Le multiculturalisme comme réponse à l’engagement d’égalité d’accès aux soins

Publié le 31 May 2022 à 15:27

Une approche culturelle de la santé et de la maladie représente pour le médecin hospitalier, a fortiori calédonien, un engagement à soigner au mieux tous ses patients, quelle que soit leur origine socioculturelle.

Dans la région Pacifique, les aspects traditionnels de la culture demeurent vivaces et les différentes communautés océaniennes (kanak, vanuataise, tahitienne, wallisienne, indonésienne, etc.) utilisent encore tous leurs systèmes de valeurs qui coexistent à côté des modèles occidentaux, y compris dans le domaine de la santé. Il existe ainsi des différences notables selon les cultures dans les nosologies, la définition de l’état de santé, les causes des maladies, le mode de prise en charge des pathologies.

Une approche culturelle de la santé et de la maladie représente pour le médecin hospitalier, a fortiori calédonien, un engagement à soigner au mieux tous ses patients, quelle que soit leur origine socioculturelle, puisque chaque culture propose un vécu différent des maladies dans lequel le patient agit et construit son expérience.

Si la médecine occidentale peut restituer une histoire complète et cohérente de la maladie, la culture et les traditions du patient peuvent lui offrir d’autres interprétations de son mal, ainsi que d’autres alternatives thérapeutiques. L’opposition entre les références de la médecine occidentale et celles de la médecine traditionnelle peut générer des difficultés de prise en charge et des échecs thérapeutiques.

L’approche interculturelle de la maladie peut donc aider les équipes médicales à comprendre les problèmes des patients en les resituant dans leur contexte culturel, et transmettre aux patients les logiques des médecins afin d’éviter les malentendus et les blocages.

Cette dimension interculturelle dans la pratique de soin fait partie de la démarche qualité et d’accréditation d’un établissement de santé, améliore le confort du patient, des équipes, avec par exemple moins de conflits, une pratique plus sereine, plus efficiente.

Elle a un intérêt politique en Nouvelle Calédonie puisqu’elle participe à la construction du destin commun, socle de l’accord de Nouméa. Mais la multiculturalité existe dans tous les pays, l’approche culturelle de la santé et de la maladie a un intérêt général pour assurer en particulier l’égalité d’accès aux soins, valeur de base de l’éthique médicale.

Xavier Deau, dans le rapport 2015 du Conseil national de l’Ordre des médecins « Pratique médicale et identité culturelle » indique qu’« Il est fondamental que le rôle joué par le détenteur du savoir médical donc du pouvoir de guérison se fasse dans le respect de l’autre et dans la connaissance même minimaliste de celui qui est en face de lui... Il faut que, dans sa formation initiale, le médecin bénéficie de l’apport de ces formations à la prise en charge de patients d’origine étrangère... La formation continue devrait permettre à chaque médecin français ou étranger exerçant sur notre territoire d’apprécier avec justesse et compétence l’identité culturelle de chacun de ses patients ».

La politique hospitalière actuelle tend à rétrécir l’accès aux soins des patients les plus démunis, ce qui entraîne une perte de chance pour les patients, des consultations tardives aux stades de complications handicapantes et coûteuses, ou des décès prématurés. Prioriser leur accès aux soins en intégrant l’approche culturelle est un corollaire indispensable de l’efficacité des actions de santé et de prévention


Erica MANCEL SALINO
PH, CHT Gaston Bourret, Nouvelle Calédonie.

L’ENGAGEMENT DES PRATICIENS HOSPITALIERS

Le praticien Hospitalier est par définition engagé dès sa nomination et son inscription au conseil de l’Ordre. Son engagement est par ce fait sur plusieurs niveaux :
• La pratique de la médecine hospitalière.
• Le respect du code de la déontologie médicale.
• Le respect de tous les rapports et les certificats qu’il signe quotidiennement.
• Son engagement vis-à-vis de la structure ou l’établissement de santé où il exerce.

Sa propre signature est un engagement et relève du code de déontologie et ses articles (28 ; 50 ; 76), du code de sécurité sociale et ses articles (413 ; 471-4 ; 508) ainsi que du code pénal et ses articles (441-8 ; 313-2)

L’engagement du PH nécessite des prérogatives et des devoirs en plus de celles de ses confrères en activité libérale : les signatures des prescriptions nominatives quotidiennes, du compte rendu d’hospitalisation, du codage et des actes, la check-list préopératoire, le dossier clinique, la validation électronique et traçabilité.

L’engagement dans les responsabilités administratives est soit à l’échelle locale, régionale ou nationale : Pôle, Unité ou Service, commissions transversales, président CME, membre du directoire ou du CA.

Dans tous ces domaines organisationnels, l’engagement à la même signification et les mêmes conséquences. Le PH engage sa responsabilité personnelle.

