Quelques éléments définissant l’internat afin de sensibiliser à en quoi cela consiste ainsi que les problématiques qui lui sont spécifiques.
Qu’est ce-que l’internat ?
Les études de médecine sont divisées en 3 cycles : le premier cycle pour les trois premières années, le second cycle "l'externat", et enfin le troisième cycle qui est l'internat. Les internes sont des étudiant(es) en 7e à 12e année. Iels ont déjà choisi leur spécialité après le concours de l'examen national classant. Iels ont un statut mixte, à la fois étudiant(es), là pour se former, apprendre leur métier, mais sont aussi des salarié(es) puisque travaillent à l'hôpital en temps plein via des stages de 6 mois, tournant de service en service de façon semestrielle. De plus, iels assurent des gardes et astreintes obligatoires selon les services.
En quoi c'est un problème alors ? L'internat est un statut compliqué en premier lieu du fait de l'absence de contrat de travail officiel : rien ne relie contractuellement l'interne et l'hôpital ni même l'interne et la faculté.
Il est également parfois compliqué d'allier le statut étudiant(e)et le statut salarié(e) car les contraintes sont souvent différentes et parfois incompatibles .
Du point de vue des études, les cours sont plus ou moins nombreux selon les spécialités. Le plus compliqué est cependant de pouvoir y assister du fait des contraintes de stage notamment. Les internes ne sont en effet, pas toujours libéré(es) de stage pour aller en cours, ou bien internes sont parfois obligé(es) d'être en lendemain de garde pour assister à leur cours (avec les conséquences qu'on imagine sur leur attention à ce cours). Enfin, les formations en stage sont peu nombreuses, les médecins titulaires ne sont pas toujours suffisamment présent(es) dans les services pour accompagner les internes dans les prises en soin des patient(es) et pour leur enseigner.
Du point de vue des services hospitaliers ou ambulatoires, les problèmes sont également nombreux. En premier lieu, les internes sont devenus indispensables, au fil des années, au fonctionnement hospitalier et ambulatoire du fait d'un important manque de personnel médical et paramédical.
Il y a également la problématique du volume horaire des internes. En effet, la législation européenne fixe le volume hebdomadaire à 48h maximum ce qui n'est que trop rarement respecté en pratique.
Les internes n'ont parfois pas le droit à leur repos compensateur (période de 11h sans aucune activité professionnelle faisant suite à une garde de 12 ou 24h) les obligeant parfois à enchaîner des heures de travail pouvant atteindre 36h d'affilé.
Tout ceci mis bout à bout pose d'importants problèmes de sécurité des internes eux-mêmes mais aussi et surtout de sécurité des patient(es). Leur prise en soins n'est en effet pas optimale du fait d'insuffisance de formations théoriques mais aussi de conditions dangereuses de prises en soin.
Et ailleurs ça se passe comment ?
En Allemagne, la durée de travail hebdomadaire est en moyenne de 48h. Il existe une possibilité, si désirée, de travailler à temps partiel, en rallongeant d'autant que nécessaire la durée de l'internat. La validation se fait via une liste d'actes à valider (qui sont validés au fur et à mesure, stage par stage) et un nombre d'heures total. il existe une évaluation de fin d'année chaque année. L'encadrement est important au début mais l'autonomie arrive très vite.
En Roumanie, la journée peut commencer très tôt mais elle se termine selon le rythme de chacun entre 15h et 16h. Il n'y a pas d'évaluation systématique à chaque stage, on évalue une impression générale. En revanche, en fin d'internat il existe une évaluation de fin d'internat où un examen clinique complet doit être réalisé ainsi qu'une prise en soins réalisée seul devant un jury de la spécialité.
En Irlande, l'internat est très long, d'une durée de 8 ans. Tous les 2 à 3 ans, il y a un examen, permettant de gravir les échelons un par un, jusqu'à atteindre le rang de Docteur en fin d'internat. L'interne est attribué(e) à une région où une grande mobilité est demandée avec des trajets pouvant atteindre 2h.
LE SNJMG
Article paru dans la revue “Le Bulletin des Jeunes Médecins Généralistes” / SNJMG N°34