation de financements après des mois d’efforts.

L’AGOF vous a-t-elle apporté quelque chose et si oui, quoi par exemple ?
Alexane : Bien sûr. En plus d’un accès évident à certains congrès ou formations, ce que m’a vraiment apporté l’AGOF c’est cette ouverture sur les différentes pratiques au niveau national mais aussi internationale (via l’ENTOG, l’association des internes de GO en Europe). Sortir de ma bulle Lilloise et discuter avec des internes bordelais, nantais, parisiens, voire londoniens ! Mais aussi découvrir les mondes attenants à la médecine et l’hôpital via les différents projets de l’AGOF, c’est-à-dire les start ups et ingénieurs, les organisateurs de congrès, les associations libérales, etc.

Et surtout ce que j’ai appris et qui m’a impressionné au sein de l’AGOF, c’est qu’avec seulement quelques internes et le nom d’une association, on peut prétendre à de grands projet tels que ceux de réalité virtuelle sur lesquels nous travaillons actuellement. Il suffit parfois juste de quelques idées et d’un peu de culot !

Frédéric : L’AGOF m’a apporté encore et toujours beaucoup de soutien pour proposer des projets et des idées. Il n’y a pas le frein de la hiérarchie universitaire et de l’absence de considération de l’interne que nous subissons souvent en stage (parfois involontairement, par manque de temps d’ailleurs). Cela permet aux plus jeunes d’être acteurs sur leur formation et pour la suite de leur métier.

C’est loin d’être le cas pour la plupart des masters 2 ou sur la formation en stage.

Et sinon pour terminer, comment voyez-vous la suite de vos carrières ?
Frédéric : Je m’imagine travaillant dans une association de médecins en ville (de spécialités différentes possiblement). Les locaux seraient en face d’une clinique. J’y pratiquerais de l’échographie, de la consultation, puis de la petite chirurgie (pas de cancérologie).

Un jour par semaine je travaillerais avec des ingénieurs et informaticiens sur la création d’outils pour aider les médecins / chirurgiens et/ou les patients.

Je ne m’imagine pas travailler à plein temps. Les activités annexes comptent beaucoup à mon sens : c’est une richesse d’esprit ! Un de mes rêves serait de diriger un orchestre de jeunes dans une école de musique pour leur transmettre cette passion.

Alexane : Alors je suis assez ouverte sur ce qu’il peut m’arriver pour la suite. Il y aura toujours de beaux projets à construire quel que soit le lieux où je travaillerai. J’adore la transmission de connaissance donc idéalement j’aimerais travailler avec des étudiants. L’idée est de donner le meilleur de soi et de voir quelles portes s’ouvriront.

Alexane Tournier
Vice-présidente de l’AGOF
Frédéric Glicenstein
Secrétaire général
Océane PÉCHEUX
Présidente de l’AGOF
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°21

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