Pourriez-vous définir en quelques mots votre spécialité d’imagerie ?
En radiologie, l’imagerie cardiaque renvoie essentiellement à la réalisation et à l’interprétation du scanner et de l’IRM cardiaque. Cette sous spécialité radiologique nécessite d’avoir une bonne connaissance de l’anatomie, de la physiologie cardiaque et des différentes cardiopathies, de maitriser les techniques d’acquisition des images en scanner et en IRM cardiaque, et d’apprendre une sémiologiques spécifique. C’est une sous spécialité à la pointe de la technologie et qui évolue rapidement en terme de performance des machines. Les indications du scanner et de l’IRM cardiaque se sont également énormément élargies en quelques années. C’est une branche de la radiologie en plein essort.
Quels sont pour vous les acquis possibles d’un interne réalisant un semestre en imagerie cardio-vasculaire ?
Un semestre en imagerie cardio-vasculaire est l’occasion d’acquérir une base solide en imagerie cardiaque. Il doit permettre de maitriser la réalisation et l’interprétation d’un scanner cardiaque ainsi que ses indications. On peut citer notamment les techniques d’acquisition des images, les protocoles suivant ls indications, le post traitement des coronaires et l’analyse des sténoses coronaire sur des logiciels spécifiques, le calcul du score calcique, l’interprétation des bilan pré implantatoires (TAVI, pré fermeture d’auricule gauche) et l’analyse des valves. En IRM cardiaque, un semestre permettra de se familiariser avec l’analyse de la contraction cardiaque (séquences et sémiologie), l’étude du réhaussement tardif et l’analyse de l’imagerie paramétrique et vélocimétrique, et de connaitre l’apport de l’IRM cardiaque dans les différentes situations cliniques (SCA à coronaires saines, recherche d’ischémie, recherche de cardiopathie infiltrative, …). En terme de recherche, les possibilités sont vastes, notamment si l’on s’intéresse à l’intelligence artificielle, très en vue en cardiologie.
Est-il intéressant pour un interne de Radio de passer 6 mois en cardiologie clinique pour mieux appréhender secondairement l’imagerie CV ?
Comprendre comment raisonnent les cardiologues et quelles sont les réponses qu’ils attendent est important. Un semestre clinique en cardiologie est certes un plus, permettant d’acquérir notamment des notions d’échographie cardiaque, mais cela ne me parait pas indispensable et cela ne doit pas freiner un investissement en imagerie cardiaque. Il est aussi possible de se faire une culture cardiologique solide via les staffs (RCP) et les discussions avec les collègues cliniciens. Cela a été mon cas.
Existe-t-il une activité de radiologie interventionnelle dans votre domaine ?
Moindre que la cardiologie interventionnelle, et donc les cardiologues, qui sont au premier plan avec l’angioplastie coronaires, les valves percutanées et les procédures rythmologiques. La radiologie interventionnelle garde sa place plutôt dans les traitements des vaisseaux périphériques.
L’exercice libérale de cette spécialité est-il possible ?
Tout à fait. Le scanner cardiaque est devenu un outil de premier plan dans l’exploration des coronaires et le nombre de demandes est en forte augmentation. Il est important que les radiologues en libéral, notamment les jeunes qui s’installent, se forment et sachent gérer ces examens qui vont devenir très classiques et fréquents. Grace aux nouvelles machines et aux progrès des logiciels, l’analyse des coronaires est devenue plus fiable et plus rapide, et peut tout à fait s’intégrer dans une activité libérale. L’IRM cardiaque est moins diffusée dans le secteur libéral car la durée d’examen (>30 min) reste un frein. Il est toutefois de développer des protocoles spécifiques qui permettent de répondre efficacement et dans un temps raisonnable à de nombreuses questions que se posent les cardiologues.
Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°39