La MPR dans le monde - Zoom sur l’Arabie Saoudite

Publié le 05 Sep 2023 à 13:29

Continuons de voyager en MPR grâce à Reema ALANAZI, originaire d’Arabie Saoudite et qui est venue en France pour faire son internat de MPR.

Est-ce que tu peux te présenter en quelques phrases ?

Je m’appelle Reema, je viens de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Je suis interne en MPR en 6e semestre à Nancy et en France depuis fi n 2019.

Pourquoi as-tu choisi la MPR comme spécialité ?

Pour beaucoup de raisons ! J’ai choisi la MPR car j’aime le mélange entre l’aspect neurologique et locomoteur, l’aspect holistique en traitant les patients, le travail en équipe, la possibilité de faire des gestes (toxines, blocs moteurs, infiltrations..etc). De plus, il s’agit d’une nouvelle spécialité avec des besoins partout, et qui permet d’avoir une très bonne qualité de vie.

Pourrais-tu présenter ta spécialité en Arabie Saoudite ?

La MPR en Arabie Saoudite est une spécialité récente, qui est peu connue par le public et qui est en train d’évoluer. Le premier programme officiel d’internat a commencé en 2011, avec un programme conjoint entre 3 grands hôpitaux à Riyad. Il existe actuellement 5 programmes d’internat de MPR (4 à Riyad et 1 à Taif), avec 55 internes au total.

Pourquoi as-tu choisi d'effectuer ton internat en France ?

Faire mon internat à l’étranger est un projet que j’avais depuis le début de mes études en médecine. Je voulais me mettre un défi , sortir de ma zone de confort, vivre une expérience, apprendre une nouvelle langue et rapporter quelque chose de nouveau dans mon pays plus tard, au vu de la prématurité de la spécialité en Arabie Saoudite. En plus, la rééducation des amputés m’intéresse et Nancy possède un centre de rééducation réputé dans l’appareillage des personnes amputées.

Quelles différences y a-t-il avec la France ? Quelle est la place de la MPR dans un pays dont le développement est plus récent ?

Au niveau de l’internat en Arabie Saoudite, je trouve qu’on se concentre beaucoup plus sur l’enseignement (2 examens écrits + un examen pratique par an), sur l’aspect de recherche et la réalisation des gestes.
En France, l’enseignement est plutôt réalisé de manière autonome et personnelle (DU, formations...etc), chaque interne fait ce qui l’intéresse.
Au niveau hospitalier, les services de MPR dans les hôpitaux et les centres de rééducation sont situés quasiment uniquement dans les grandes villes en Arabie Saoudite, menant à une longue liste d’attente, avec des services prenant en charge des pathologies compliquées. En France en revanche, il y a beaucoup plus de centres de rééducation, ce qui permet de voir des pathologies plus variées pendant l’internat.

Peux-tu me présenter ton quotidien dans un service de MPR en Arabie Saoudite ?

Dans le service où je travaillais avant, on commençait nos journées avec un staff à 7h30 tous les jours pour présenter les problèmes pendant la garde, suivi par une présentation d’un sujet court de 15-20min que les internes présentent alternativement. La semaine est divisée entre la gestion des problèmes médicaux des patients hospitalisés, les visites médicales, faire des entrées, faire des consultations en autonomie puis en discuter avec les chefs, faire des gestes, des synthèses médicales, donner des avis dans les autres services, et faire le tour des plateaux techniques. Nous avons aussi une demi-journée académique par semaine (le mercredi après-midi), et un journal club une fois par mois pour discuter d’un nouvel article.
Le rôle des internes dépend de leur progression dans l’internat : les internes juniors (1ère et 2ème année) font normalement les entrées et voient les patients en premier en consultation, et les internes séniors (3èmeet 4ème année) font des courriers de sortie et les réunions familiales. On travaillait toujours en binôme junior + sénior.

Quels sont tes projets dans l'avenir ? Comment te vois-tu dans 10 ans ?

J’aimerais bien faire une surspécialisation dans la rééducation des amputés au Canada pendant 1-2 ans après mon internat, puis mon projet est de retourner en Arabie Saoudite pour travailler dans un service de MPR dans un grand hôpital. Je reste toujours ouverte à la possibilité de retourner plus tard travailler en Europe ou ailleurs.

Je remercie Reema d’avoir accepté de répondre à mes questions et de nous permettre d’en connaître encore un peu plus sur notre riche spécialité.

Interview réalisée par
Emma PETITJEANS

 

 

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