international : EFPT...? ...signifie european fédération of psychiatric trainees

Publié le 26 May 2022 à 16:44


Il s’agit donc de l’association européenne des internes en psychiatrie. Créée en 1993, elle comptait au départ 9 pays membres, contre 32 aujourd’hui. La France en est un membre permanent depuis 1999.

Elle a principalement pour but de défendre une formation en psychiatrie de qualité́ par le biais de son droit de vote à l’UEMS (Union Européenne des Médecins Spécialistes) et de promouvoir le développement des associations nationales.

Le Forum annuel est LE grand événement et permet aux délègues des pays membres de se retrouver quelques jours pour échanger sur la formation et les nouveautés en psychiatrie.

L’Exchange Programme... 
...N'est pas, comme son nom pourrait le laisser penser, un véritable programme d’échange ! 

Il s’agit d’un ensemble de stages d’observation proposes par les internes et pour les internes, sur une courte période (2 à 6 semaines uniquement).

Il est gratuit, facile, sans aucunes formalités administratives (excepté les visas pour certains pays), et repose sur un dossier de candidature par CV, lettre de motivation et lettre de recommandation.  Un niveau de langue suffisant est le plus souvent recommandé (cf. conditions sur le site).

Il existe à ce jour plus de soixante stages d’observations proposes dans les 17 pays suivants : Angleterre, Irlande, Allemagne, Portugal, Italie, Espagne, Belgique, Grèce, Roumanie, Croatie, Slovénie, Turquie, Danemark, Pays-Bas, Suède, Suisse et Russie

Une formidable occasion d’échange culturel et professionnel... ou tout simplement une séance de rattrapage de l’Erasmus dont vous aviez toujours rêvé ! 

Vous trouverez toutes les informations sur le site internet, de la description des stages à la procédure de candidature  http://www.efpt.eu/  Rubrique EXCHANGE ! 

Pour indication, le dépôt des dossiers de candidature avait lieu jusqu'au 30 avril 2018 pour un stage prévu sur la période d’août 2018 à janvier 2019.

Des informations supplémentaires ?
Contactez les coordinateurs français du programme, Charles SO, Valentine GALANTAI ou Laura KREMERS via leur mail [email protected]

Valentine GALANTAI
Référente EFPT AFFEP (Nantes)

Congrès EPA 2018

En février 2018, la magnifique ville de Nice a accueilli la 26ème édition du congrès de l’European Psychiatric Association. Étant donné que cette édition se déroulait « chez nous », l’AFFEP a mis un point d’honneur à y prendre une part active. Nous souhaitions mettre en avant l’initiative des internes français, notre culture, et également faire connaître les spécificités de la psychiatrie française à nos confrères Européens.

Pour cela, l’AFFEP a travaillé sur plusieurs fronts.

La culture et la vie à la française
Nous avons souhaité immerger nos jeunes collègues européens dans la culture française le temps d’une soirée. Pour ce faire, nous nous sommes tournés vers la référente AFFEP de Nice, Anamaria, et l’association des internes de Nice. Ils ont organisé avec brio un dîner pour les jeunes internes de l’European Federation of Psychiatric Trainees, et démontré que les français ont des goûts très sûrs en la matière. Le lieu, un bar à vin avec une décoration à la fois moderne et chaleureuse était très convivial, la nourriture et les boissons de qualité et l’ambiance au rendez-vous. Les retours de nos confrères européens étaient dithyrambiques ! Un grand merci aux niçois !

La formation de la psychiatrie en France
L’année universitaire 2017/2018 est une année riche en bouleversements pour les internes français. Aussi, nous avons pensé qu’il était d’actualité, et opportun, de présenter un poster expliquant la réforme du 3ème cycle et les changements que cela apportait en psychiatrie.

Nous avons également pu, lors d’une communication conjointe avec les Early Careers Psychaitrists et l’European Federation of Psychiatric Trainees, présenter certains résultats de l’enquête E-psychiatrie.

L’hôpital psychiatrique français au quotidien, vu par les internes français
Quatre jours de congrès ça passe vite. Parfois on s’octroie une petite pause, on s’échappe de la conférence et on visite la ville. Assez rarement, voire même jamais, on prend le temps de visiter les hôpitaux psychiatriques de la région où nous sommes allés en conférence. Et pourtant, voir ce que nos collègues voient et vivent au quotidien est très riche d’enseignement.

