Les actions solidaires : La récolte des bouchons

Publié le 05 May 2022 à 16:20


 Un petit geste pour beaucoup d’amour 

Mais pourquoi donc récolter des bouchons ?! Telle fut la question de beaucoup de personnes au sein de l’IFMR de Mulhouse, jusqu’à ce que deux jeunes aventurières se lancent à la recherche d’informations concernant cette récolte.

A l’origine, l’association « Les Bouchons d’Amour » récoltaient les bouchons, les traitaient et ceux-ci étaient rachetés par une société de tri. L’argent récolté permettait de financer la fabrication de fauteuils roulants pour les personnes en situation de handicap moteur. Mais après quelques années, il y eu tellement de bouchons récoltés et de fauteuils fabriqués que ceux-ci étaient trop nombreux. Une idée a alors émergé : former un partenariat avec l’association Handi’chiens qui permettrait, grâce au tri des bouchons, de financer l’achat de chiots d’assistances.

Un chiot
= 35 000 000 de bouchons
= 83 tonnes
= 15 000€ récoltés

A deux mois de vie, après leur sevrage, les chiens arrivent en familles d’accueils pour être dressés. Cependant, aucun frais n’est laissé à la charge des familles car tout est pris en charge par l’association (nourriture, soins vétérinaires, jeux, éléments nécessaires au dressage, etc).

Les familles d’accueil de la région de Mulhouse se réunissent tous les 15 jours dans la cour de l’école du petit village d’Aspach pour 2h de stage. Guidés par Cathy, une bénévole handi’chien formée spécialement au dressage des chiens, les familles et leur chien enchaînent les exercices. Les chiens sont éduqués à l’apport d’objet, la tenue et la posture, le passage de porte, … Chaque chien passe avec son maître pour les exercices individuels, puis ils se réunissent tous pour les exercices collectifs. Lors de ces exercices, les maîtres marchent dans la cour et doivent passer les uns à côtés des autres en apprenant à leur chien à ne réagir à aucun stimulus extérieur. En effet, lorsqu’il sera chien d’assistance, il faudra qu’il reste de marbre auprès de son maître sinon la personne en situation de handicap, imaginons qu’elle soit aveugle, pourrait s’effrayer et mal interpréter la réaction de son chien qui s’agite.

En fin de séance, les familles débriefent pour débattre de la séance et comment se passe l’éducation du chien.

Chaque chien reste entre 18 et 24 mois dans une famille. Puis, il intègre un institut spécifique de dressage pour 6 mois où de vrais dresseurs canins vont approfondir leurs apprentissages pour qu’ils soient opérationnels avec des personnes en situation de handicap.

On entend communément que ces chiens sont « guides d’aveugle » ; mais pas seulement ! Ces chiens sont appelés chiens d’assistance car ils peuvent intervenir auprès de personnes malentendantes, en fauteuil roulant, ou encore auprès d’enfants ou adultes ayant des troubles du spectre autistique.

Rédactrice : Fogel Sylvie, en partenariat avec Colyne Tissot
Chargées de missions « Solidarité » de Céline Martin VP « PCS »

Pour retrouver les associations « Bouchons d’Amour » et « Handi’chiens » :
http://www.bouchonsdamour.com/

https://www.handichiens.org/

Pour prendre contact avec les membres de l’association des psychomotriciens du Grand Est (APEGE) :
https://twitter.com/APEGE_Mulhouse?s=07

https://www.facebook.com/APEGE-Étudiants-Psychomot-de-Mulhouse-700221059991499/

Si vous souhaitez contacter l’antenne de « Handi’chiens » sur Mulhouse, vous pouvez vous adresser aux chargées de missions ayant rédigé cet article.

Projet Gildec,
Rencontre autour des difficultés de communication

Pour la première fois cette année, les étudiants psychomotriciens ont pu participer à une rencontre proposée par l’IFMS de Mulhouse et qui réunit les étudiants de première année et des personnes en situation de handicap.

