La simulation : quel intéret pour la kinésitherapie ?

Publié le 30 May 2022 à 13:03

La simulation en santé, concept au service de l’apprentissage, est basée sur les compétences à atteindre. Elle est parfaitement adaptée à la masso-kinésithérapie.
En partenariat avec l’Université de Lorraine et la Faculté de Médecine de Nancy, la simulation en masso-kinésithérapie s’est concrétisée de façon officielle en 2015.
Elle est l’œuvre et la promotion de quelques kinésithérapeutes passionnés de pédagogie et de kinésithérapie.
Elle est animée par une équipe de professionnels du pôle de rééducation du CHRU de Nancy, en collaboration avec l’IFMK de Nancy. Cette méthode d’enseignement moderne et innovante est basée notamment sur la bienveillance où l’apprentissage par l’erreur sur mannequin hautefidélité est autorisé mais non sanctionné.

C’est une vérité pour l’enseignement en kinésithérapie, une approche de la réalité.

Le savoir, le « savoir-faire » et le « savoirêtre » est évalué en direct pour l’étudiant mais également pour l’enseignant.

Cette méthode pédagogique met l’enseignant face à ses compétences.

La construction des scénarii exige d’identifier les objectifs et les connaissances à transmettre aux étudiants.

La profession de masseur kinésithérapeute est essentiellement basée sur cette démarche, transmettre aux patients pour qu’ils puissent réutiliser en autonomie l’ensemble des connaissances acquises.

Dans l’enseignement traditionnel pratique, l’étudiant encadré ne peut percevoir complétement les dimensions de responsabilité et les conséquences des actes.

La simulation appliquée au CUESIM (centre universitaire d’enseignement) permet à l’étudiant de s’immerger dans la réalité et de mieux percevoir ces aspects primordiaux. L’étudiant, seul face à son patient, mobilise tous ses « savoirs » apprend à hiérarchiser et prioriser les différentes étapes de sa prise en charge.

Type étudiants concernés
Cet outil d’apprentissage novateur s’inscrit dans la démarche de la culture « qualité et sécurité » des soins. Cette expérience n’en serait pas à ce stade avancé sans le concours, l’appui et l’énergie de l’équipe du CUESim (Centre Universitaire d’Enseignement en Simulation) et tout particulièrement M. Jean Michel Kleffert, H. Hind et M. le Pr Braun.

Cet enseignement a été mis en place pour les étudiants de 2ème et 3ème année, en complément de la théorie, des travaux dirigés et des stages cliniques, à raison de 1 à 2 sessions par an. Chaque enseignant en simulation réalise l’enseignement en IFMK et tutorise les étudiants sur les terrains de stage.

Actuellement, le thème retenu pour cette pédagogie active est la kinésithérapie respiratoire.

Les objectifs
Les objectifs pédagogiques sont graduels et permettent ainsi de mobiliser les différents savoirs (savoir, savoir-faire, savoir être et savoir-devenir) suivant le niveau des apprenants. Les objectifs sont identiques pour toute la promotion et quels que soient les scénarii : il s’agit là d’un point fort qui permet ainsi la construction des différents cas cliniques.
• Pour les étudiants K2, les formateurs ont établi les objectifs suivants : se présenter, respecter les précautions standards d’hygiène, respecter la prescription médicale, observer et décrire le patient dans son environnement, installer le patient, savoir réaliser un BDK respiratoire (au moyen d’un ROM), connaitre les différentes interfaces d’oxygénothérapie, savoir mettre en place une oxygénothérapie et en connaitre les indications, savoir sécuriser le patient et donner l’alerte. Comportement adapté face à une désaturation.
• Pour les étudiants K3 : renforcer les objectifs de K2 et mettre l’accent principalement sur les objectifs suivants : En relation avec un cas clinique complexe, appréhender l’environnement de la réanimation, reconnaitre et réagir face à l’urgence, installer le patient, communiquer sur les conclusions du BDK, savoir lire une radio pulmonaire, mettre en place une VNI et une oxygénothérapie, proposer une aérosolthérapie, gérer un syndrome restrictif ou une atélectasie.

Formateurs
Le groupe des formateurs appartenant au pôle de rééducation du CHRU a été constitué en regard de leurs appétences au tutorat, de leur technicité et de leurs compétences de terrain.

Ils ont bénéficié d’une formation spécifique « Simulation en santé » pour l’encadrement des étudiants.

Parallèlement aux simulations, des observateurs découvrent le CUESIM lors des formations des étudiants.

Méthodologie
Réunions préparatoires (entre professionnel)
Une fois la situation environnementale et pédagogique appréhendée, les objectifs (principaux et secondaires) sont définis et les synopsis sont construits de façon très précise. Dans ce type de pédagogie, la place à l’à peu près n’est pas possible. Ces réunions préparatoires ont permis des échanges fructueux inter-équipes (tels des EPP), avant d’être testés in situ par les personnes ressources.

