Interviews Flashs - Les chirurgiens ont la parole

Publié le 24 May 2023 à 12:28


Dr Julien GUIHAIRE
CCML
En tant que directeur du Conseil scientifique, quel est le rôle du comité scientifique dans la construction de la CTCV ?
La première mission du comité scientifique est d’animer la vie scientifique en concevant le programme du congrès. Cela nous occupe de septembre à mai de l’année suivante. Cette animation de la vie scientifique se traduit aussi par des webinaires thématiques mensuels, ouverts à tous. Certains sont réservés aux jeunes : comment présenter un résumé, comment transformer ses travaux en publications scientifiques, etc. La deuxième mission, spécifiquement tournée vers les jeunes est l’attribution des bourses à la fois pour financer son master mais aussi pour une mobilité. Enfin, le comité scientifique à un rôle consultatif. Il évalue le projet scientifique d’un des membres, quel que soit son âge et lui ouvre l’accès aux bases de données pour mener à bien sa recherche.

 


Pr Michel KINDO
Strasbourg
Michel Kindo, secrétaire de la SFCTCV
Sur l’avenir de la chirurgie cardiaque
La chirurgie cardiaque est en mutation côté formation et dans l’exercice quotidien. Les jeunes chirurgiens bénéficient aujourd’hui de formations à travers les enseignements du Collège, les séminaires de simulation, l’inter-CHU ou la mobilité à l’étranger. Dans l’exercice au quotidien, la chirurgie cardiaque est en mutation de par les nouvelles technologies, partagées avec la cardiologie interventionnelle. Il est important que les jeunes s’y forment. De manière globale, le travail d’un chirurgien s’inscrit dans une équipe pluridisciplinaire pour trouver les meilleurs options thérapeutiques au bénéfice des patients avec une espérance de vie rétablie et c’est gratifiant. C’est une spécialité merveilleuse qui demande de l’engagement et de la passion. En étant curieux, passionné et impliqué, on réussit.

 


Pr Jacques JOUGON
Bordeaux
Quelles sont les dernières nouveautés dans la prise en charge du cancer pulmonaire ?
Les innovations ne sont pas seulement chirurgicales mais aussi dans les traitements médicaux avec un panel de traitements en immunothérapie et en thérapie ciblée qui repositionnent la chirurgie :

  • La chirurgie vient en complément d’un traitement médicamenteux, y compris pour des patients métastasiques. Aujourd’hui, les traitements sont si innovants que – parfois - lors de l’opération, la tumeur n’est plus active.
  • Les patients qui ne pouvaient pas bénéficier d’une chirurgie peuvent aujourd’hui y accéder grâce à ces traitements.
  • La chirurgie sera la pierre angulaire thérapeutique des programmes de dépistage du cancer bronchique. Le scanner de dépistage, dans la population ciblée, permettra de dépister des petits nodules pulmonaires dont certains pourraient être des petits cancers accessibles à un traitement radical par la chirurgie. Les innovations technologiques associant les techniques de repérage et de navigation péri-opératoires ainsi que les techniques mini-invasives (thoracoscopique ou robo-asistée) permettront de réduire la morbidité chirurgicale au bénéfice des patients.


Dr Jérôme SOQUET
Lille
Quelle est la place de la chirurgie cardiaque congénitale ?
La chirurgie cardiaque congénitale, sans doute du fait de sa rareté, est encore assez peu connue de nos collègues. Elle concerne majoritairement les enfants mais touche aussi les adultes dont la population est croissante, de telle sorte que tout chirurgien cardiaque « adulte » est forcément confronté à des patients congénitaux. La spécialité est pratiquée par un groupe resserré de chirurgiens en France. Néanmoins, il serait pertinent que chaque interne de CTCV y consacre a minima un stage dédié dans son parcours.

La chirurgie congénitale et pédiatrique est particulièrement exigeante. Les complications éventuelles sont difficiles à assumer parce que cela touche des enfants et car la technique peut être complexe au vu de la finesse et de la fragilité des structures. Aux futurs chirurgiens qui souhaitent suivre cette voie, je suggère, idéalement, de compléter leur formation en France par une mobilité à l’étranger.

 


Pr Françoise
LE PIMPEC BARTHES
Paris
Quel parcours pédagogique pour réussir sa carrière chirurgicale ?
Ayant validé le choix de la spécialité de CTCV, le jeune interne doit s’investir personnellement et s’autoévaluer à chaque semestre, dans une démarche active pour sa formation. Les lectures sur les techniques, les pathologies et les recherches publiées dans la littérature sont essentielles. L’apprentissage pédagogique doit être progressif au sein d’équipes qui, en début de parcours, prennent le temps d’enseigner le B.A.BA de la discipline, encadrent l’interne dans ses premiers gestes et le confortent dans ses aptitudes.

Si l’engouement pour l’apprentissage de gestes techniques de plus en plus complexes est nécessaire, être chirurgien c’est aussi connaître et maîtriser tout le parcours patient : avant, pendant et après la chirurgie. Toutes ces étapes s’apprennent grâce au compagnonnage quotidien au sein des services. Un Master est fortement recommandé pour s’initier à la recherche et prendre du recul sur sa propre formation. Réaliser un parcours équilibré se fait avec l’aide des coordonnateurs, des chefs de services, la SFCTCV et l’AJCTCV. Le parcours pédagogique ne doit pas être standardisé afin de conserver les originalités individuelles et la possibilité de développer des niches d’activités plus rares. Sur un fond commun de stages dans des services experts incontournables, souvent grâce à des inter-CHU recommandés ou des stages à l’étranger, les services plus « atypiques » ont un intérêt pour une formation complète. Le choix du mode d’exercice après la formation initiale doit être réfléchi au fil des rencontres et des opportunités.

Article paru dans la revue « Revue du jeune chirurgien thoracique, cardiaque et vasculaire » / AJCTCV N°1

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