KINEGO : Un outil de simulation en santé pour recruter des maitres de stage liberaux en île-de-france

Publié le 30 May 2022 à 11:29

Le projet de simulation KinéGo a été élaboré en 2018, par l’URPS Kiné Île-de-France afin de permettre aux futurs tuteurs et maîtres de stage libéraux d’auto-évaluer leurs compétences d’encadrement des stagiaires, notamment dans le cadre du clinicat.
Ce travail, mené en co-construction avec les IFMK franciliens, la FNEK et le CROMK d’Île-de-France, trouve son origine dans l’analyse du contexte de la formation initiale (Figure 1).

Le recrutement de maitres de stage libéraux : un besoin urgent
Les travaux sur la réforme de la formation initiale des masseurs-kinésithérapeutes, achevés en 2015, ont abouti à une refonte complète du programme avec la prise en compte de la première année universitaire et l’ajout d’une année de formation supplémentaire. La première promotion formée avec ce nouveau référentiel a été diplômée en juin dernier. La dernière année de formation comportait notamment un stage long de 3 mois (« clinicat » intégré dans l’Unité d’Enseignement 30) durant lequel l’étudiant pouvait assurer des soins de kinésithérapie aux patients, sous la supervision d’un maître de stage.

L’année de formation supplémentaire a entrainé à la rentrée universitaire 2018- 2019, une augmentation de près de 25 % du nombre d’étudiants dans les IFMK. Par conséquent, le recrutement en maitres de stage pour accueillir les étudiants a dû suivre cette même tendance. La profession de kinésithérapeute étant très majoritairement tournée vers l’exercice libéral (près de 85 % selon le dernier rapport sur la démographie du CNOMK), le recrutement des maitres de stage ne doit pas seulement se concentrer dans les établissements de santé, d’autant que la part de places de stage a diminué de 30 % ces dernières années. Par conséquent, le mode d’exercice libéral est devenu, dans le cadre du virage ambulatoire, un véritable lieu de formation clinique.

En Ile-de-France, ce sont près de 700 terrains de stage supplémentaires qu’il a fallu trouver pour les étudiants, en septembre 2018. L’URPS Kiné Ile-de-France s’est donc engagée sur ce sujet en répondant à cet enjeu : recruter en quelques mois, des centaines de maitre de stage libéraux, tout en s’assurant d’une bonne qualité d’encadrement par ces professionnels ?

Une problématique prise en compte depuis plus de 10 ans
Un groupe de travail constitué en 2008 par Dominique Pelca, alors président du Conseil Régional de l’Ordre d’IDF, réunissait déjà les principaux acteurs de la formation, directeurs d’IFMK, FNEK, syndicats libéraux et représentants des cadres des établissements.

L’URPS Kiné IDF a poursuivi ce travail entre 2012 et 2014, sous l’impulsion d’Yvan Tourjansky (chef de projet) et Philippe Cochard (président), grâce à un financement de 50 000 euros de l’ARS IDF. Ce financement a permis l’élaboration d’un programme de formation des tuteurs libéraux ainsi que la réalisation de sessions de formation à destination des kinésithérapeutes libéraux exerçant en zones sous-dotées. Des documents de suivi de stage ont également été réalisés. Les 3 sessions ont permis de former plus de 30 kinésithérapeutes franciliens.

Ce travail a été relayé par yvan Tourjansky auprès des ministères dans le cadre des travaux de refonte du référentiel de formation, notamment pour la constitution des unités d’enseignement relative aux stages, ainsi que pour les recommandations de la DGOS mentionnées dans l’instruction n° DGOS/RH1/2016/330 du 4 novembre 2016 relative à la formation des tuteurs de stages paramédicaux.

La simulation en santé pour répondre aux besoins urgents
La mandature menée par Yvan Tourjansky depuis fin 2015 a décidé d’amplifier ce projet en proposant un dispositif de simulation qui soit en mesure de former le maximum de professionnels pour répondre à l’urgence de la présente situation en IDF, le format présentiel pouvant difficilement répondre à l’ensemble des besoins.

Le groupe de travail a été réactivé, David Cherubin (MKDE, élu URPS kiné IDF, enseignant au CEERRF et à l’ENKRE, certifié en simulation en santé) a été nommé chef de projet.

Le comité de pilotage sur ce projet a réuni :
• Le conseil régional de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes d’Ile-de-France ;
• Les Instituts de Formation en MassoKinésithérapie (IFMK) d’Ile de France, y compris ceux formant les étudiants déficients visuels (IFMK DV) ;
• La Fédération Nationale des Étudiants en Kinésithérapie ;
• Les représentants des terrains de stage salariés et libéraux.

L’ARS IDF s’est une nouvelle fois impliquée sur cette thématique et a signé avec l’URPS une convention financière de près de 100 000 euros, le 4 octobre 2018.

