Mais c’est quoi un « médecin scolaire » ?

Publié le 06 May 2022 à 14:01

 

Vos grands-parents et parents vous répondront : « Ah oui je me rappelle, le jour de la visite médicale, on devait venir à l’école avec un flacon d’urine, on faisait tous la queue en petite culotte et une dame en blouse blanche à l’air un peu revêche nous pesait, mesurait, vaccinait et regardait si on voyait bien tous les ans. ». Les grands-pères et pères se souviendront de leur terreur lorsqu’elle vérifiait si les « boules » étaient bien en place !

 Les enseignants de l’école maternelle au lycée, diront :
« Il y a visite médicale pour la classe aujourd’hui mais ça ne tombe pas bien, ça va déranger mon cours. ». Mais aussi : « J’ai demandé au médecin scolaire de venir pour un élève mais il ne peut pas tout de suite, il a trop de travail. ». Et « Le médecin scolaire nous a fait une formation sur les troubles d’apprentissage, ou l’adolescent ou les rythmes de l’enfant. ». « Il est venu avec d’autres pour écouter les élèves quand il y a eu un évènement grave dans l’établissement. »

Un enfant en grande section de maternelle
(5-6 ans) vous racontera la visite « musicale » où on fait pleins de jeux rigolos pour voir si tout va bien avant d’aller au CP : « Avec l’infirmière ils ont regardé si je voyais et si j’entendais bien, on m’a pesé et mesuré, j’ai raconté des images, j’ai compté, j’ai sauté à clochepied et après il a fait comme mon docteur, il a écouté mon coeur ! ».

 L’enfant plus grand vous dira que le médecin est venu à l’école pour voir pourquoi il n’arrivait pas ou n’aimait pas apprendre : « On a fait pleins de tests et il écrivait des choses pendant ce temps », « Il a dit à mes parents que ce serait bien d’aller voir le médecin des yeux, des oreilles, l’orthophoniste qui va m’aider à apprendre à lire, le psychologue pour parler, le psychomotricien qui va me montrer les gestes que je n’arrive pas à faire, l’ergothérapeute pour apprendre à bien me servir d’un ordinateur. », « Il a regardé les bleus que j’avais et m’a dit que c’était interdit de me frapper et qu’il allait m’aider. », « Je lui ai parlé de choses que j’aime pas que des grands me fassent. » « Comme j’étais d’accord, il est venu expliquer dans la classe pourquoi je n’étais pas comme tout le monde »

L’adolescent se rappellera que c’est celui qui lui a expliqué que : « Avec mon allergie à la farine, valait mieux faire autre chose que boulanger. », « Daltonien, je pourrai pas être pilote de ligne. ».

Ou qui l’a rencontré avec l’infirmière parce que :
« je me trouvais trop grosse. », « Je fumais des pétards. », « J’avais avalé des cachets. ». Ou qui lui a dit que son problème de santé ou son handicap lui donnait droit à des aménagements pour passer ses examens : « Du temps en plus. », « Un secrétaire ou un ordinateur. ». Ou « Il est venu dans la classe avec l’infirmière pour nous parler de la drogue, de la sexualité, de l’alimentation. »

 Pour les parents, c’est celui qui a écrit le protocole pour que : « Mon enfant asthmatique, diabétique, épileptique, etc. puisse prendre des médicaments à l’école en cas d’urgence. »

« Mon enfant dyslexique qu’il a dépisté, ait du temps en plus pour les contrôles, des photocopies des cours, etc. » Ou celui qui « Nous a rencontrés pour nous proposer des aides pour ne plus taper notre enfant, l’accompagner dans ses difficultés scolaires ou de comportement, nous expliquer que notre enfant était juste un adolescent normal, nous a conseillés pour son orientation. »

 Les confrères médecins :
« Je ne sais pas trop ce qu’ils font, ils ne sont pas beaucoup, ils ont les vacances scolaires, il a fait le bilan de 6 ans je n’ai pas besoin de le faire »

 Et que diront les médecins de l’Education nationale ?
« Ce sont des médecins, oui mais, recrutés à l’Education nationale par voie de concours ou détachement, ou encore contractuels. »

Médecin fonctionnaire de l’Etat , leur statut est régi par le Décret n°91-1195 du 27 novembre 1991 actualisé en 2008. Leurs missions sont définies par les circulaires n° 2001-012 et n° 2001- 013 du 12-1-2001 du « Bulletin Officiel » spécial n°1 du 25/01/2001 de l’Education nationale.

La mission des médecins de l’éducation nationale s’inscrit dans la politique de promotion de la santé en faveur des élèves et plus largement dans la politique nationale de « Santé Publique ». L’école est en effet le seul lieu qui permette d’évaluer l’état de santé de l’ensemble de la population des élèves tout au long de leur scolarité.

Leur rôle est de contribuer à la réussite du projet personnel et professionnel de chaque élève en veillant à son bien-être physique, mental et social.

Ils exercent une action de prévention qui s’inscrit dans la continuité, du repérage au suivi des élèves en passant par le diagnostic, l’évaluation et l’orientation vers des prises en charge adaptées. Ils interviennent :

- Auprès de tous les élèves de certaines classes d’âge (bilans de 6 ans, bilans d’orientation professionnelle, visites de dérogations aux travaux interdits pour les mineurs en lycée professionnel) ;
- Auprès d’élèves à besoins spécifiques, signalés par les membres de l’équipe éducative, les infirmiers et assistants sociaux, les parents ou les élèves euxmêmes : difficultés scolaires, troubles du comportement, souffrance psychique, handicap, troubles de santé, etc. ;
- En urgence dans le cadre de la protection de l’enfance ou en cas de maladies transmissibles survenues en milieu scolaire ou par la mise en place de dispositifs d’écoute en cas d’événements graves touchant la communauté scolaire ;
- Lors d’actions d’éducation à la santé, individuelles et collectives ;
- Auprès de l’ensemble des personnels de la communauté éducative en tant que conseillers techniques sur des situations particulières ou par des actions de formation sur des sujets relevant de leur domaine : troubles des apprentissages, développement normal et pathologique de l’enfant et de l’adolescent, handicap, etc. ;
- En participant aux enquêtes épidémiologiques et à la veille sanitaire ;
- En assurant un lien entre le système éducatif et le système de prévention et de soins, tout en restant garants du respect du secret médical.

Devenir spécialiste de la santé de l’enfant à l’école nécessite donc de posséder de solides compétences dans de nombreux domaines de la santé sans oublier une parfaite connaissance du système scolaire et des institutions partenaires (ARS, MDPH, Conseils Généraux et Régionaux, Hôpitaux, etc.).

Interrogez les médecins de l’Education nationale : ils vous diront qu’ils font un métier riche et passionnant, qui mériterait plus de moyens matériels et humains et devrait être reconnu comme une spécialité à part entière !

Dr Jaya BENOIT,
médecin de l’Education Nationale et fière de l’être

Article paru dans la revue “Association des Juniors en Pédiatrie” / AJP n°04

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