Aussi nous est venu la folle idée de faire découvrir aux congressistes les hôpitaux psychiatriques français. Amener les 3500 congressites dans les hôpitaux était impossible. La question qui s’est donc posée était : comment faire pour que l’hôpital vienne aux congressistes ? Impossible à réaliser vous vous dites ? Pas tant que ça en fait ! L’AFFEP a conduit il y a environ un an et demi un concours photo « Flash ton HP », où les internes prenaient en photo leur hôpital psychiatrique. Une belle façon de faire découvrir aux collègues européens les hôpitaux psychiatriques français à travers les yeux de ceux qui y travaillent au quotidien.

Nous avons recontacté chaque participant au concours Flash ton HP pour qu’il/elle donne son aval pour la présentation de leurs photos.
Et quelques semaines plus tard : voici le résultat !
Merci à tous les participants au concours Flash ton HP  !!!!
Une nouvelle preuve que les internes français sont dynamiques et plein d’initiatives.

Les internes français, moteurs de discussions d’actualité
Enfin nous avons également pu montrer que les internes peuvent également s’exprimer sur des sujets d’actualité, s’interroger sur les pratiques actuelles et futures. Ainsi, nous avons eu deux espaces de discussion ouverte de type ciné-débat, lors des pauses repas. Nous y avons projeté une petite vidéo, réalisée par quelques membres du bureau.

Elle abordait 3 points principaux : qu’est-ce qu’une application de e-santé ? La machine peut-elle remplacer le contact humain ? Est-ce que la e-psy fait actuellement ?

Nous avons ainsi eu l’occasion d’échanger avec des participants de différents pays sur la définition de la e-psychiatrie, sur les difficultés spécifiques de certains pays, ou de certains types de population, et sur la balance avantages/inconvénients de cet outil.

Nous remercions l’EPA et les Early Career Psychiatrists pour leur soutien vis-à-vis de ce projet, ainsi que les participants qui ont rendu ces ateliers vivants. Un remerciement tout particulier à Clara et Jordan, deux anciens de l’AFFEP qui ont modéré avec brio notre 2ème session de vidéo !

Et je tiens personnellement à féliciter mes compagnons du crime sur ce projet, et sans qui nous n’aurions pas pu mener à bien cet événement : Clémentine, Laura, Valentine, et Romain !

En conclusion, l’édition française a été plutôt réussie. Les internes français se sont démarqués et ont montré leur sens de l’initiative et leur dynamisme  !
Le congrès reviendra à Nice en 2023 et nous espérons que l’AFFEP y aura une place encore plus importante !
D’ici là, nous aurons l’occasion de découvrir les idées d’autres confrères européens, à commencer par les polonais, en 2019.

Audrey FONTAINE
Présidente AFFEP (Lille)

Santé Mentale en Afrique de l'Ouest Au CniPsy 2017

Dans chaque culture, on a une représentation différente des maladies. Chaque culture construit ses propres systèmes de soins adaptés à ses propres représentations.

En Afrique par exemple, la schizophrénie n'existe pas. "La psychiatrie permet au psychiatre d'arriver à poser un diagnostic de schizophrénie dans un monde où probablement la chose n'existe pas". La folie en Afrique, est-ce que ça existe vraiment ?

Dans les années 90 une étude épidémiologique a été menée et conclut que la schizophrénie était moins fréquente en Afrique et qu'elle serait de meilleur pronostic.

Le Congrès National des Internes de Psychiatrie, qui a eu lieu à Montpellier, a été l'occasion de l'intervention de Grégoire AHONGBONON, qui au Bénin et en Côte d'Ivoire, depuis 30 ans se bat pour rendre leur dignité à des hommes et des femmes atteints de troubles psychiatriques.

"Ici pour moi c'est un grand plaisir de venir à cette rencontre, pour dire un peu la honte de l'Afrique.

Je dirais que je suis "réparateur de pneus", et je ne suis pas un psychiatre.
Je suis parti de la foi chrétienne qui m'a conduit un jour à Jérusalem. Au cours de ce pélerinage, le prêtre disait que chaque chrétien devrait participer à la construction de l'Église en posant sa propre pierre. Et c'est cette pierre que j'ai cherchée à mon retour à Bouaké (Côte d'Ivoire).

