Un sujet à approfondir et réfléchir
La profession de masseur-kinésithérapeute est née en 1946, dans un contexte de nécessité de rééducation et de prise en charge à la suite des 2 guerres mondiales, passant par le regroupement deux professions existantes : les masseurs médicaux et les gymnastes médicaux (1).
Son nom « Masso-Kinésithérapie » est le résultat d’un compromis entre les masseurs et les médecins, et se base sur la pratique la plus rependue à cette époque : le massage (2). Ce nom est resté inchangé depuis la création de la profession ; il n’est pourtant pas celui le plus utilisé à l’international.
Naissance d'une réflexion
Dans l’édito de février 2008 de Kinésithérapie La Revue, Pierre TRUDELLE se demandait s’il fallait changer le nom de notre profession (3). Cela avait amené à de nombreuses réactions publiées dans cette même revue quelques mois plus tard (4). Plus de 10 ans après ces débats, aucun changement n’a eu lieu et le nom de notre profession est toujours « masso-kinésithérapie ».
Masseurs ?
Cependant, bien que la dénomination officielle de notre profession soit toujours Masseur-Kinésithérapeute, peu de personnes utilisent le nom complet… les patients viennent chez le « kiné », la plupart du temps, des fois même chez le « kinési », bien que cette appellation ne soit plus trop utilisée (2) suite aux différentes abréviations qui se sont succédées ! Mais beaucoup d’entre eux y viennent pour… « Se faire masser » Beaucoup de patients pensant que les kinés ne font que des massages… Beaucoup d’entre nous ont vécu cette situation dans laquelle un patient qui vient pour se faire soigner ne comprend pas que l’on ne le masse pas « Alors qu’un kiné ça fait des massages c’est bien connu ! » Pourtant le massage n’a plus la place centrale qu’il avait au sein de notre profession, bien qu’il en soit en grande part à l’origine, il n’est maintenant qu’une technique comme une autre dans notre arsenalthérapeutique. L’évolution de la kinésithérapie en tant que science s’est développée et de nombreuses techniques autres que celle-ci rythment maintenant la pratique qu’en ont les professionnels. Le massage n’est pas non plus au centre de la définition de la masso-kinésithérapie au sens de sa définition par l’article L 4321-1 du code de la santé publique. Il n’y apparait même pas en tant que technique, lesquelles sont décrites comme : « moyens manuels, instrumentaux et éducatifs » (5). Le massage apparait donc maintenant comme une technique comme une autre au sein d’un large panel à la disposition des kinésithérapeutes.
A l'international
Comme nous l’avons cité dans notre introduction, la dénomination « masso-kinésithérapie » n’est que très peu utilisé à l’international, les professionnels des autres pays étant le plus souvent appelés « physiothérapeutes », comme c’est le cas au Québec. D’autres dénominations existent aussi comme « Physical Therapy » aux USA. En France la « physiothérapie » n’est pas considérée comme la science qu’elle est à l’internationale. Elle est, dans notre pays, considérée comme un ensemble de traitements basés sur des agents physiques (eau, boue, chaleur…) (6) alors qu’au Québec, par exemple, elle comprend en plus les thérapies manuelles et les exercices physiques (7).
Mais maintenant que faut-il alors faire ?
Plusieurs solutions s’offrent à nous : - Tout d’abord ne rien faire, laisser le massage dans le nom de notre profession, comme un emblème de son l’histoire : rester des masseurs-kinésithérapeutes - Enlever le terme « masso », qui ne semble plus représenter la pratique actuelle des professionnels : devenir des kinésithérapeutes. - Changer totalement l’intitulé de notre profession et se rapprocher de la dénomination internationale : évoluer en physiothérapeutes.
Pour conclure sur cette question qui anime de nombreux débats depuis plusieurs années maintenant ; comme nous l’avons vu, il n’est pas possible de donner une réponse directe au vue de la complexité du problème. Mais nous pouvons tous nous interroger sur ce qui nous semble le plus pertinent et ce que nous aimerions voir mis en place !
"Cet article n’a pas vocation à donner une réponse à toutes les questions que nous nous posons mais uniquement à éveiller chez vous une réflexion"
Léo Langlais
Orléans, MKDE
Bibliographie
Article paru dans la revue “Le Journal des Étudiants Kinés” / BDK n°51