Le Point sur la Filiarisation : Réflexion sur la filiarisation des postes de Chirurgie Générale en Gynécologie Obstétrique

Publié le 16 May 2022 à 21:06

Prévue dans le texte de la loi HPST 2009 « Hôpitaux, Patients, Santé, Territoires » tel qu’il a été adopté par l’Assemblée Nationale, la filiarisation de l’internat se propose de réformer le mode de choix de la spécialité et de la région d’exercice de l’interne, afin d’adapter le nombre de postes aux besoins démographiques. Cet outil de régulation démographique repose également sur 4 nouveaux leviers d’action censés combattre les déserts médicaux associant le contrat santé solidarités, le contrat d’engagement de service public, le contrat de clinicien hospitalier et les coopérations entre professionnels de santé.

Ce paragraphe fait une brève synthèse de la démographie en Gynécologie-Obstétrique en 2010 puis aborde les conséquences de la filiarisation des postes de chirurgie générale sur notre formation chirurgicale de base.

D’après les données de l’atlas de la démographie médicale en France disponible sur le site du Conseil National de l’Ordre des Médecins (www.conseil-national.medecin.fr) actuellement 5529 Gynécologues-Obstétriciens (GO) sont en activités dont 54.69 % en secteur libéral et 16.50 % en activité salariés. La pyramide des âges des praticiens en activités montre clairement la nécessité de former plus de GO pour assurer un renouvellement.

En effet si 164 gynécologues-obstétriciens sont formés par an en moyenne pendant 30 ans et s’ils travaillent 30 ans ; ils seront 4920 disponibles sur le territoire français.

Enfin la répartition des praticiens sur l’ensemble territoire est très hétérogène et révèle plusieurs zones de faible densité médicale.

Concernant la relève, le nombre de postes offerts pour la spécialité après l’Examen Classant National (ECN) est de 177 en 2010-2011 marquant une augmentation progressive du nombre d’internes de GO formés. L’évolution sur les dernières années est la suivante 164 postes en 2009-2010 ; 155 en 2008-2009; 155 en 2007-2008 ; 150 en 2006-2007.

Alors comme nous l‘avons rappelé en préambule la filiarisation a pour objectif de répondre à ce problème général de répartition des praticiens sur le territoire en assurant en théorie une adéquation entre les médecins en formation et les besoins démographiques. La filiarisation par le biais des Agences Régionales de Santé (ARS) est en place depuis octobre 2010. Concrètement, concernant notre spécialité et notre formation en chirurgie générale les premières difficultés apparaissent. En effet ce qui est observé, c’est une réduction du nombre global des postes de chirurgie générale (urologie, viscérale, vasculaire) mis à disposition des internes de gynécologie-obstétrique. De fait cela entraine une diminution des possibilités pour un interne au cours de son cursus. L’introduction de quota et de changement de statut de ces postes de chirurgie qui sont dans certaines régions considérés comme des choix horsfilières révèlent les limites de cette disposition et laissent entrevoir une altération de notre formation chirurgicale de base. Historiquement, la procédure de choix de stage des promotions de chirurgie et de gynécologie mélangées, reposait sur les critères d’ancienneté et de classement à l’ECN. Dorénavant, dans certaines régions, les internes se voient limités dans leur choix à une liste restreinte et pré-définie par les Agences Régionales de Santé là où bien souvent ils avaient dans le passée accès à un choix plus varié. Par ailleurs, celui-ci se voit remplacé dans certaines régions par un choix forcément par défaut, soumis aux aléas des négociations et des compromis avec nos collègues chirurgiens. Alors une question simple apparaît : comment concevoir une formation chirurgicale de base en limitant l’accès à une partie de la formation théorique. Nous ne parlons pas de la formation de l’interne qui se destine à la chirurgie gynécologique, mais bien de celle de tous les futurs praticiens, quelle que soit leur orientation. Si bien qu’il semble indispensable de réfléchir aux conditions pratiques de cette procédure dans chaque région, afin de mettre en place avec l’aide de nos coordonnateurs des mesures adaptées et spécifiques. En partie, la qualité de notre formation chirurgicale de base dépend des conditions pratiques de ces choix qui concrètement vont reposer sur des négociations et des compromis. Seuls notre activisme et notre anticipation du problème peuvent limiter le démantèlement de nos choix et faire en sorte que la diversité et la qualité de notre formation soient pérenne, l’avenir de notre spécialité et de nos pratiques en dépend.

Sofiane Bendifallah
Président de l’AGOF

En ce moment, les différents contacts régions, et les internes qui se sentent concernés, font le point dans chaque région pour faire savoir au bureau de l’AGOF ce que la filiarisation change concrètement dans chaque région pour les prochains choix de chirurgie.

Armés de cette synthèse, nous pourrons discuter avec les responsables séniors au niveau national et appuyer des réflexions pour améliorer notre situation. Merci à ceux qui se mobilisent déjà. Et nous vous tiendrons au courant de l’avancée des « négociations » par mail pour les adhérents, ou sur le site www.agof.fr pour les autres.

Delphine Hudry
Vice-présidente de l’AGOF

Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°03

L'accès à cet article est GRATUIT, mais il est restreint aux membres RESEAU PRO SANTE

Publié le 1652727969000