Bénéfice visuel
Le bénéfice d’une adaptation en lentilles est multiple pour tout type d’amétropie mais en 1er lieu l’hypermétropie.
La suppression de la distance entre la correction et l’œil apporte tout d’abord un soulagement accommodatif à l’hypermétrope. On peut parler d’effet cyclo plégiant des lentilles. La correction de l’amétropie reste idéale quelle que soit la position du regard et le champ de vision s’élargit. L’hypermétrope équipé en lentilles voit le monde sous ses justes proportions, alors qu’une correction aérienne convexe « grossit » la perception des choses. Les porteurs tardifs de lunettes le décrivent clairement.
Bénéfice oculomoteur
Quand un patient hypermétrope fixe en vision de près, sa correction en verres convexes provoque un effet hyper-convergent. En conséquence, les ésotro-pies sont majorées. L’avantage des lentilles est de ne pas engendrer d’effet prismatique parasite. Ainsi les déviations sont souvent plus discrètes en vision rapprochée. Une correction unifocale de loin en lentilles peut avoir quasiment le même bénéfice sur la déviation de près que des verres progressifs chez le fort hypermétrope.
Par ailleurs, le soulagement accommodatif apporté par les lentilles diminue de manière générale les déviations en convergence. Ce phénomène est d’autant plus important que l’hypermétropie est forte.
Quand proposer un équipement lentilles a un hypermetrope
Au-delà de répondre à une demande de port de lentilles de la part du patient, l’orthoptiste doit reconnaître les indications d’une adaptation. En effet, les lentilles ont un rôle thérapeutique évident dans bons nombres de troubles visuels et oculomoteurs. Listons les principales recommandations pour l’hypermétrope :
- L’hypermétropie forte.
- L’amblyopie réfractive.
- L’hypermétropie sous-corrigée avec troubles asthénopiques.
- L’anisométropie.
- L’ésotropie purement ou partiellement accommodative.
- L’ésotropie avec incomitance loin / près.
Quelle lentille pour quel hypermétrope
Les lentilles souples
Comme pour tout type d’amétropie, un défaut visuel mineur est plus facilement corrigeable en lentilles souples en silicone hydrogel. Le porteur occasionnel se voyant prescrire des lentilles jetables journalières. Ces dernières sont idéales pour la pratique du sport. Le porteur de lentilles plus régulier est adapté en lentilles mensuelles ou bimensuelles. Il sera éclairé sur les bonne pratiques de manipulation en vue de limiter le risque infectieux. Un produit d’entretien et un étui à lentilles sont dans ce cas-là nécessaires.
L’adaptation en lentilles souples est aisée, le confort est immédiat. Mais ces dernières ne peuvent être proposées avant l’âge de 14 voire 16 ans.
Les lentilles rigides
Concernant l’hypermétropie modérée à forte, celle-ci doit être corrigée en lentilles rigides perméables au gaz. Le bénéfice de ce type de matériau est majeur. Il s’agit en premier lieu de la qualité de vision, incomparable par rapport aux lunettes et aux lentilles souples. Le risque infectieux est 15 fois moins important qu’avec les lentilles souples mensuelles. Les LRPG seront pour cette raison préconisées dans le cadre de la contactologie pédiatrique. L’oxygénation de la cornée est également plus importante de par le fort DK/e du matériau et le meilleur renouvellement des larmes, lié au faible diamètre de ces lentilles et à leur grande mobilité.
Quand l’hypermétropie est associée à un astigmatisme cornéen, l’adaptation est également plus simple avec les LRPG puisque la rigidité du matériau permet de « gommer » jusqu’à 50 centièmes de toricité approximativement. Ainsi la lentille comporte seulement une correction sphérique. Au-delà de cette limite, une lentille torique doit être proposée.
Ce type d’adaptation est plus complexe. En effet, la lentille est « sur mesure », le contactologue doit trouver le juste diamètre et le juste rayon de courbure. Les premiers jours de port sont ingrats pour le patient. La rigidité du matériau provoque un inconfort immédiat. L’idéal est donc de suivre un programme de port progressif pour s’habituer petit à petit.
Conclusion
Le bénéfice des lentilles de contact est majeur, en particulier dans les amétropies fortes et troubles oculomoteurs. L’orthoptiste doit apprendre à reconnaître les indications d’une adaptation.
Kévin LEHUEDE
Article paru dans la revue « Le magazine de la Fédération Française des Étudiants en Orthoptie » / FFEO N°01