Ainsi, on a réussi à mettre sur pieds un groupe de prière, qui a commencé à aller à l'Hôpital Général dans le but d'aller visiter les malades. Puis dans les prisons, auprès des enfants des rues.

En 1990, en passant comme d'habitude sur la route, j'ai croisé un malade mental. Il y en a beaucoup en Afrique. Tous ceux qui connaissent l'Afrique savent que le décor de l'Afrique, le décor des rues, ce sont des malades mentaux. Je les voyais comme s'ils n'existaient pas, comme tout le monde.

Mais ce jour, j'en ai vu un, nu, qui fouillait la poubelle afin d'y chercher sa nourriture. Ce jour a été pour moi une autre manière de les voir.

Brusquement, je me suis arrêté. J'ai commencé à me dire : "C'est Jésus que je vais chercher dans les églises, mais c'est Lui qui souffre en personne à travers ce malade".

À partir de ce jour, j'ai commencé à me promener toutes les nuits pour voir où ils dormaient. Et après, j'ai commencé à partager avec mon épouse ce que je vivais dans la rue. Nous avons alors eu le désir d'apporter quelque chose à ces malades.

Mon épouse faisait la cuisine et toutes les nuits je passais trouver chacun pour leur apporter à manger et de l'eau fraîche. Voilà comment tout a commencé.

Un jour je me suis demandé à quoi cela servait de donner manger à quelqu'un dans la rue puis de rentrer se coucher ensuite à la maison ? Pourtant, ces malades représentaient la personne de Jésus. Il fallait faire quelque chose de plus.

Au CHU de Bouaké où on allait visiter des malades, il y avait une ancienne buvette. On a alors demandé au Directeur de nous la céder et nous l'avons transformée en petite chapelle de l'hôpital. C'est dans cette petite chapelle que l'on a commencé à regrouper les premiers malades, en les traitant dignement, comme des hommes. Bien sûr, aussi avec l'aide des psychiatres et avec des médicaments. Et rapidement, on va avoir des résultats qui surprennent tout le monde.

En 1993, le Ministre de la santé venait alors visiter l'hôpital. Le Directeur l'a emmené à la Chapelle pour lui faire découvrir l'expérience. Le Ministre, en découvrant cela, a été tellement surpris, et heureux en même temps, qu'il nous a dit : "Je souhaite que votre association se répande dans tous les hôpitaux du pays, car face à tous ces laissés pour compte, nous-même ne savons plus quoi faire". Face à son intérêt, on lui a demandé s'il pouvait nous donner un espace à l'intérieur de l'hôpital pour créer notre Centre.

C'est ainsi qu'on a pu créer le 1er centre en 1994. Et c'est là que l'on a commencé à recueillir tous ces malades. Au fur et à mesure qu'on les recueillait, les gens nous sollicitaient dans tous les villages. C'est seulement en 1994 que l'on a vraiment découvert la situation dramatique que vivent les malades mentaux dans les pays d'Afrique.

Je ne pourrai jamais oublier ces premières images.

C'était la veille de la fête des rameaux 1994. Une dame est venue nous trouver en nous disant : "Monsieur, aidezmoi, mon frère est mentalement malade".

En arrivant à son village, son père a commencé à crier : "Pourquoi as-tu envoyé des gens ici ? Ce n'est pas la peine, partez d'ici ! Il est déjà pourri !". Et moi : "Un homme pourri ? Même s'il est pourri, je vais le voir !". Le père nous a redemandé de partir d'ici. Il a pris peur lorsque je l'ai menacé d'avertir la gendermerie, et est allé voir le chef du village, qui a pris la décision finale d'ouvrir la porte.

Excusez-moi, mais je n'aurais jamais imaginé dans ma vie que des parents pouvaient traiter leur propre enfant de cette manière !

Le jeune était bloqué au sol, les deux pieds sur un tronc, les deux bras attachés avec un fil de fer. Il était totalement pourri, avec des asticots partout. On a tenté toutes sortes de moyens pour le détacher ce jour, sans y arriver. On a dû faire demi-tour et revenir le dimanche, jour des rameaux, avec une religieuse infirmière, et des cisailles. On a réussi à détacher le jeune mais difficilement.