Le manque d’effectif médical (+ de 20 % de départ à la retraite avec 1 poste PH non pourvu sur 4 : 2019 (2), l’augmentation de la charge de travail en y rajoutant les tâches administratives chronophages constituent les facteurs de risques cumulés pour un épuisement professionnel.

Les PH s’engagent de plus en plus pour un militantisme multiple et varié, isolé ou au sein d’organismes associatifs ou syndicaux structurés et bien organisés en vue d’écouter, d’orienter et de défendre un système de santé plus juste. L’engagement est parfois pour certains politiques face aux pouvoirs publics.

Le militantisme syndical des praticiens hospitaliers en France a tendance à s’accroître ces dernières années malgré un taux stable de cotisation. Les plus syndiqués demeurent les PH, les PH universitaires, chercheurs (25  %) autant que les cadres de la fonction publique.

Les syndicats médicaux sont de plus en plus sollicités par leur confrère en raison de la détérioration des conditions de travail et les difficultés que vivent les PH pour accomplir leur devoir ce qui prédit un engagement syndical voire politique en hausse.

Depuis 1984, les praticiens hospitaliers ont participé à améliorer leurs conditions de travail ainsi que celles de la prise en charge de leurs patients par leurs engagements multiples, en santé publique, dans la vie civile, dans le domaine associatif mais surtout par leur engagement syndical qui, aussi noble que les autres, a prouvé objectivement dans l’histoire son apport incontestable dans l’amélioration du système de santé.


Dr BRAMLI Slim

Secrétaire général INPH - Président FPS

ORDRE DES MÉDECINS :  LES RAISONS DE S’Y ENGAGER

Le peu de considération ou d’intérêt qu’ont les médecins hospitaliers pour leur Ordre explique sans doute, qu’au sein de ses instances qu’elles soient départementales, régionales ou nationale, il y ait peu de PH.

Certes, le médecin hospitalier s’engagera plus facilement au sein des instances de sa spécialité (Collège, Société Savante, Groupe de recherche, etc.) ou comme nous à l’INPH, au sein de la représentation syndicale (Commission Régionale Paritaire, Commission Statutaire Nationale, Conseil de Discipline) ou plus simplement au sein du bureau de la CME.

S’engager au sein de l’Ordre, c’est rappeler que l’inscription à l’Ordre est une obligation légale et qu’elle conduit à la connaissance et au respect du code de déontologie. C’est aussi faire que celui-ci reste toujours adapté à l’exercice hospitalier.

Alors que dans l’exercice quotidien, la quantité d’acte peut prendre le pas sur leur qualité, on est en droit de se questionner sur notre respect de l’article 5 du Code de Déontologie : « Le médecin ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit. ». Démonstration qu’il n’y a pas que le statut, qu’il n’y a pas que les instances paritaires nationale ou régionale pour permettre au praticien de se défendre

S’engager au sein de l’Ordre, c’est aussi agir dans le cadre disciplinaire car de manière très spécifique, pour une plainte déposée par un patient ou un confrère dans le cadre de l'exercice public dans un hôpital, celle-ci ne peut être portée que par le CDOM. Être présent et actif en tant que praticien hospitalier au sein du CDOM permettra de mieux faire appréhender aux confrères les spécificités de notre exercice.

S’engager au sein de l’Ordre, c’est aussi être élu à la Chambre Disciplinaire de première instance, composée de membres devant être ou ayant été porteurs d’un mandat départemental ou régional. Pour celles et ceux qui ne souhaitent pas participer aux instances statutaires nationales, la chambre disciplinaire est un lieu d’exercice du contrôle de la qualité de notre exercice professionnel et les PH doivent y participer largement pour témoigner de la diversité de la profession et des particularités de son exercice hospitalier.

S’engager au sein de l’Ordre, c’est enfin reconnaître sa place dans la défense et l’avenir de notre métier car, comme les médecins libéraux nous sommes attachés au respect de notre exercice, à l’indépendance de nos décisions, au pouvoir que nous pouvons porter pour influer les décisions politiques engageant l’avenir de notre profession et en particulier pour son volet hospitalier.

Engagez-vous et investissez la représentation ordinale afin de refléter la diversité des exercices professionnels médicaux et la crédibilité des conseils qui vous représentent.

S’engager au sein de l’Ordre, c’est rappeler que l’inscription à l’Ordre est une obligation légale et qu’elle conduit à la connaissance et au respect du code de déontologie.


Dr Jean-Michel BADET
Président du SNPH-CHU - Membre du Bureau de l’INPH

Article paru dans la revue « Intersyndicat National Des Praticiens D’exercice Hospitalier Et Hospitalo-Universitaire.» / INPH n°15

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