L’intérêt de l’imagerie dans les pathologies psychiatriques

Publié le 09 Oct 2023 à 14:25

Titulaire du DIU de neuroradiologie, le docteur Valérie Macaigne exerce dans le groupe Flora Imagerie, membre du groupe Vidi au Havre depuis 6 années. Elle y reçoit de nombreux patients porteurs de pathologies psychiatriques.

« La pathologie psychiatrique représente la 1ère cause de pathologie en termes de fréquence. Nous savons qu’une personne sur quatre souffrira dans sa vie d’un événement psychiatrique, soit environ 7 millions de personnes en France », souligne le Dr Macaigne. « Enfin, la dépression représente la pathologie psychiatrique la plus fréquente puisque 20 % de la population présentera un épisode dépressif au cours de sa vie. La pathologie bipolaire représente quant à elle 2 % de la population ».

Ces pathologies font partie du quotidien des soignants, quels que soient les motifs de consultation. De fait, il est indispensable pour eux d’apprendre à appréhender ces patients.

Le docteur Macaigne précise qu’il existe une surmortalité chez les patients atteints de pathologie psychiatrique avec une réduction d’environ 10 ans de leur espérance de vie, en raison d’un plus haut taux de suicide, d’addiction et un défaut de soins.

Le questionnement clinique quotidien et l’imagerie

Pour la radiologue de Nora Imagerie, il est essentiel de porter un diagnostic précoce afin de proposer un traitement adapté à la pathologie, et réduire ainsi significativement les complications, les co-addictions et la surmortalité. Elle ajoute que la notion de diagnostic différentiel est inhérente à la pathologie psychiatrique et fait partie du quotidien des psychiatres. Les examens d’imagerie complémentaires font partie de leur questionnement clinique quotidien. Il est à noter que 1 à 2 % des pathologies psychiatriques sont d’origine organique. Et selon des études récentes, des anomalies cérébrales sont retrouvées en IRM chez 1 à 60 % des patients porteurs d’une pathologie psychiatrique. La plupart de ces anomalies sont cependant sans conséquence puisqu’elles ne modifient le diagnostic que dans moins de 20 % des cas. La grande majorité des anomalies retrouvées est représentée par les séquelles ischémiques ou les atrophies.

L'imagerie présente donc plusieurs intérêts dans les pathologies psychiatriques : écarter un diagnostic différentiel, identifier une pathologie associée ou une complication du trouble.

Proposer un diagnostic positif des pathologies psychiatriques

La recherche actuelle publie des résultats encourageants qui permettront dans un futur proche de proposer un diagnostic positif des pathologies psychiatriques grâce à l'intelligence artificielle et l’étude des connectivités grâce à l’IRM fonctionnelle de repos. Le docteur Macaigne précise : « On sait que la fréquence des anomalies retrouvées en IRM est corrélée à la technique utilisée. L’imagerie sera de préférence réalisée sur une IRM 3T, avec une antenne 32 canaux ».

Quant au protocole proposé pour le bilan des pathologies psychiatriques, il est simple et rapide : 3D T1, SWI, 3D Flair et une diffusion. L’injection n’est pas forcément nécessaire. On sait par ailleurs que la présence d’anomalies encéphaliques à l’IRM est corrélée à plusieurs facteurs cliniques : à l’association de signes neurologiques, un âge de début des symptômes inhabituel, un changement de personnalité...

La gestion des patients présentant des troubles mentaux par l’équipe d’imagerie est parfois complexe, et nécessite une adaptation constante des soignants à chaque patient en fonction de sa pathologie.

Le docteur Valérie Macaigne précise : « Chez Nora Imagerie, membre du réseau Vidi, nous notons actuellement un intérêt grandissant de l’imagerie chez ces patients. Cette activité ne cessera de croître dans les années à venir... Nous espérons en effet pouvoir proposer prochainement en routine clinique un diagnostic positif de certaines pathologies psychiatriques grâce aux techniques d’imagerie avancée. Ces patients feront partie de notre quotidien et il est indispensable de pouvoir leur proposer une prise en charge adaptée à leur pathologie ».

Elle conclut : « C’est tout ce que l’on souhaite en tant que médecin radiologue : permettre aux patients de guérir ou de vivre mieux grâce à des soins adaptés ».

Dr Valérie Macaigne
Le Havre

Article paru dans la revue « Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues » / RADIO ACTIF N° 48

 

 

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