Les actions du SNIFMK

Publié le 27 May 2022 à 13:36

« Le Changement c’est (peut-être) pour Maintenant »

A propos de la réingénierie du diplôme de Masseur-Kinésithérapeute.
Nous sommes le mardi 15 mai 2012, il est 18h45, nous quittons la salle 4039 au ministère de la Santé. Le travail a encore une fois été compliqué : discussion article par article, parfois mot par mot, tentative de coup de force, contre-argumentation, négociation, dernière mise au point et point final.

Le groupe de production installé le 17 décembre 2012 rend sa copie.

Depuis de nombreuses années, les professionnels, qu’ils soient libéraux, salariés, praticiens cadres, formateurs et directeurs d’institut, souhaitaient, militaient pour une réforme de la formation

initiale. Beaucoup stigmatisaient le décalage entre l’arrêté de formation du 5 septembre 1989 et l’évolution des pratiques professionnelles, l’évolution de la réglementation et l’évolution des pratiques pédagogiques.

Le 18 décembre 2007 la DHOS mit en place un groupe de travail pour effectuer la réingénierie de la profession de Masseur- Kinésithérapeute.

La constitution du groupe était la suivante :

  • Représentants des organisations syndicales.
  • Représentants des associations professionnelles.
  • Représentants des employeurs.
  • Représentants des instituts/écoles de formation.
  • Représentants des médecins.
  • Personnalités qualifiées
  • Le travail piloté par Marie-Ange COUDRAY est accompagné par le cabinet de consultant CG Conseil.

    Le cahier des charges de ce groupe était de produire, in fine, un référentiel de formation pour les Masseurs-Kinésithérapeutes, conforme à la structure imposée par les accords de Bologne.

    Ce groupe nommé Groupe de Production devait élaborer ces référentiels :

    • Sans se préoccuper des modalités de sélection.
    • Sans envisager la formation à de nouvelles compétences ou investir de nouveaux domaines d’exercice.
    • Sans que soit défini a priori le nombre d’années nécessaire à la formation. Plus clairement, le contenant ainsi que le grade universitaire de sortie devant être déterminés en fonction de la « qualité » des contenus du référentiel.
    • Enfin, ce référentiel de formation devait permettre la construction de compétences nécessaires à l’exercice d’un novice

     

    LE DIPLOME

    Le travail du groupe de production terminé et la mise en forme des différents textes par les juristes réalisée, un processus de validation est mis en place :

    • Présentation des textes au MESR.
    • Validation des référentiels devant les N+i des différentes organisations associées à la démarche.
    • Présentation devant le HCPP.
    • Et enfin parution des textes

    Durant ces 4 années et demi, de nombreuses péripéties sont venues ponctuer ce travail. Je ne relaterai que les dernières :

    En février 2011, sans qu’aucune explication ne nous soit fournie, les travaux s’arrêtent, les réunions sont annulées. Gilles PREL, Conseiller Pédagogique National, ayant pris la suite de Marie-Ange COUDRAY, met en place un groupe restreint chargé de finaliser la rédaction du référentiel de formation. Ce groupe restreint constitué de directeurs d’institut, d’un représentant de l’ONMK et du président de la FNEK, faute d’appui institutionnel, interrompt ses travaux au bout de deux réunions.

    En septembre 2011, Dominique MONGUILLON, Conseillère Pédagogique Nationale, réinstalle officiellement le groupe et fixe clairement l’objectif : finaliser un projet de référentiel de formation.

    Fin octobre, la maquette de programme est pratiquement finalisée et conformément à la position unanime de groupe de production, le programme de formation professionnelle est conçu en 4 années de formation soit 240 ECTS, HORS sélection.

    Le 27 octobre 2011, les ministres Laurent WAUQUIER et Xavier BERTRAND, dans un courrier adressé aux organisations professionnelles, annoncent :

    La reconnaissance de la formation généraliste de Masseur-Kinésithérapeute au niveau Master 1,

    Et déclarent : « Nous voulons donc que tous les candidats bénéficient d’une année universitaire, PACES et autres filières et passerelles STAPS SVT, préparation aux grandes écoles, préalable à la formation en institut de formation ».

    Ces annonces recueillent auprès des organisations syndicales, de la Fédération des étudiants en Kinésithérapie et de l’ONMK un accueil très favorable alors qu’elles transgressent tous les principes énoncés lors de la mise en place du groupe de travail et qu’elles sont contraires à la volonté annoncée du groupe d’avoir une formation professionnelle hors sélection de 4 années.

    Le groupe de travail doit revoir sa copie, de nouvelles options apparaissent :

    • Une volonté affichée de calquer notre dispositif de formation sur le modèle nord américain.
    • Une volonté de privilégier une politique de promotion de la profession à travers un parcours universitaire en oubliant parfois que la vocation et l’honneur de notre profession sont d’abord de dispenser à nos patients un soin de qualité.

    Depuis 1989, nous dénoncions le fait que le temps de formation professionnelle était déjà trop court pour permettre à l’étudiant d’acquérir et de s’approprier l’ensemble des connaissances nécessaires à l’exercice. Avec le nouveau programme nous avons encore ajouté d’autres thématiques, certes très utiles,mais qui viennent encore surcharger nos programmes. Au total, nous avons à mettre en place une formation professionnelle en institut en 6 semestres.

