Dépolitisation et gestionnarisation de la prévention des risques professionnels
Le livre de Blandine Barlet sur son étude de la situation dans les services de santé au travail.
A partir d’une enquête de terrain menée auprès des acteurs de la prévention, cet ouvrage analyse l’évolution du système de médecine du travail vers un système de santé au travail. La pluridisciplinarité, telle qu’elle est pensée et mise en place dans les services de santé au travail, est emblématique de cette transition. Elle se présente à la fois comme un aménagement original de rapports de pouvoir entre différents groupes, et comme un dispositif managérial qui floute les enjeux politiques de la mission de prévention.
Les reconfigurations du personnel des services occasionnent des conflits entre les acteurs « historiques », les médecins du travail, et les acteurs nouvellement introduits. Des lignes de fracture s’expriment également au sein d’une même profession : les médecins du travail, en particulier, se positionnent différemment vis-à-vis d’une injonction à transformer leur manière de travailler et à s’impliquer dans de nouvelles collaborations.
Ces tensions interrogent la place et le rôle de chacun, mais aussi et surtout la visée ultime du système de prévention. Or, les réformes successives ont pour point commun de se focaliser principalement sur les outils, la méthode, sur le « comment », plutôt que sur le « pourquoi » de la prévention. Les gains d’efficacité recherchés touchent finalement davantage à la sécurisation juridique des employeurs et à leur assistance dans leur responsabilité de gestion des risques qu’à la protection de la santé des salariés vis-à-vis des atteintes dues à leur travail.
Cet ouvrage vise à réintroduire les tensions identifiées sur le terrain dans le regard porté sur le système de prévention, à contre-courant de l’approche technique aseptisée que portent les politiques de santé au travail actuelles.
CE N’EST PAS AUX CADRES FRANÇAIS DE PAYER L’INCURIE DE L’ÉTAT !
Nous ne le répèterons jamais assez, avant la fiscalisation des contributions salariale au régime d’assurance chômage, le régime était, sur sa partie assurantielle, à l’équilibre.
Les causes du déficit sont les dépenses imposées par l’État, au nombre desquelles l’indemnisation des travailleurs frontaliers.
Le problème est le suivant : le versement d’allocation par Pôle emploi à des chômeurs résidant en France, mais ayant travaillé dans un pays frontalier. Ces travailleurs ont acquitté leurs cotisations dans le pays d’emploi, ils doivent être indemnisés par celui-ci.
Pour la simple année 2017, l’indemnisation de ces chômeurs a coûté au régime français plus de 700M d’euros ! (Plus de 3Mds en cumulé depuis 2013).
La refonte du règlement européen CE n°883/2004, qui est en discussion depuis 2016, avait notamment pour objectif de ne plus faire porter au pays de résidence, l’indemnisation chômage du travailleur frontalier, mais au pays d’emploi.
Malheureusement, la Suisse, dont l’indemnisation des anciens travailleurs représente 680 millions d’euros, n’est pas concernée par cette modification, et le Luxembourg (120M millions d’euros), négocie une application différée du nouveau règlement (jusqu’en 2026) !
Ces deux pays représentent plus de 87 % des dépenses d’allocations aux travailleurs frontaliers !
Plutôt que de réformer l’assurance chômage jugée trop généreuse, notamment envers les cadres, en baissant les droits des demandeurs d’emploi, nous demandons au Gouvernement :
- De rembourser au régime ces dépenses qui ne sont pas du fait des partenaires sociaux, mais uniquement de l’État.
- De prendre ses responsabilités et de négocier, comme le règlement le permet, des conditions de remboursement plus justes.
Pour la CFE CGC il est impensable et irresponsable de faire payer les cadres français en lieu et place de la Suisse ou du Luxembourg.
Article paru dans la revue « Syndical Général des Médecins et des Professionnels des Services de Santé au Travail » / CFE CGC n°59