Interviews

Publié le 20 Feb 2024 à 10:02
Article paru dans la revue « ANIMT - Magazine des Internes de Médecine du Travail » / Mag'ANIMT N°2

 


Dr LAHMAR Ahmed
Médecin du travail
EDF Tricastin

  • Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?

DES Médecine du Travail à Lyon en 1996, j’ai d’abord exercé en service inter entreprise pendant 18 ans puis en service autonome depuis 9 ans (AREVA puis EDF sur la région du Tricastin). La pratique de la plongée durant mon service militaire en Nouvelle-Calédonie m’a conduit par la suite à réaliser le DU de médecine hyperbare. J’occupe par ailleurs le poste de médecin référent sur le sujet du travail à la chaleur au sein d’EDF depuis 2022.

  • Quels types de salariés suivez-vous ?

Mon secteur est principalement du domaine opérationnel industriel, conduite des réacteurs, surveillance métrologique et chimique de l’installation.

  • Pourquoi vous être orienté vers la spécificité nucléaire à la suite de votre spécialisation en médecine du travail ?

J’ai toujours trouvé fascinant cette capacité de l’Homme de produire ce bien essentiel qu’est l’électricité à partir d’un minerai, et très stimulant sur le plan intellectuel de comprendre les cascades de réactions qui conduisent in fine à chauffer de l’eau ! le suivi médical est particulièrement important et rigoureux dans ce domaine, avec l’atout de disposer du suivi précis de l’exposition des salariés au travers du port des dosimètres.

  • Quels sont les différents risques auxquels les salariés que vous êtes amené à suivre peuvent être exposés ? Vous êtes-vous formés à la prévention de ces risques en amont de votre poste actuel ?

Comme évoqué, l’exposition aux rayonnements ionisants est la première des expositions à laquelle on pense mais il faut ajouter un ensemble de risques communs aux milieux industriels classiques : risque chimique (dont certains produits CMR), risque liée à la chaleur des installations (brûlures, malaises, coup de chaleur..), risque traumatique, RPS…
Les formations initiales sont un socle qu’il faut développer au travers de DU, séminaires… certaines formations se sont faites en amont comme le DU de radioprotection appliquée à la médecine du travail, d’autres durant la pratique de l’activité ; aller en formation en ayant un peu de pratique sur le sujet peut aussi être une aide dans l’appropriation des connaissances.

  • Avec quels autres professionnels, de santé ou non, collaborez-vous au quotidien ?

Au quotidien avec les infirmières et les assistantes, la collaboration avec un psychologue est aussi une aide précieuse même si elle est moins régulière. Nous échangeons assez régulièrement avec les services supports de l’entreprise (type RH) et les managers. Selon les situations rencontrées, il existe aussi des contacts avec les médecins de soins.

  • Quelles sont les tâches propres au médecin du travail que vous préférez réaliser au quotidien ?

Être médecin c’est avant tout pour la pratique du colloque singulier que l’on a avec nos salariés, voire patients lorsque nous sommes amenés à les prendre en charge pour des soins à l’infirmerie. Réaliser des études de poste avec en particulier de la métrologie est un 2ème pan du métier important, attendu, intéressant mais pas toujours réalisable faute de temps.

  • Quelles sont les opportunités de formation en radioprotection que vous pouvez conseiller aux internes de médecine du travail ?

Sans hésitation le DU de Radioprotection ou le GIFEN ! S’y ajoutent des séminaires, congrès type AMTSN (association des médecins du nucléaire)…

  • Selon vous, quelles qualités vous ont le plus aidé dans votre pratique de la médecine du travail ?

Je dirai que la position d’écoute et de conseil aussi bien vis-à-vis des salariés que des employeurs m’ont aidé, ainsi que la prudence dans la rédaction de nos avis.

  • D’autres formations complémentaires sur des sujets plus spécialisés (ex : hyperbarie, toxicologie, médecine du sommeil, médecine du sport…) auraient-elles pu vous plaire ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

Je regrette de ne pas avoir fait de formation en médecine du sport, qui sait ?!

 


Dr LANGRAND Jérôme
Chef de service du Centre Anti-Poison de Paris

  • Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?

Jérôme LANGRAND, médecin, chef de service du centre antipoison de Paris.

  • Pourquoi vous être orienté vers la pratique toxicologique à la suite de votre spécialisation en médecine du travail ?

Par intérêt pour la toxicologie médicale avant tout, et parce que l’exercice unique de la médecine du travail seule ne me correspondait pas.

  • Que vous apporte en plus la pratique de la toxicologie que vous n’aviez pas forcément trouvé dans la formation initiale de médecin du travail ?

Une pratique clinique d’une part, et d’autre part une stimulation intellectuelle importante. Le sentiment d’acquérir une compétence peu répandue.

  • Avec quels autres professionnels, de santé ou non, collaborez-vous au quotidien ?

Pour les professionnels de santé, tous ceux qui nous contactent pour nous demander des avis toxicologiques. Quotidiennement, les autorités de santé (ARS) ou administratives (Mairies, préfectures, gendarmes ...). Également des scientifiques experts dans d’autres disciplines connexes (mycologues, ethnobotanistes, herpetologues, chimistes... ). Toutes les semaines, des journalistes, car on trouve des sujets toxicologiques en permanence dans l’actualité.

  • Quelles sont les tâches que vous préférez réaliser au quotidien ?

Revoir les nouveaux cas d’intoxication qui nous sont rapportés chaque jour pour y trouver des cas d’intérêt scientifique ou relevant d’une possible problématique sanitaire émergente ou préoccupante.

  • Quelles sont les opportunités de formation en toxicologie que vous pouvez conseiller aux internes de médecine du travail ?

En 1/ venir au CAP, et sinon le DIU de toxicologie ou les masters de type THERV. Mais il me semble que c’est seulement la pratique concrète qui est la seule à pouvoir rendre la toxicologie vivante et intéressante. Donc venez au CAP !

  • Selon vous, quelles paraissent être les qualités à avoir pour pratiquer la toxicologie ?

La curiosité. Probablement un petit côté « NERD », un peu de fantaisie.

  • D’autres formations complémentaires sur des sujets plus spécialisés (ex : hyperbarie, radioprotection…) auraient-elles pu vous plaire ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

J’avoue que non, la médecine hyperbare et la radioprotection m’intéressent en termes de formation initiale, mais leur pratique quotidienne ensuite ne m’intéresse pas beaucoup.
La toxicologie ouvre sur autre chose que la médecine, sur des aspects sociétaux, culturels, probablement + que dans d’autres disciplines. Si vous êtes curieux, qu’un peu de clinique vous manque mais que la pratique médicale « classique » (hospitalisation, consultation) ne vous satisfait pas, c’est à tenter.

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Publié le 1708419740000