La Grossesse et L’interne de Radiologie : Guide Pratique

Publié le 16 May 2022 à 12:55


1 000 : c’est à peu près le nombre de questions que peut se poser l’interne de radiologie lorsqu’elle est enceinte ou qu’elle prévoit de l’être. Voici un petit guide tentant de répondre à quelques unes de ces interrogations.

La déclaration de grossesse
Avant la fin de la 14ième SA, le médecin ou la sage-femme qui suit la grossesse effectue la démarche en ligne ou sur un formulaire papier, transmis à la CPAM et à la CAF du lieu de résidence principale pour bénéficier de la prise en charge des soins et des garanties de la grossesse.

Penser également à en informer :

  • L’ARS pour la demande d’un stage en surnombre avec justificatif.
  • La personne responsable des gardes ainsi que les affaires médicales, afin d’être dispensée de gardes à partir du 3e mois de grossesse inclus.
  • Le CHU de rattachement pour le congé maternité (l’interne n’est pas dans l’obligation de déclarer plus tôt sa grossesse à son employeur).

Le congé maternité (Art. L331-3 et suivants du code de la sécurité sociale)
L’interne bénéficie du congé maternité selon les mêmes modalités que celles prévues par la législation de la sécurité sociale.

Situations familiales Congé prénatal en semaines Congé postnatal en semaines Durée totale du congé en semaines En cas de naissance simple Moins de 2 enfants à charge 6 10 16 2 enfants ou plus à charge 8 18 26 En cas de naissance multiple Naissance de jumeaux 12 22 34 Naissance simultanée de plus de 2
enfants (grossesse triple ou plus) 24 22 46

Il est possible de demander un report de 3 semaines maximum du congé prénatal vers le congé postnatal, sur demande par courrier à l’Assurance Maladie en joignant un certificat du médecin/sage-femme suivant la grossesse, attestant que l’état de santé de la femme permet ce report, et précisant la durée (1 semaine renouvelable ou d’emblée 3 semaines). Bon à savoir : tout arrêt de travail survenant durant la période de report annule celui-ci. Pour les cas particuliers (grossesse pathologique, accouchement prématuré ou tardif, grossesse interrompue, hospitalisation de l’enfant…) toutes les informations utiles sont disponibles sur le site www.ameli.fr.

Le congé paternité
Le père bénéficie de 3 jours d’absence pour naissance, puis d’un congé paternité de 11 jours consécutifs (18 pour une grossesse multiple) pouvant être pris tout de suite après les 3 jours de naissance ou reporté dans un délai maximum de 4 mois après la naissance. Il faut prévenir l’employeur un mois avant le début du congé paternité.

Surnombre validant ou non validant ?
La demande doit être faite à l’ARS et aux affaires médicales du CHU de rattachement, avant la procédure de choix de stage, sur justificatif : déclaration de grossesse ou certificat médical. Le surnombre permet l’ajout d’un poste supplémentaire au nombre de postes initialement prévu, afin de ne pas perturber le bon fonctionnement du lieu de stage.

Surnombre validant
Si l’interne pense pouvoir effectuer au moins 4 mois de stage et souhaite valider son stage, alors elle choisit un poste auquel son rang de classement lui permet de prétendre. Si l’interne réalise effectivement ses 4 mois de présence minimale, le stage est validé. Dans le cas contraire, le stage n’est pas validé.

Surnombre non validant
Si l’interne ne pense pas pouvoir effectuer 4 mois de stage ou souhaite ne pas le valider, elle choisit le stage indépendamment de son rang de classement. Cela lui permet d’avoir une partie de sa formation dans un stage auquel elle n’aurait pas pu prétendre. Mais ce stage ne sera pas validant quelle qu’en soit la durée.

Rang de classement au retour du congé maternité
L’interne conserve son rang de classement et son ancienneté de semestre, qu’elle ait réalisé un stage validant ou non validant (Décret n°2016-675 du 25 mai 2016).

Disponibilité
Il est possible pour la mère de prendre une disponibilité pour convenance personnelle à la suite du congé maternité. Accordée par le directeur du CHU de rattachement, la demande doit être faite aux affaires médicales au moins 2 mois avant le début de la mise en disponibilité. La disponibilité n’est pas rémunérée.

Gardes
Selon l’article 1 de l’arrêté du 10 septembre 2002 relatif aux gardes des internes, l’interne enceinte est dispensée de faire des gardes à partir du 3è mois de grossesse inclus. 

Radioprotection : effets de l’irradiation in utero

Les 8 premiers jours :
La loi du « tout ou rien »
C’est la phase implantatoire, au cours de laquelle l’effet d’une irradiation se traduit soit par l’arrêt de la grossesse, soit par sa poursuite normale.

Jusqu’à la 8e semaine : Phase d’organogénèse
L’atteinte d’un groupe de cellules peut entrainer une malformation majeure d’un organe. La plupart des auteurs situent le seuil de ces effets déterministes autour de 100 mGy.

A partir de la 8e semaine : Risque d’atteinte du SNC
En dessous de 100 mGy, aucune diminution du quotient intellectuel n’est détectable. Le seuil d’apparition d’une arriération mentale profonde est évalué à environ 500 mGy. A 1000 mGy, le QI diminue de 25 points et la probabilité d’arriération mentale profonde est de 40%. Ces effets sont moins prononcés en cas d’exposition entre la 16e et la 25e semaine et ne sont plus observés au-delà.

Risque d’induction de cancer à long terme : Effet aléatoire
Comme pour le jeune enfant, le risque de cancer augmente avec la dose, quelle que soit celle-ci. « Dans l’état actuel des connaissances, le risque de cancer létal est estimé au maximum à 0,6% pour 100 mGy reçus in utero » (Grossesse et exposition aux rayonnements ionisants, IRSN).

Radioprotection : recommandations

Articles D. 4152-5 ET r. 4451-45 du code du travail.

Le code du travail considère I’enfant à naître comme une personne du public et impose donc que les conditions de travail de la femme enceinte, après sa déclaration de grossesse, soient telles que la dose supplémentaire qu’il risque de recevoir pendant le reste de la grossesse soit aussi faible que raisonnablement possible et ne dépasse pas 1 mSv. Les femmes enceintes ne peuvent être affectées à des travaux qui requièrent un classement en catégorie A (travaux sous rayonnements).

Déclaration des événements significatifs
L’exposition de I’enfant à naître d’une travailleuse au-delà de I mSv constitue un événement significatif devant faire I’objet d’une déclaration à l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) ainsi qu’au préfet.

  • Ne pas hésiter à se rapprocher de la Personne Compétente en Radioprotection de son service pour toute question.
  • Porter un dosimètre opérationnel à l’abdomen en cas de doute, en complément du dosimètre réglementaire.

Et surtout… PROFITEZ ET PRENEZ SOIN DE VOUS !                     

Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°39

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