Quand on est arrivés dans le centre, après avoir fini de le nettoyer, il me regarde : "Monsieur, je ne sais comment dire merci à Dieu, comment vous dire merci. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ce sort de mes propres parents". Il me pose ensuite la question : "Est-ce que je peux encore vivre ?". Oui, il avait encore le désir de vivre. Mais il était tellement pourri qu'il est décédé dans les suites. Pour moi, il est mort dignement, comme un homme.

Et c'est à partir de là que l'on a commencé à sillonner les villages. Et qu'on a commencé à découvrir des images que personne n'avait imaginées jusque là, à notre époque. Des hommes, des femmes, des enfants, enchaînés à des arbres, d'autres bloqués dans des troncs d'arbres. Mais quand je vois des images pareilles, je me dis que ce n'est pas la faute des familles. Ils ne savent pas quoi faire ! Parce qu'en Afrique, les malades mentaux sont des oubliés, ils sont abandonnés de tous, ils sont considérés comme possédés par le diable, par les mauvais esprits, frappés par les mauvais sorciers. Ce sont les derniers soucis des autorités.

En Côte d'Ivoire, pour plus de 20 millions d'habitants, il n'y a que 2 hôpitaux psychiatriques ! Et si vous n'avez pas d'argent, on ne vous y reçoit pas. Au Bénin, d'où je suis originaire, il n'y a qu'un seul hôpital psychiatrique, et les conditions sont les mêmes.

Donc les malades sont livrés à eux-mêmes, et chacun fait tout ce qu'il veut. Il sont traités parfois par des sectes qui les enchaînent à des arbres, sous la pluie, sous le soleil. Leur traitement consiste à les "bastonner" pour chasser le diable. Et cela se passe encore de nos jours dans les pays d'Afrique.

Je profite de l'occasion pour dire un grand merci à SMAO, qui à travers son équipe depuis 2012, vient régulièrement en Afrique pour soutenir le personnel des centres, composé en majorité des malades abandonnés et oubliés de tous. Oui, ce sont eux qui sont devenus les directeurs de centres, après qu'on les ait renvoyés à l'école. Ce sont eux qui deviennent des soignants pour les autres. Ça veut dire que l'on n'est pas si différents des malades mentaux.

Je pense que l'occasion est venue pour que l'on change nos méthodes. Auparavant, je n'aurais jamais imaginé que ces malades pouvaient travailler, qu'ils pouvaient en être capables.

Dans cette petite chapelle au CHU de Bouaké, où on a commencé à regrouper les malades, on avait embauché une dame pour la cuisine. Toutes les fins de mois, elle percevait un salaire. Mais un jour, je n'avais plus d'argent pour la payer, alors elle allait partir.

J'avais alors rassemblé la trentaine de patients présents et je leur ai dit : "Ecoutez, priez beaucoup pour moi ces jours-ci, car je n'ai pas d'argent pour payer la dame qui fait votre nourriture. Et si elle s'en va, je ne sais pas comment on va faire".

Un malade s'est alors levé : "Monsieur, vous nous demandez de prier beaucoup pour vous. Je vais vous dire une chose. Quand j'étais dans la rue, je n'aurais jamais imaginé de ma vie que l'on allait encore m'adresser la parole. Je n'aurais jamais imaginé de ma vie que quelqu'un allait me tendre la main. Depuis que je suis ici, je vois des gens qui viennent me parler, manger avec moi. J'ai retrouvé ma vie. J'ai retrouvé le sens humain que j'avais. Vous demandez de prier pour vous. Sachez que même notre silence est une grande prière pour vous".

Et là, une femme se lève : "Monsieur, quand je n'étais pas malade, je faisais la cuisine chez moi. Est-ce que nous-même ne pourrions-nous pas faire notre cuisine ?".

C'est à partir de là que j'ai compris que la meilleure manière de pouvoir véritablement les aider, c'est de leur confier la responsabilité des autres. Aujourd'hui, ces malades auparavant oubliés, sont devenus des gérants.

Toute l'équipe de SMAO en est témoin ! Quand vous arrivez dans un centre, parmi les 200 personnes si ce n'est parfois davantage, quasiment tout le monde est un malade chronique. Ils s'entraident et vivent ensemble, partagent ensemble et qui s'aiment.

