Informations syndicales : souffrance au travail à l’hôpital

Publié le 11 May 2022 à 20:54

Les conditions de santé mentale se sont détériorées sous l’effet de la loi Hôpital-patients-santé-territoire “HPST” et d’un nouveau management basé sur le contrôle, le commandement et les sanctions.

P. LE PORS-LEMOINE*

La presse rapporte régulièrement les drames de suicides de soignants à l’hôpital.
Il est indigne de détourner les yeux, ou pire de considérer que les soignants hospitaliers seraient plus fragiles car moins courageux… Il faut au contraire s’indigner devant l’état des lieux, et analyser le processus en cause.
Les troubles physiques relèvent de l’ergonomie, de l’analyse des conditions physiques, chimiques de travail.
Ce sont surtout les conditions de santé mentale qui se sont détériorées sous l’effet de la loi Hôpital-patients-santé-territoire “HPST” et d’un nouveau management basé sur le contrôle, le commandement et les sanctions. Pour exercer une pression gestionnaire sur les soignants, l’administration a besoin de données chiffrées, à défaut de bien connaître la réalité clinique de chaque emploi.
Cette obligation de codage vient de plus en plus parasiter l’activité de soignant, et atteint des sommets en période de certification ! Là où le soignant est dans une quête clinique forte de faire au mieux pour le patient, l’administration doit rendre des données chiffrées approchant au mieux les critères définis dans une méthodologie de gestion des risques “balancée d’en haut” et extrêmement consommatrice de temps. Un juste milieu (une synthèse entre qualiticiens et cliniciens) permettrait de répondre aux progrès incontestables apportés par la gestion du risque, mais également d’économiser le temps de soignant.
Nous sommes tous d’accord avec l’obtention de la meilleure qualité des soins, au plus juste prix, mais à l’hôpital nous constatons tous également depuis des années la croissance exponentielle des strates administratives.
Celui qui dénonce ce fonctionnement de l’hôpital (une atteinte à la qualité des soins ou à l’éthique), se met en condition délicate et s’il persiste, s’expose au harcèlement, et ce qui est le plus cruel, souvent devant des collègues qui détournent le regard, et parfois, poussés par leur rôle institutionnel, participent à la fragilisation du collègue.
La plus grave erreur serait de mal interpréter ces propos : il ne s’agit pas d’aigreur, mais bien d’un constat de représentant syndical de praticiens hospitaliers en commissions statutaires et disciplinaires nationales de chirurgie, de plus en plus sollicitée par des collègues encerclés, soit pour leur position éthique et de soignant, soit par ce qu’ils gênent dans le cadre d’une restructuration de groupement hospitalier de territoire.
Les cas se multiplient, il est affligeant de constater que plutôt que d’effectuer dans la clarté une analyse prenant en compte le nécessaire équilibre, proximité, sécurité (environnement démographie médicale…) et de rechercher les meilleures solutions pour les parturientes, et aussi, pour que chaque praticien trouve utilement sa place dans un contexte de démographie médicale déficitaire, il est au contraire souvent fait appel à des critiques infondées, et une recherche d’éloignement, voire de mise en recherche d’affectation d’office.
La périnatalité est extrêmement concernée par les restructurations, et est en ce sens, un sujet majeur du Projet Médical Partagé (PMP) des groupements hospitaliers de territoire.
Ce PMP doit être “médical”.
Il est absolument indispensable que dans ces discussions, les médecins de la périnatalité, qu’ils soient gynécologues obstétriciens, anesthésistes ou pédiatres, fassent respecter la déontologie, la nécessaire recherche de solutions adaptées aux soins, et bienveillantes également pour les soignants. De nombreux collègues n’ont rien vu venir, et se sont vus concernés tout à coup du jour au lendemain.
Le rôle syndical est essentiel et nos collègues gynécologues obstétriciens peuvent et doivent compter sur le soutien actif du SYNGOF.

Pour exercer une pression gestionnaire sur les soignants, l’administration a besoin de données chiffrées, à défaut de bien connaître la réalité clinique de chaque emploi.

* Gynécologue obstétricienne, vice-présidente du Syngof et viceprésidente d’Avenir Hospitalier

Article paru dans la revue “Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France” / SYNGOF n°109

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