Interview : Anne HERSART, Mg et Maître de stage

Publié le 13 May 2022 à 12:01

Envisager les évolutions de l’hôpital et les pratiques d’autres confrères

Anne Hersart, médecin généraliste installée à Villeurbanne, est maître de stage universitaire rattachée à l’université de Lyon depuis novembre 2016. 

Photo : Le Dr Anne Hersart (au 1er plan)
et son interne Jéromine Morizur
Copyright : © B. Gaudillère / item

H.- Pourquoi être maître de stage universitaire ?
Anne Hersart.- Quand j’étais interne, un de mes praticiens était très engagé dans la maîtrise de stage et cela m’a motivée, à mon tour, d’avoir ce rôle et vite. Certains préfèrent être en exercice plusieurs années avant de passer le cap. Au contraire, je souhaitais garder le contact avec l’université et la pédagogie en étant MSU le plus tôt possible, soit après trois années d’exercice.

H.- La formation pour être MSU vou a-t-elle été utile ?
A.H.- Oui et pas seulement dans l’encadrement des internes mais aussi dans ma pratique au quotidien, dans la relation avec les patients par exemple. En tant que médecin traitant, une grosse partie de notre travail est l’alliance thérapeutique pour rendre le patient acteur d’un changement dans son mode de vie (alimentation, tabac, activité physique, …), l’observance d’un traitement, etc. La pédagogie est aujourd’hui fondamentale d’autant plus que le modèle de relation médecin-patient paternaliste ne semble plus correspondre aux attentes des patients et aux données actuelles de la recherche.

H.- Comment se passe concrètement l’encadrement des internes ?
A.H.- Nous sommes 2 ou 3 MSU à accueillir chaque interne et, en ce qui me concerne, j’accueille un interne qui effectue son premier stage en MG, une journée par semaine. Pendant cette journée, nous prenons un temps de consultation plus large, de 30 minutes par patient en moyenne. Ces derniers sont avertis en amont que la consultation aura lieu en binôme. Au fur et à mesure des semaines de stage, je laisse de plus en plus d’autonomie à l’interne jusqu’à m’effacer complétement lorsque les compétences des internes le permettent. Pour autant, nous faisons toujours un débriefing ensemble.

H.- Comment évaluez-vous les internes ?
A.H.- L’évaluation est constante et progressive, c’est une évaluation formative. C’est important pour les internes de comprendre les compétences attendues qui seront évaluées. D’ailleurs, j’essaye parfois d’inverser les rôles : je leur demande de m’évaluer le temps d’une consultation pour qu’il s’approprie les critères d’évaluation.

H.- Que diriez-vous à des confrères qui hésitent à devenir MSU ?
A.H.- Qu’ils n’hésitent pas ! C’est extrêmement enrichissant car il s’agit d’un échange avec les internes et cela nous permet aussi d’envisager les évolutions de l’hôpital et les pratiques d’autres confrères. La journée passée avec l’interne est aussi une respiration, ce n’est pas négligeable dans nos semaines parfois très chargées. Enfin, être MSU permet d’échanger avec d’autres maîtres de stage et d’éviter le repli sur soi professionnel.

MSU : une question de chiffres

Le généraliste qui souhaite être MSU doit réaliser entre 2 500 et 7 000 actes par an, recommandation de la charte des maîtres de stage universitaire. Un minimum de 2 500 actes annuels pour pouvoir "faire découvrir à l’étudiant les divers champs de la médecine générale" et un maximum de 7000 afin de "ne pas nuire à la disponibilité du médecin à l’égard de l’étudiant". Autre obligation de la charte qui semble aujourd'hui désuète : les internes doivent avoir "un accès internet et la possibilité d'effectuer des recherches documentaires" dans les locaux du praticien...

C’EST QUOI ÊTRE UN BON MSU ?

Jéromine Morizur, en 5e semestre en MG à Lyon-Est.

« Selon moi, les critères, pour être un bon MSU est l’écoute, savoir prendre le temps d’échanger et être capable de donner un avis sur nos compétences pour que l’on puisse progresser sans que cet avis se transforme en jugement. En cabinet de MG, en général, les médecins prennent davantage le temps de partager avec nous qu’à l’hôpital où nous faisons tout de suite partie du service et où certains praticiens sont moins à notre écoute.». + d’infos sur le site du Collège national des généralistes enseignants https://www.cnge.fr/

Article paru dans la revue “Le magazine de l’InterSyndicale Nationale des Internes” / ISNI N°22

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