La meilleure manière d'aider ces personnes est surtout de leur faire confiance. On n'est pas différents d'eux. Chacun de nous doit avoir désormais un autre regard envers eux. Ils n'ont pas perdu la raison. Ils n'ont pas tout perdu. Ils ont besoin d'être soutenus. Ils ont besoin d'être aidés. Ils sont capables de nous apprendre beaucoup de choses. Malheureusement, on a toujours peur d'eux, et c'est cette peur qui fait leur souffrance.

Depuis que j'ai commencé cette aventure en 1990, un seul malade a eu un comportement violent envers moi.

Et l'on m'a dit : "Grégoire, on t'a dit que les malades étaient dangereux".

Non, je n'appelle pas ça "dangereux". Il faut savoir interpréter les gestes des malades. Que c'était-il passé ?

Je revenais de Yamoussoukro et j'allais à Bouaké. J'ai croisé un malade sur ma route. Je voyais que ce garçon était en pleine crise. Il criait sur la voie, il marchait à grands pas, il criait tout seul. Je me suis arrêté, je l'ai vu, je le connaissais déjà. Je l'ai appelé. Quand il m'a vu, il m'a dit : "Non non non, ne crie pas. Aujourd'hui je ne veux pas te voir, je ne veux pas te voir". Mais moi j'avais compris que c'était là qu'il avait besoin de moi.

Je suis descendu de la voiture, j'ai commencé à le poursuivre. Il continuait de crier alors que je lui parlais. Un moment, il s'est arrêté : "Ecoute-moi très bien Grégoire. J'ai un père. J'ai une mère. Est-ce que je mérite la maladie pour qu'on puisse m'abandonner à ce point ?". Je lui ai dit : "Non. Excuse-moi, mais si ton père et ta mère t'ont abandonné, Dieu ne t'a pas abandonné. La preuve : au moment où tu en as besoin, il m'a permis d'être devant toi".

Finalement il se calme. Il a bien voulu monter dans ma voiture. On roulait, il causait, il criait. Je reconnais que je roulais vite car j'avais des gens qui m'attendaient. Et brusquement, je ne m'y attendais pas, il a tiré le volant. Vous vous doutez bien que je suis rentré dans la brousse. Tonneau sur tonneau, la voiture s'est cassée. J'ai eu quelques blessures mais c'était toujours lui qui m'importait.

Un moment je l'ai vu sortir et j'ai voulu le retenir... et il m'a mordu à la tête. Bon, j'ai compris qu'il fallait le laisser. A la vue de l'accident, beaucoup de véhicules se sont arrêtés. Je suis sorti de la brousse et une des voitures m'a pris.

Quand on est arrivés en ville, tous mes collaborateurs m'ont incité à me faire soigner, mais je voulais d'abord aller à sa recherche. J'ai pris une autre voiture et des gens avec moi.

Et quand on est arrivés, je l'ai vu. Il était cette fois-ci totalement nu. Il avait jeté tous ses habits. Il marchait au milieu de la voie principale. Mais quand il m'a vu arriver, il s'est jeté à mes pieds : "Oh Grégoire, malgré ce que je t'ai fait, tu es venu encore à mon secours. Désormais tu es plus qu'un père pour moi.".

Oui, il n'a pas fait exprès. Il n'a pas fait exprès de tirer le volant. Mais quand il a vu que son geste nous avait conduit dans la brousse et que la voiture était cassée, il a eu peur. Il pensait que Grégoire allait le frapper. C'est cette peur qui explique la morsure. Je l'ai laissé, je suis parti. Et il a commencé à regretter ce qu'il venait de faire. "Mon père, ma mère m'ont abandonné. Quelqu'un qui venait me secourir, à cause de moi, a cassé sa voiture. Je préfère mourir". Ce qui explique qu'il se soit déshabillé. Il marchait sur la voie principale, dans l'espoir qu'une voiture vienne le faucher, et le tuer.

