L’hygiène hospitalière : Interview du Dr Stuti Denis-Petit

Publié le 20 Sep 2022 à 11:20


Bonjour Stuti, merci d’avoir accepté et pris le temps de répondre à ces quelques questions.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Stuti Denis-Petit, 30 ans et parisienne depuis toujours !

Où en es-tu dans ton parcours IPR ?
J’ai fini mon internat en novembre 2021 et je suis actuellement assistante spécialiste à Foch dans l’équipe d’hygiène hospitalière. En novembre, je prendrai un poste en tant que praticien hospitalier contractuelle à l’AP.

Quel parcours IPR as-tu choisi de réaliser ?
J’ai réalisé une maquette IPR 100 % hygiène hospitalière avec un master 2 en microbiologie.
J’ai fait un premier stage en microbiologie et dosage des anti-infectieux puis des stages en équipe d’hygiène, stage partagé entre hygiène et équipe mobile d’infectiologie et un stage au siège de l’APHP à l’équipe d’appui de toutes les équipes d’hygiène. J’ai donc pu acquérir des compétences en microbiologie, bon usage des antibiotiques, infectiologie, prévention du risque infectieux. Pendant la pandémie, j’ai géré la mise en place de la vaccination COVID sur un hôpital pour les soignants et les patients ! Un des stages les plus marquants a été aussi celui où j’ai dû gérer une épidémie de bactériémies en réanimation néonatale qui durait depuis un an. Comprendre l’origine de l’épidémie et réussir à la stopper était vraiment gratifiant. J’ai d’ailleurs choisi le thème de la prévention du risque infectieux en réanimation néonatale comme sujet de thèse ! Ce sont des stages souvent très responsabilisants lorsqu’on est pro-actifs et motivés !

Quel a été le questionnement d’une thèse de science ? A quel moment ?
La thèse de science n’était pas indispensable dans mon parcours, et vu que je n’ai pas d’appétence particulière pour la recherche ni la carrière hospitalo-universitaire, je n’en ai pas fait. Afin de valider ma maquette de DES, j’ai réalisé un DU, l’UE bactério/viro des biologistes, et deux UE pharma en plus de mon master 2.

Peux-tu nous expliquer en quoi consiste le métier de pharmacien hygiéniste à l’hôpital ?
Un pharmacien ou médecin hygiéniste est le responsable de la prévention du risque infectieux dans un hôpital. On forme un binôme complémentaire avec les infectiologues. Globalement notre but est de surveiller l’air, l’eau, les patients de l’hôpital… afin de s’assurer qu’un patient n’acquière pas d’infections à l’hôpital. Ce rôle consiste en de nombreuses actions tels que l’écriture de procédures, des audits, des formations, mais aussi de véritables enquêtes sur le terrain lors de certaines infections/épidémies dont on doit retrouver l’origine. C’est un métier transversal dans lequel on travaille avec tous les corps de métiers : les soignants, les agents de bionettoyage, la direction, les plombiers, les entreprises qui réalisent les travaux… toute personne qui intervient dans l’hôpital. Aucune journée ne se ressemble, et c’est beaucoup de responsabilité ! Il faut aimer la communication, manager des personnes et aimer toucher à tout !
D’ailleurs le nom des hygiénistes va changer très prochainement : nous allons nous appeler plutôt les praticiens de prévention du risque infectieux pour ne plus être confondus avec les agents de bionettoyage.

Voudrais-tu dire quelques mots pour conclure ?
Mon parcours IPR était une énorme chance pour vraiment pouvoir me spécialiser pendant 5 ans dans mon domaine ! Et c’est vraiment valorisé aujourd’hui, j’ai beaucoup d’opportunités de postes à l’hôpital ! Le message le plus important que j’aurais pour vous est celui d’être pro-actif : faites ouvrir des postes, faites des interchu si ça n’est pas possible. Mais essayez de voir le plus d’hôpitaux différents, pour avoir une vision d’ensemble. Il y a presque autant de façon de faire de la prévention du risque infectieux qu’il y a d’équipe d’hygiène ;) Et merci à tout ceux qui se sont battus pour conserver cette filière qui est vraiment celle de prédilection pour l’hygiène !

PS : j’ai participé à l’élaboration de la commission jeune de la société française d’hygiène hospitalière (SF2H) qui s’appelle le JePPRI. N’hésitez pas à nous écrire si vous avez des questions !

Rémy COUDEREAU
Article paru dans la revue “ L’Observance” / FNSIP n°35

 

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