KinéGo : 1 an de travaux et 6 séquences pédagogiques

L’outil de simulation de santé, dénommé KinéGo, est accessible à tous les kinésithérapeutes libéraux d’Il-de-France qui souhaitent s’auto-évaluer sur leurs compétences d’encadrement et leur connaissance de la réforme. L'URPS a fait appel à la société SIM FOR HEALTH, un des leader en termes de simulation médicale et le groupe de travail a élaboré 6 séquences pédagogiques (15 minutes / scénario) dans lesquelles le kinésithérapeute est mis en situation :

• Accueil du stagiaire et définition des objectifs de stage (Figure 2 et 3) ;
• Situation emblématique de formation clinique ;
• Connaissance de la réforme des études ;
• Situation avec erreur et accompagnement du stagiaire ;
• Communiquer (interagir) avec les autres professionnels de santé en formalisant le dossier patient ;
• Situations d'évaluation


 

 

Le chef de projet, David Cherubin, s’est entouré de deux stagiaires (Figure 4) :



• Jade LIN (étudiante en école d’ingénieur), assistante chef de projet, dont la mission principale a été de constituer la stratégie de communication de l’outil, la préparation de sa sortie, sa promotion à travers notre site internet, ainsi que l’intégration des contenus pédagogiques sur la plateforme ;

• Marine BERCY (étudiante en kinésithérapie en 2018) a participé à la rédaction des dialogues et des questionnaires.

Après 1 an de travaux, KinéGo est accessible à tout kinésithérapeute libéral francilien souhaitant accueillir des étudiants en stage. La préparation de la sortie de KinéGo a fait l’objet d’une large campagne de communication :

• Une campagne en format papier a été réalisée avec l’envoi le 10 octobre 2018 d’une carte postale envoyée aux 9 786 kinésithérapeutes libéraux franciliens.

• Aurélie Morichon, kinésithérapeute francilienne, intervenante auprès de plusieurs IFMK franciliens, a été missionnée pour réaliser une série de vidéos explicatives permettant de présenter l’outil KinéGo et les 11 compétences de notre référentiel métier.

• Des affiches ainsi qu’un dépliant de présentation ont été envoyées aux IFMK franciliens.
• Des communications orales ont été faites auprès des instituts de formation paramédicaux (mars 2018), lors de la soirée d’information des étudiants kinés franciliens (mai 2018), mais aussi au congrès de l’AP HP (octobre 2018).

• De multiples posts ont été publiés sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter et LinkedIn à partir de notre page personnelle « URPS Kiné Ile de France ».

Si un kinésithérapeute souhaite accueillir un étudiant en stage, voici la démarche à accomplir :
• S’inscrire sur le site de l’URPS Kiné IDF sur lequel il trouvera le lien vers KinéGo.
• Réaliser gratuitement l'auto évaluation sur KinéGo.

Prendre contact avec un IFMK et transmettre le résultat obtenu. A ce moment, plusieurs possibilités se présentent :
• L’IFMK délivre l’agrément,
• L’IFMK forme le kinésithérapeute sur ses éventuelles lacunes,
• L’IFMK redirige le kinésithérapeute vers une formation complémentaire.

L’URPS Kiné IDF intègre dans ce projet le modèle économique des maitres de stage libéraux, qui, libèrent un temps de leur exercice pour former l’étudiant. Les textes en vigueur interdisent l’accroissement de l’activité du professionnel accueillant un stagiaire et la facturation des actes dans le cadre conventionnel doit correspondre à une activité d’un professionnel. Cependant, des avancées ont été obtenues :

• L’avenant 5 à la convention nationale des masseurs kinésithérapeutes permet aux kinésithérapeutes ayant adhéré à un contrat de création de cabinet, d’installation, ou de maintien d’activité en zone sous-dotée ou très sous-dotée, de bénéficier d’une rémunération complémentaire de 150 euros par mois pour l’accueil d’un étudiant stagiaire pendant la durée du stage de fin d’études. Bien que centrée seulement sur certaines zones franciliennes, cette mesure constitue une 1ère reconnaissance de l’engagement des kinésithérapeutes pour l’accompagnement de la formation des futurs kinésithérapeutes. L’URPS va proposer à l’ARS IDF de l’étendre à certaines zones intermédiaires, également déficitaires en offre de soin.

• L’APHP a annoncé la rémunération des tuteurs pour les kinésithérapeutes exerçant au sein de ses établissements.

• Dans le cadre de notre mission d’accompagnement du DPC, l’URPS a rencontré les responsables de l’Agence National du DPC en juillet 2018. KinéGO est considéré comme un outil de formation innovant par l’agence et peut être pris en charge s’il est porté par un organisme de formation agréé. C'est pourquoi des contacts ont été également pris avec les organismes de formations mais aussi avec des établissements hospitaliers.

La réforme de la formation initiale va permettre à certains d’embrasser la filière de recherche, mais il ne faut pas oublier que l’étudiant doit en plus de sa formation théorique avoir une formation pratique encore plus réflexive.

D’autres formations (sages-femmes, ostéopathes, ingénieurs…) ont des stages bien plus longs en dernière année avec des conditions d’exercice valorisée (gratification ou salaire pour les étudiants, statuts de l’étudiant, financement des tuteurs, valorisation des actes effectués par les étudiants, statut du maitre de stage). KinéGo constitue aujourd’hui un véritable outil de professionnalisation de la maitrise de stage et nous permet de tendre vers le modèle que nous visons, à savoir celui du maitre de stage de médecine générale.

L’URPS Kiné IDF se tient à la disposition de tous les IFMK qui souhaiteraient avoir plus d’informations sur ce dispositif. Un modèle économique est en cours de constitution afin de permettre au plus grand nombre d’utiliser cet outil.

Yvan TOURJANSKY, président et Guillaume RALL, directeur
[email protected]

            Article paru dans la revue “Syndicat National de Formation en Masso-Kinésithérapie” / SNIFMK n°10

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