Ce projet est mené en collaboration avec le GILDEC68 (Groupe d’Initiative Local pour les personnes en Difficultés d’Élocution et de Communication) de la délégation départementale APF (Association des paralysés de France) de Mulhouse. Il a pour objectif de permettre l’évolution des représentations des étudiants sur les situations de handicap lourd ainsi que d’avoir une première appréhension de la relation thérapeutique, avec le patient et les autres professionnels. Il donne l’occasion aussi aux élèves de collaborer avec les autres filières afin d’organiser cette table ronde.

La promotion des premières années psychomotriciens a été invitée à écrire différentes questions qu’ils pourraient poser aux personnes accueillies. Ces questions ont ensuite été mises en commun avec celles élaborées par les premières années en ergothérapie et soins infirmiers. Cinq psychomotriciens volontaires ont par la suite rejoint un groupe de huit ergothérapeutes et dix infirmiers, qui organisera la table ronde, et rencontrera les patients experts.

Le jour de la rencontre, les étudiants psychomotriciens se sont chargés de l’installation de la salle et de l’accueil du groupe intervenant. Il comptait les deux Assistants de Vie Sociale, la chargée de développement des actions associatives APF Alsace et les deux patients experts.

Ces deux derniers sont atteints d’une Infirmité Motrice Cérébrale, due à des lésions survenues durant la période périnatale. Ils possèdent tous les deux un fauteuil électrique ainsi qu’une tablette leur permettant d’utiliser une synthèse vocale.

Pour la plupart des élèves, il s’agissait de leur première interaction avec des personnes atteintes d’un handicap lourd. Beaucoup étaient mal à l’aise, non pas pour eux même mais pour les deux personnes concernées. Les voir entourées et observées par plusieurs étudiants pouvait nous faire sentir comme intrusifs et voyeuristes. Cependant, ils nous ont prouvé leur investissement en ayant préparé leurs réponses à l’avance. Les douze premières questions qui leur étaient destinées, avaient notamment pour sujet leur quotidien, leurs activités et hobbies, leur vécu personnel, leur projet et leur ressenti sur le handicap en société. Leurs réponses nous ont frappés par leur sincérité. Ils nous ont répondu de façon libre et sans gêne, ce qui rendait l’échange plus authentique et pertinent. Nous étions tous très attentifs, bien que le système de la synthèse vocale nous demandait d’être patients et respectueux.

Certaines réponses nous ont touché et marqué car elles étaient pour nous inattendues, ce qui nous a permis de nous sentir plus à l’aise. La plus marquante fut celle qui expliquait à quel moment ils se sentaient le plus en situation de handicap :

“Je me sens plus en situation de handicap quand je ne suis pas entendu et écouté”

Ce n’est pas l’aménagement des espaces ou les moyens de transport, ou encore la difficulté dans les pratiques physiques qui les gêne le plus, c’est la communication. Il est important pour eux de se sentir à l’aise, surtout avec des problèmes d’élocution. La plupart des gens ne s’adressent jamais directement à eux et simplement partager leurs idées, leurs avis, leurs envies peut être très difficile, voire impossible.

Cette première approche du handicap a été pour nous une expérience riche. Le message qu’ils voulaient nous faire passer est qu’il est important pour nous en tant que professionnels, d’être attentifs aux besoins et demandes de chaque personne que nous pouvons rencontrer. Pour des personnes ayant des difficultés d’élocution, il nous faut prendre le temps d’écouter et d’observer.

Notre groupe d’invités nous a ainsi partagé leur enthousiasme et leur motivation, afin de renouveler des rencontres aussi réussies que celle-ci avec d’autres étudiants, voire même des lycéens et des professionnels.

Laura Tordeux PM1
http://alsace.blogs.apf.asso.fr/

Un groupe similaire, Gildec69, a créé une bande dessinée Et la patience, bordel ! Tome 1 qui recueille des témoignages de personnes ayant une communication alternative. Elle est disponible gratuitement sur leur site

 

Article paru dans la revue “Bulles de psychomot’” / ANEP n°09

L'accès à cet article est GRATUIT, mais il est restreint aux membres RESEAU PRO SANTE

Publié le 1651760408000