    Le problème posé par l’année universitaire reste entier, sur ce modèle, nous ne pouvons pas disposer à l’entrée en formation professionnelle de pré-requis homogène. Les acquis du projet du nouveau référentiel :

    • Pour entrer en formation professionnelle, soit en S3, il faudra impérativement avoir validé 60 ECTS.
    • Pour rentrer en S7, il faudra avoir impérativement validé 180 ECTS c’est-à-dire que les étudiants entrant en 3ème année de formation professionnelle (S7 S8) n’auront aucun UE à repasser.
    • Le nombre d’heures consacrées à la formation clinique ou hors clinique (les stages) est maintenu, ce qui est essentiel pour que nos étudiants puissent construire une expérience dans les très nombreux domaines où la kinésithérapie s’impose.
    • L’élaboration et la mise en place du portfolio est un progrès dont on ne mesure pas encore la portée :

    • d’une part, il répond à une demande des tuteurs de disposer de plus d’informations sur le parcours de l’étudiant ;
    • de pouvoir formaliser l’évaluation de la formation de l’étudiant en stage ;
    • il est, de plus, un vecteur essentiel d’information sur la réforme pour les professionnels, pour les tuteurs.

    • Même si le nouveau référentiel de formation n’intègre pas assez la difficulté que constitue l’apprentissage, l’acquisition des habiletés techniques et le temps qui doit lui être dévolu (UE 4.1 : 90h de TD au lieu de 340h dans le nouveau référentiel), je ne m’inquiète pas sur la capacité et l’ingéniosité des équipes de formateurs pour imaginer, concevoir des dispositifs qui aideront à tirer le meilleur parti de cette réforme.

    L’opportunité du changement

    Le travail a déjà commencé, nos équipes revisitent les anciens dispositifs, élaborent de nouveaux modèles pour être prêts le temps venu.

    « Et si c’était à refaire ? »

    Je souhaiterais que la profession puisse davantage faire corps et puisse reconnaître la contribution de chacun à sa construction et au développement de sa notoriété.

    Que nous puissions mettre un terme aux rivalités entre libéraux et salariés, entre cliniciens et cadres, entre praticiens et formateurs, etc.

    Et enfin prendre conscience que c’est par le service que nous rendons aux usagers, aux patients, par la qualité de notre réflexion, des démarches et des actes que nous dispensons, que nous trouverons notre valorisation et une véritable légitimité au sein du monde de la santé.

    Le Cadeau de la nouvelle année
    Le Vendredi 25 janvier 2013, l’arbitrage tant attendu arriva. Dans un courrier signé de Madame Marisol TOURAINE et de Madame Geneviève FIORASSO nous étions informés que :

    « Le diplôme d’Etat autorisant l’exercice de la profession de Masseur-Kinésithérapeute est acquis au terme de 3 années d’étude et sera reconnu au grade de licence ».

    Cette formulation prouve bien que les connaissances acquises lors des années préparatoires à la sélection ne constituent en rien un pré-requis. La formation professionnelle et donc l’acquisition des connaissances commencent bien au premier jour de l’entrée en Institut.

    A travers les articles suivants disparaît l’obligation d’accès à la formation par la filière universitaire.

    « L’admission dans les études de massokinésithérapie pour plus des . des étudiants, est précédée d’une année de préparation… ».

    Ce paragraphe se cantonne à énumérer les modes de sélection (PACES, L1 STAPS et préparations organisées au sein des instituts) sans statuer. Le concours de droit commun et les préparations qui y sont associées ne sont plus remis en cause, ce qui exclu toute revendication de lien entre diplôme et l’acquisition de 240 ECTS.

    Les autres dispositions ne portent, de mon point de vue, aucune nouveauté par rapport au courrier précédent.

    Est-ce une cruelle désillusion ?
    Je pense que ce n’est une désillusion que pour ceux qui s’étaient imaginés que la juxtaposition d’une année de formation sélection inhomogène et de trois années de formation professionnelle constituent un ensemble cohérent qui permette de revendiquer une formation professionnelle à 240 ECTS.

    Comment sortir de l’impasse ?
    Il faut absolument créer un cursus de formation cohérent :
    Soit en reprenant le modèle initial de quatre années de formation professionnelle hors sélection.

    Soit de mettre en place une année de formation sélection basée sur un programme national, s’imposant à tous, constituant comme pour les préparations aux grandes écoles un véritable pré-requis à la formation des kinésithérapeutes, programme co-construit avec le ministère de la Recherche afin qu’il puisse se voir attribué 60 ECTS.

    Cette modalité est d’ailleurs évoquée dans le courrier du 25 janvier 2013.

    Si tout reste en l’état, les instituts auront à mettre en place une formation plus dense, plus ambitieuse en moins de temps qu’aujourd’hui. Enfin il appartient à notre profession de choisir son combat.

    Michel BOUTROY
    Directeur de l’IFMK de L’AP HP
    Représentant du SNIFMK aux travaux de réingénierie

                     Article paru dans la revue “Syndicat National de Formation en Masso-Kinésithérapie” / SNIFMK n°3

    Publié le 1653651390000