Interne d'hier, pédiatre d'aujourd'hui

Publié le 09 May 2022 à 15:26

 

En réanimation néonatale

En médecine, il existe des extraterrestres : les pédiatres. Parmi eux, il existe un sous-groupe encore plus bizarre : les néonat…
Comment devient-on bizarre parmi les extra-errestres ? Bonne question !!

Sorti des grands discours sur la vocation, les « j’ai toujours voulu être pédiatre » (pas du tout mon cas, moi j’voulais être archéologue quand j’étais petite ! Ou comment passer de Indiana Jones à Dr Doug Ross ! J ) ou autres phrases toutes prêtes, c’est un peu plus une histoire de passion, un genre de coup de foudre quoi !

Le prélude : un passage d’une matinée en P2 sur un des multiples stages de sémiologie en néonatologie à la Pitié Salpétrière : le service fermé au fond du couloir ou personne ne veut aller et ou la PH nous a consacré 2h pour nous faire visiter et nous montrer de quoi il s’agissait.

Les stages passent ensuite, dont celui de pédiatrie : c’est la valse des envies ! Je serai chirurgien, je serai épileptologue... Pédiatre ? Bof bof !!!

Arrivée en D3 (tard quand même…) le stage de gynécologie obstétrique : 3 mois en gynéco à la Pitié toujours. Rebelote : personne ne veut aller en néonatologie sur le roulement des externes : moi j’veux bien !! Résultat : j’y vais pour 1 semaine, mais j’y suis restée 1 mois et demi sur les 3 mois ! Cette fois les choses étaient assez claires : j’veux faire pédiatrie mais pour faire de la réanimation néonatale !

A partir de là : les choses se sont enchaînées assez logiquement : avant de plonger 4 ans dans un internat plutôt prenant : faut-il être sûre de son choix ! Il me faudrait donc un stage d’été de D4 dans l’esprit : « Va à Trousseau en réanimation » !
C’est parti : 1er des passages : ça se confirme : objectif réanimation néonatale !

Le classement internat est au vert : ZOU ! Pédiatrie Paris : direction la « périph » : Evry ! 1er stage de réanimation néonatale. C’est l’éclate totale ! Tout le monde est sympa, l’activité complète (réanimation, USI, néonatalogie, UK, salle de naissance) : des gestes, du suivi, et en plus une partie qui ne me laisse pas indifférente : l’accompagnement, le palliatif. Comme ça s’est vraiment très bien passé et que je m’entendais bien avec l’équipe, j’ai continué à y prendre régulièrement des gardes d’interne puis de sénior : une expérience non négligeable, très clairement !

Mon internat a clairement été orienté vers la réanimation néonatale : en tout 4 semestres de réanimation, de la cardio au CCML (2ème grande découverte de mon internat), de la pneumo et de la neuro et un M2 sur la DBP (bon avec beaucoup de gardes quand même !).

Pour faire de la néonatologie ce qui est bien c’est qu’il faut être assez polyvalent : il vaut mieux éviter d’avoir deux mains gauches pour les gestes, avoir des connaissances dans pas mal de sous-spécialités (avec toute la stratégie des choix de stage d’internat qui va avec) : génétique, pneumologie, neurologie, gastroentérologie, néphrologie et bien sûr : la cardiologie !

Avoir des notions c’est parfait, mais en fait c’est quand même bien sympa la cardio : un petit stage en réanimation des cardiopathies au CCML, un DU, un DIU, des gardes et une petite thèse : bon et bien la réanimation des cardiopathies congénitales c’est passionnant aussi !

Et enfin, pour boucler « l’internat orienté vers la néonatologie » : en dernière année, il faut s’inscrire au DESC de néonatologie, passage obligatoire. Dernière étape de la formation pratique : le clinicat : le CCU-AH, dis le CCA ! C’est encore autre chose !

On passe sur la course aux postes en ellemême, c’est un autre sujet. Le clinicat, ou l’assistanat selon, c’est surtout le 1er gros poste : 2 ans au même endroit, avec la même équipe : plus d’autonomie, plus d’investissement, plus de patients, plus de continuité. Ça y est, pas besoin d’aller choisir tous les 6 mois ! Une vrai vie d’équipe se crée, dans le service avec tout le personnel soignant et paramédical, mais aussi avec les autres équipes quand on à la chance d’être en centre hospitalier avec d’autres spécialités : les autres pédiatres, les équipes de SMUR, les gynécologues, les sage-femmes…

Avec les parents aussi c’est différent : informations, bonnes nouvelles, annonce, accompagnement, médecin référent ou pas l’implication est présente ! Avec la grande particularité de la néonatologie : ces nouveaunés qui débarquent souvent trop tôt ou alors pas du tout comme prévu, finalement y’a que le personnel de la réanimation et les parents qui vont bien les connaître avant le retour à la maison ! C’est sûrement pour ça qu’un des plus grand risque de la néonatologie c’est la prise de poids ! La table de la salle de repos est toujours recouverte de chocolats ou bonbons en périodes de fêtes ou lors de sorties des enfants !

N’oublions pas le U de CCA ! Les étudiants ! Il y a le choix : les cours à la fac, les cours aux externes du pôle, les P2 (je sais, c’est plus P2, mais impossible de retenir la nouvelle abréviation), les infirmières et bien sur les internes : soyons francs, majoritairement ils ne feront ni réanimation ni néonatologie : le but est donc d’essayer de leur apprendre le boulot sans les rebuter totalement : les trucs, les astuces, les pièges, leurs montrer leur rôle : transmettre la passion en plus c’est du bonus !

Ensuite, et là c’est encore un peu l’inconnu : ça recommence ! A peine posé dans son 1er bureau les questions reviennent : mais qu’est-ce qu’on va faire après ??? Où on va aller ? 2ème clinicat ou assistanat ? Poste de PH ? Recherche ??? Même service ou ailleurs ??? On verra ça dans 1 an ! ;)

Angèle Boët
CCA en réanimation néonatale au CHU Antoine Béclère
A bientôt en réanimation Antoine Béclère !!
Article paru dans la revue “Association des Juniors en Pédiatrie” / AJP n°10

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