Le scénario bronchiolite ou encombrement du nourrisson de 1 mois hospitalisé, a permis d’être retravaillé en équipe pluridisciplinaire (Infirmière, médecins, …) pour appréhender les nouvelles recommandations. il permet également de valoriser le travail et la prise en charge des Kinésithérapeutes.

Pratique des étudiants
Les étudiants ont pu mettre à contribution les scénarii proposés et les formateurs dans des conditions quasi réelles, à des fins pédagogiques et dans le but de développer des compétences.

Pour que les étudiants aient la même pédagogie, seuls 2 cas cliniques sont proposés par journée, où 12 étudiants, répartis en 3 groupes, sont à tour de rôle observateurs et acteurs pendant 2 heures. Ainsi, 2 journées sont nécessaires pour que toute une promotion puisse bénéficier de cet enseignement

Conclusions
La simulation en masso-kinésithérapie en quelques chiffres.
• Sur la période de juin 2016 à mars 2019 :
• 15 formateurs (pupitreurs et facilitateurs), 3 salles de simulation, 1 technicienne, 9 scénarii, 8 sessions, 360 étudiants, 0 briefings, scénarii joués, débriefings de groupe, conclusions (tours de table), des objectifs de rang A, des objectifs de rang B, des observateurs et quasi 100 % des étudiants satisfaits et demandeurs de nouvelles sessions.
• FILM : Présentation au congrès de la SOFMER en octobre 2018.
• Présentation : https:/youtu.be/UVaG31-3pRg.

Nous insistons sur le retour d’expérience des étudiants mis en situation lors du débriefing. Cette phase, où les formateurs demande un maximum de participation, est très importante dans la mesure où elle permet de prendre conscience des Gaps (ou lacunes) et d’ancrer les apprentissages. Elle se décompose en 4 phases : la phase de réaction où les étudiants verbalisent leur ressenti émotionnel, la phase d’analyse à travers un feedback où les éléments positifs de la scène sont valorisés et où les autres éléments peuvent être améliorés et extrapolés, la phase de synthèse avec le rappel des recommandations et des bonnes pratiques en masso-kinésithérapie, et la conclusion à travers un tour de table où les étudiants repartent avec des éléments à retravailler.

Afin de poursuivre cette pédagogie active, nous envisageons d’autres scénarii dans d’autres pathologies. Nous nous appuierons également sur la prochaine acquisition par le CUESim d’un mannequin très hautefidélité aux possibilités pneumologiques multiples, ce qui déjà nous fait penser à des scénarii incluant la mise en place de la VNI.

L’évaluation se veut constructive et formative dans un esprit de bienveillance Dans le prochain numéro, la simulation pour en savoir plus

Ferry M.-F., Croci L., Glad N., Barbier A., Delacroix A., Oudin A., Gautier A,
Mervelet M., Gardin G., Kleffert G., Hind H., Gouilly P., Paysant J. et Braun M.

LES FONDAMENTAUX EN SIMULATION : POURQUOI UTILISER LA SIMULATION
Facteur humain
• La simulation permet à l’étudiant de mobiliser ses différents acquis pour les mettre en pratique.
• La simulation va donc mobiliser tous les savoir et particulièrement le savoir-être. Ce dernier est difficile en terrain de stage a appréhender car l’étudiant soit est seul, on ne peut donc pas l’analyser, soit il est accompagné et le comportement peut être faussé.
• Les étudiants doivent savoir prioriser seuls leurs actes en fonction du contexte.
• « Droit à l’erreur » : l’apprentissage se fait en toute sécurité il n’y a aucun risque pour le patient et l’erreur est traitée avec bienveillance, empathie.
• Tutorat quasi individuel (évaluation directe formative).
• Travail en équipe pluridisciplinaire.

Formation : Pédagogie
• Le développement de l’apprentissage par la simulation nécessite de former des formateurs « SIMULATION ».
• Avoir un lien fort avec la formation dite classique.
• Déterminer les objectifs pédagogiques et objectifs d’apprentissage.
• Les différentes étapes : Briefing, réalisation de la séance, Débriefing.
• Le formateur : professionnel connaissance du métier.

Les outils de simulation
Mannequins (hautefidélité).

Construction de la séance
Fiche standardisée pour un scénario : on retrouve le déroulement, le contexte, l’équipement et surtout les objectifs.

Méthodologie : les objectifs sont définis pour le formateur et d’autres objectifs sont définis pour l’étudiant.

La réalisation du scénario demande de nombreux échanges et permet à l’équipe d’harmoniser et d’homogénéiser les objectifs les bilans et techniques.

Il est indispensable de Tester le scénario entre professionnels avant la séance avec les apprenants.

            Article paru dans la revue “Syndicat National de Formation en Masso-Kinésithérapie” / SNIFMK n°11

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