Lactation induite et allaitement partagé par les couples de femmes

Publié le 22 Dec 2022 à 08:23


Les termes « femme », « mère » et l’utilisation du pronom féminin sont utilisés dans cet article pour désigner toute personne possédant des organes génitaux internes dits féminins, par soucis de simplicité et pour une meilleure compréhension de l’article, mais ne visent pas à exclure toute personne qui pourrait s’identifier à ce discours au-delà des qualificatifs de genre utilisés.

Saviez-vous qu’il n’était pas nécessaire d’avoir porté un enfant en soi pour pouvoir allaiter ?
La lactation induite est une méthode permettant de déclencher la production lactée chez une femme qui n’a pas été enceinte, dans le but d’allaiter un enfant né d’une autre mère. Elle est notamment utilisée par les femmes ayant recours à l’adoption, par les familles homoparentales comportant deux femmes, ou encore dans le cas de recours à une mère porteuse.
Cette méthode, bien que la méconnue en France, laisse place au coallaitement pour les mères de familles homoparentales. Autrement dit, ceci peut permettre à la mère n’ayant pas porté l’enfant d’investir sa maternité et de créer un lien unique avec son enfant en l’allaitant elle aussi, en même temps que la mère dite biologique.
Pour les femmes qui en font le choix, un accompagnement vers le coallaitement est possible et nécessaire. En effet, le parcours vers la lactation induite nécessite de l’assiduité, de la patience, un soutien important du coparent et beaucoup de motivation.
En pratique, le protocole le plus utilisé pour la lactation induite est celui du Dr Jack Newman. Il consiste à prendre une pilule contraceptive, qui laisse penser au corps qu’une grossesse est en cours ; combiné à la dompéridone, qui stimule la lactation. Ce dernier médicament n’a pas d’AMM pour cette utilisation en France, il s’agit d’un antiémétique dont l’augmentation de la prolactine est un effet secondaire et qui ne peut être prescrit que par un.e médecin.
Pour optimiser le protocole du Dr Jack Newman, celui-ci doit être commencé plusieurs mois avant la naissance de l’enfant (idéalement 6 mois minimum), et doit être combiné à l’utilisation d’un tire-lait de manière régulière (toutes les 3 heures) à partir de quatre semaines avant l’arrivée de l’enfant.

Et en tant que sage-femme, qu’est-ce qu’on fait ?
On accompagne. Les médicaments pour induire la lactation doivent être prescrits par un.e médecin, mais le rôle de la sage-femme reste essentiel. L’important est de savoir que ça existe, parce que cette information suffit à rendre l’aventure du coallaitement possible pour un certain nombre de couples qui n’en auraient peut-être jamais eu connaissance sans sage-femme... Et ensuite on encourage, on soutient, on écoute, parce que ce sont des ingrédients indispensables dans la recette de l’allaitement heureux.
Pour certains couples de femmes, le coallaitement réunira plus de contraintes que d’avantages. Pour d’autres, il permettra à la mère de trouver sa place dans sa famille. Il s’agit d’un outil disponible, d’une idée parmi le champ des possibles. La pratique du coallaitement est une décision qui doit être prise dans le respect des envies et des capacités physiques, émotionnelles et psychiques de chacun.e.s, pour correspondre au mieux à la famille et à ses besoins.
Célia Bron,VicePrésidente chargée des Perspectives Professionnelles à l’ANESF 2022-2023
https://www.lllfrance.org/vousinformer/fondsdocumentaire/allaiteraujourdhuiextraits/2068aa116relactationetlactationinduite https://www.lllfrance.org/vousinformer/fondsdocumentaire/feuilletsdudrnewman/1967lalactationinduitehttps://journalofethics.amaassn.org/article/inducedlactationnongestatingmotherlesbiancouple/201309https://www.malactationinduite.com/preparervotrelactationinduite/lesdifferentsprotocoles/ https://www.lamaisondesmaternelles.fr/article/questcequelalactationinduite Podcast Milkshake : Episode 44 Mona et Katrin : Isaïe : « Mes 2 mamans pour m’allaiter »

Article paru dans la revue « Le magazine de l'ANESF » ANESF n°47

 

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