La peau et l’environnement - Regards croisés - Le mot d’ENVI’DERM

Publié le 30 Sep 2024 à 09:51
Article paru dans la revue « FDVF-RJD - La Revue des Jeunes Dermatologue » / FDVF N°1


Mots clés : environnement, pollution, climat, empreinte carbone, dermatologie
Keywords : environment, pollution, climate, carbon footprint, dermatology

La FDVF s'est impliquée dans la cause environnementale dès 2021 avec la création d'un pôle environnement au sein de l'association et la réalisation d'une première enquête évaluant la perception des jeunes dermatologues face à ces questions. Consciente que la dermatologie sera impactée par le changement climatique et qu'elle est impactante par ses émissions, l'association a collaboré très tôt pour la création du groupe Envi'Derm.

Les jeunes dermatologues se sentent concernés par la cause environnementale

Les résultats non publiés de cette première enquête menée en 2021 montraient que 96 % des adhérents de la FDVF ayant répondu déclaraient se sentir concernés par le développement durable et la santé environnementale (183 participants). Ils étaient 84 % à déclarer avoir mis en place des actions personnelles pour la protection de l'environnement dans leur vie quotidienne en dehors de leur vie professionnelle. Parmi ces actions, on peut noter que la totalité des répondants affirmaient avoir recours au recyclage des déchets et 82 % tentaient de réduire leur consommation de plastique. Ils étaient 87 % à déclarer utiliser un moyen de transport écologique comme le vélo ou les transports en commun et 54 % d'entre eux pratiquaient le covoiturage.

Bien que l'impact écologique des jeunes dermatologues soit loin d'être négligeable, notamment en termes de matériel informatique, données numériques et voyages en avion, il existe une véritable prise de conscience. En effet, la jeune génération semble prête à fournir des efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Ainsi elle privilégie les transports en commun ou à vélo, pratique le tri des déchets, réduit son utilisation de plastique, utilise des gourdes et suit une alimentation végétarienne ou flexitarienne pour certains.

Dans le domaine professionnel la situation est plus complexe

La pratique de la médecine est impactante pour notre planète et ses habitants. L'empreinte environnementale de la santé estimée à 49 millions de tonnes d'équivalent CO2 soit 8 % du total français en 2021 par le Think Tank The Shift Project. Et là non plus, la dermatologie n'est pas en reste. 

Toujours selon la même enquête de 2021, seulement 42 % des répondants avaient mis en place des actions quotidiennes dans leur environnement professionnel. Il s'agit principalement de l'emploi de moyens de transport plus écologiques pour les déplacements professionnels, du tri des déchets pour 85 % d'entre eux et de la réduction de l'impression de papier pour 82 %. L'utilisation de matériel réutilisable ou de papier recyclé n'était mis en place que par 44 % et 25 % des répondants respectivement. 

Cependant, la plupart des mesures possibles sont souvent dépendantes de la structure de soin plutôt que du personnel et donc des jeunes dermatologues. Ainsi les meilleures volontés se heurtent souvent au principe de réalité du fonctionnement hospitalier. Le personnel et en particulier les jeunes médecins ne participent pas aux décisions concernant les achats de matériel ou de consommables et ne sont pas intégrés systématiquement aux groupes de travail sur ces thématiques. Les actions possibles de réduction de l'impact environnemental professionnel, qui dépendent des politiques d'établissement sont alors moins nombreuses et plus difficiles à mettre en place. Dans un monde où le milieu hospitalier enchaîne les crises sanitaires, économiques et humaines, la lutte pour un système de soins plus écologique et durable peut parfois être décourageante. Une action collective semble donc nécessaire. 

Par ailleurs, on peut aussi noter un manque de connaissance concernant la cosmétique et le fonctionnement de l'industrie pharmaceutique et cosmétique. La formation nécessairement pointue dans le domaine de la physiopathologie à l'ère des biothérapies et de l'immunothérapie, s'est imposée au détriment de l'acquisition des connaissances dans les domaines de la galénique et de la cosmétique. Ce déséquilibre peut aboutir à un malaise face aux questions posées par les patients et certains confrères, en particulier sur les perturbateurs endocriniens et l'impact environnemental des cosmétiques. 

« Seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin » : la création d'envi'derm

Les jeunes dermatologues sont donc demandeurs d'actions de groupe pour faire levier sur l'hôpital et l'industrie et avoir des pratiques professionnelles plus “éco-responsables”. Le changement des pratiques et des mentalités ne sera efficace que s'il est collectif et soutenu par tous les acteurs de la dermatologie. 

Le groupe Envi'Derm de la Société Française de Dermatologie est né en 2022 de toute cette problématique partagée par de nombreux dermatologues, en collaboration avec des membres de la Fédération Française de Formation Continue En Dermato-Vénérologie (FFFCEDV) et des Futurs Dermato Vénérologues de France (FDVF). 

Ce groupe accueille des dermatologues membres de la SFD libéraux et hospitaliers, avec une place privilégiée pour la jeune génération qui représente l'avenir. 

Il s'inscrit dans une volonté d'agir vers des pratiques dermatologiques plus respectueuses de l'environnement et s'oriente dans deux directions essentielles : la limitation de notre empreinte environnementale dans l'exercice de notre profession et l'impact des polluants (gaz à effet de serre, perturbateurs endocriniens, plastiques, nanoparticules…) sur la santé. 

Le groupe souhaite mettre à disposition des références et lignes de conduite avec l'élaboration et la diffusion documents et fiches conseils pour repérer et éviter notamment les perturbateurs endocriniens et ingrédients à risques et pour aider à s'orienter vers des choix favorisant un exercice à moindre impact environnemental. La mise en place d'une veille bibliographique, le partage des connaissances et de l'information avec les dermatologues, les patients et le grand public sur ces thématiques sera également un des axes de travail de ce groupe. Tout cela ne se conçoit pas sans participer à la sensibilisation de notre communauté, à la formation initiale des jeunes et à la FMC des moins jeunes sur ces sujets. En ce sens la première journée de formation du groupe Envi'Derm a eu lieu en février 2024 avec la création d'un prix permettant de récompenser les initiatives dans cette thématique. Envi'Derm souhaite également mener des travaux de recherche en lien avec ces thématiques et propose d'accompagner des sujets d'études en collaboration avec les encadrants de mémoires et thèses sur des sujets en lien avec l'environnement et la dermatologie.

Jeunes dermatologues si vous vous sentez concernés par les questions environnementales, n'hésitez pas à nous rejoindre  !

Marie BOILEAU
Ex-VP représentation et formation de la FDVF de 2020 à 2024
CCA CHU de Lille

Anne-Céline DAVAINE
Cabinet de dermatologie,
Morlaix, Service de dermatologie CHU BREST

Pour le Groupe Envi'Derm de la SFD

Publié le 1727682712000