La crise de la pédopsychiatrie, les assises de la santé mentale et après...

Publié le 02 Aug 2022 à 16:19

Communiqué du SPH

La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent en France depuis des années déploie son inventivité et sa créativité pour accueillir de plus en plus de jeunes patients.

La crise sanitaire liée au COVID 19 a souligné les besoins en soins pédopsychiatriques. Pourtant, la PEA traverse une crise sans précédent : à l’heure où ses professionnels sont largement sollicités et où son champ d’action s’élargit (bébés, adolescents, traumatismes, etc.), les délais d’attente pour un rendez-vous sont insupportables pour ces jeunes en plein développement et leurs familles. Cet empêchement  à remplir ses missions premières  : accueillir et soigner et si possible prévenir, est la cause d’un épuisement des professionnels et d’une crise des vocations.

Beaucoup était donc attendu des Assises de la Santé Mentale et de la Psychiatrie.

Dans leurs suites, de nombreux commentaires ont salué la référence qui y a été faite à la psychiatrie de secteur ainsi que la création de 400 postes non médicaux en faveur des CMP infanto-juvéniles. Le déficit global de financement de la psychiatrie ces 20 dernières années a été reconnu de même que la sollicitation considérable dont est l’objet cette discipline de plus en plus démunie. Ont été également annoncées quelques dotations consacrées à des maisons des adolescents, à des unités de psychiatrie périnatale et à des places d’accueil familial thérapeutique ainsi qu’à des postes de professeurs d’université.

Avons-nous de quoi nous féliciter ?

Non, car les mesures proposées sont très en deçà des besoins réels et des nécessités d’accueil qui sont requises. À l’aune du territoire national, ces 400 postes pour les CMP font 1 poste par secteur.

Est-ce à la hauteur des enjeux ? Est-ce le plan Marshall pour la santé mentale des enfants et des adolescents  qu’attendait la population ?

Il faut se rendre à l’évidence : malgré des discours d’intention la pédopsychiatrie publique n’est pas suffisamment soutenue.

Nous sommes alertés par le discours d’ouverture du Ministre de la Santé et des solidarités lors des Assises, affichant la plus grande détermination à mener à bien la réforme du financement et du régime des autorisations.

La réforme du financement de la psychiatrie risque d’aggraver encore la crise de la pédopsychiatrie. Ce nouveau modèle médico-économique avait initialement été présenté comme « simplement » destiné à rattraper les inégalités territoriales. Il s’avère modifier les orientations en profondeur. Nos tutelles administratives seront tentées de soutenir le développement des activités les plus «  rentables  » comme cela s’est passé en MCO avec la T2A.

La répartition intra-régionale de la dotation populationnelle sera faite par l’ARS à l’aide d’une «  section chargée d’émettre un avis sur les allocations de ressources en psychiatrie » dans laquelle la représentation de la pédopsychiatrie n’est pas prévue et n’offre aucune garantie sur la sanctuarisation territoriale des ressources la concernant.

La «  Tarification à la file active  » (TFA) est peu adaptée à la diversité des pratiques de la pédopsychiatrie et aux différentes populations accueillies (actes longs, périnatalité, situations complexes, prises en charges ambulatoires intensives, réunions indispensables, etc.).

Le SPH reste également préoccupé par la réforme en cours concernant le  régime des autorisations d’activités de soins  : le principe d’une psychiatrie de proximité risque d’être sacrifié à la rationalisation et au regroupement des moyens.  

Nous demandons une réelle reconnaissance de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et une réévaluation de ses moyens à la hauteur des enjeux sociétaux que l’avenir de la jeunesse représente.

C’est-à-dire  :
- Une augmentation conséquente des moyens de la pédopsychiatrie publique sur tout le parcours de soin des patients, du CMP aux modalités de soins institutionnelles (HDJ, Temps plein etc.).
- La représentation de la pédopsychiatrie publique à la section chargée d’émettre un avis sur les allocations de ressources en psychiatrie. 
- La poursuite de la réflexion sur la «  tarification à la File active  » et les activités spécifiques de la pédopsychiatrie.
- Une augmentation du nombre d’internes en pédopsychiatrie formés, ce qui implique une diversification des lieux de stage et une augmentation du nombre d’universitaires pour former les praticiens de demain.

Article paru dans la revue “Le Syndical des Psychiatres des Hôpitaux” / SPH n°21

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