Le fait de me voir revenir, le fait de se jeter à mes pieds était son signe du pardon. Oui, apprenons tous à leur pardonner. Si chacun de nous pouvait se mettre à leur place. Si chacun de nous pouvait voir ce qu'ils vivent aujourd'hui dans nos pays d'Afrique Le fait de me voir revenir, le fait de se jeter à mes pieds était son signe du pardon. Oui, apprenons tous à leur pardonner. Si chacun de nous pouvait se mettre à leur place. Si chacun de nous pouvait voir ce qu'ils vivent aujourd'hui dans nos pays d'Afrique

Qu'on interprète et qu'on soigne mieux les malades.

Je me dis que c'est la honte de l'Afrique, c'est la honte de l'humanité. Et je le répète, tant qu'il y a un malade enchaîné, bloqué dans le bois, c'est la honte pour chacun de nous. C'est la honte pour vous qui avez décidé de donner votre vie pour soigner ces malades.

Sachez que ces malades ne sont pas seulement en Europe. Ils sont en Afrique et partout. Et je souhaite qu'il y ait aujourd'hui des associations comme SMAO, qui commencent à silloner l'Afrique pour qu'il y ait aussi la fierté de l'humanité."

Qu'est-ce que SMAO ?

SMAO est l'association "Santé Mentale en Afrique de l'Ouest" :
C'est une association formée par des psychiatres qui  a pour objectif de collaborer avec des équipes soignantes africaines dans le domaine de la santé mentale.

Le but de SMAO est quasi-exclusivement de former les agents de santé locaux à la psychiatrie. Pour cela, des connaissances simplifiées et adaptées au "terrain", tant au niveau diagnostique que thérapeutique, sont amenées.

Plusieurs fois par an, les équipes de psychiatres se rendent auprès de ces agents de santé pour avoir une activité de consultation conjointe, et pour organiser des formations en petits groupes. 
Les psychiatres qui partent avec SMAO  ne sont pas  les psychiatres des patients béninois, togolais, ivoiriens,... Ils sont les formateurs des agents de santé qui prendront en charge ces patients sur le long terme. Dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, la situation des personnes souffrant de troubles psychiatriques reste très difficile. La faiblesse des politiques de santé mentale émanant des États, et la persistance de croyances autour de la folie, condamnent encore très souvent ces personnes à l'isolement, l'errance, l'abandon et parfois l'enchaînement pendant des années... Pour palier la faiblesse des moyens mis en place au niveau des États, certaines initiatives ont vu le jour ça et là sur le continent, mais elles se heurtent à des obstacles importants : approvisionnement en médicaments, manque de formation, absence de politique de santé mentale de grande ampleur au niveau international... Ainsi, l'association SMAO a vu le jour dans le but de soutenir ces initiatives. A ce jour, elle collabore essentiellement avec l'ONG Saint Camille de Lellis, au Bénin et au Togo. (Propos issus du site africapsy.com)

Propos retranscrits par
Mélanie TRICHANH
(Dijon)

CONGRÈS 9e Congrès Français de Psychiatrie

Le Congrès Français de Psychiatrie, dans sa 9ème édition s’est déroulé au Centre des Congrès de la ville de Lyon, du 29 novembre au 2 décembre 2017.
Le comité scientifique avait proposé de plancher sur le thème de «  la psychaitrie en mouvement  ».
Et comme le dit bien son président Philip Gorwood, «  si une spécialité est en mouvement, c’est bien la psychiatrie ».

Comme habituellement, le partenariat de l’AFFEP et du CFP a permis à un très grand nombre d’internes de se déplacer et de profiter des dernières connaissances sur la spécialité à tarif négocié. Mais l’AFFEP a également aidé dans l’organisation des sessions «  180 Secondes Pour Innover  » qui a, cette année encore, été un franc succès. Vous avez été nombreux à nous rencontrer au stand Jeunes et nous vous en remercions. Nous avons pu évoquer avec vous différents aspects de votre formation, et vos retours sont toujours très constructifs pour notre action.
L’AFFEP a d’ailleurs pu intervenir lors d’une session afin de présenter «  L’internat réformé, réformer la psychiatrie  ».

Et pour décompresser les neurones le soir, les associations locales avaient prévu deux soirées  : le jeudi soir à la Péniche La Marquise, sirotant son verre de blanc face au Rhône ; et le vendredi soir ambiance « caliente » au Macanudo. L’occasion surtout de faire la fête entre jeunes et jeunes-vieux  !

Thomas BARBARIN
(Dijon)

Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°22

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Publié le 1653576270000