
L’ambition a été clairement affichée par le Gouvernement : ouvrir l’ensemble des dossiers et proposer une refonte ambitieuse du système de santé pour répondre à 5 prérogatives :
Face à ce défi, le bureau de l’ISNI a voulu un diagnostic des dysfonctionnements quotidiens du système de santé actuel. Petit aperçu d’une proposition d’ordonnance pour demain…
Territorialité et démographie
Sortons des propositions démagogiques de coercition, les déserts médicaux sont partout (cf. la carte de l’Île-de-France ou des Pays de la Loire). 25 % des postes de Praticiens hospitaliers ne sont par pourvus !
Or, les besoins réels ne sont actuellement pas connus. Il n’existe pas de carte, ni définition spécialité par spécialité, des besoins en personnel. Il faut commencer par définir les objectifs en fonction de la qualité des soins attendus sur le territoire (par exemples, une maternité de niveau 1 à moins x temps ; ou le délai d’attente normal attendu pour une consultation programmée chez le cardiologue…).
Le cas échéant cela veut dire ouvrir les capacités de formation et y mettre les moyens. Ces critères doivent permettre de se fixer des objectifs à 10 ans de retour à l’équilibre, territoire par territoire, filière de soins par filière de soins.
Il paraît évident que personne n’ira s’installer dans un territoire qu’il ne connait pas dans un exercice pour lequel il n’a pas été formé. En ce sens, les stages chez les praticiens libéraux ou dans le privé doivent être généralisés à l’ensemble des spécialités. Les externes en font aussi la demande. Le cas échéant, il faut prévoir des internats ruraux de qualité. Un minimum de formation à la gestion d’un cabinet ne serait pas non plus de trop.
Pertinence et proximité
Les ordonnances Debré qui centralisent la médecine française autour des CHU doivent être revues. Il faut savoir créer des filières de soins territoriales nivelées en niveaux de recours de l’ambulatoire à la médecine de pointe. Cela implique que l’ensemble des praticiens doivent se connaître et travailler ensemble. On ne peut plus continuer à penser la médecine en autarcie dans son service ou son cabinet. Cela implique la création de postes de praticiens territoriaux et de managers médicaux et paramédicaux de filières au-dessus des services. Cette organisation par niveau de compétence doit pouvoir être identifiée par tous via une plateforme nationale numérique.
Enseignement et recherche en santé
Tous les hôpitaux peuvent avoir des prérogatives d’enseignement et de recherche. La distinction CH/CHU n’est, de fait, plus pertinent. Des enseignants libéraux doivent pouvoir émerger dans toutes les spécialités : « Mettre de l’universitaire partout où il y a de la santé. ».
La fonction d’enseignement doit sortir de la triple valence enseignement-recherche-pratique. Elle doit pouvoir se faire en bivalence sur du temps contractualisé et formalisé avec l’université potentiellement sur des contrats à terme. Idem pour le post-internat.
Il faut développer une recherche de la médecine de terrain : recherche en pédagogie médico-paramédicale, recherche en soins extrahospitaliers, formation et recherche autour de la DATA en médecine, formation au management médicale et à la coordination des soins. Ces départements de recherche doivent être ouverts au monde paramédical et à la société.
Corriger le système de financement
« Pour redonner du sens à leur engagement quotidien, les professionnels ont besoin de reconnaissance sociale, que leur travail soit valorisé à sa juste hauteur, et que leur service ait les moyens de soins de qualité sans que ce soit au détriment des soignants. ».
La valeur de la ressource médicale et paramédicale étant le temps donné aux patients, ainsi que le niveau du recours dans un parcours gradué, il serait donc logique que ceux-ci soient l’indicateur principal de facturation. De plus, la consultation de base doit être de 50 euros.
A l’hôpital, une ligne de financement claire est indispensable. Tous les soins de support doivent être valorisés : rééducation, prise en charge sociale, éducation thérapeutique, etc.
Le temps de travail des médecins et universitaires doit être mieux contractualisé. Les internes doivent pouvoir se voir payer leur temps additionnel. De manière générale, la permanence des soins médicale et paramédicale doit être défiscalisée.
Se doter des outils du 21ème siècle
Le message est simple, le Dossier médical n’a que trop trainé. Il n’est pas normal que les libéraux soient les otages de logiciels métiers qui ne se parlent pas entre eux et que les hôpitaux fonctionnent sur des systèmes informatiques en vase clos. A l’heure de la DATA et du mouvement géographique des patients, nous ne pouvons plus travailler de cette façon.
Si nous ne proposons rien alors la démagogie l’emportera.
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Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°20