Infirmières hospitalières et libérales : des reconversions nombreuses… et qui fonctionnent !

Publié le 19 Apr 2024 à 18:32


Minées par la perte de sens de leur métier, de nombreuses infirmières décident de changer de vie professionnelle. Des possibilités de reconversion existent, qui permettent de rester dans l’univers du soin tout en bénéficiant de conditions de travail plus épanouissantes. Exemples porteurs d’espoir…

Près d’une infirmière hospitalière sur deux (46 %) quitte l’hôpital, voire change de métier, après 10 ans de travail, selon une étude de la DREES (le service statistique du ministère de la Santé) publiée en août dernier. La part des infirmières qui restent à l’hôpital après dix ans a « décru au fil des générations », constate cette étude – qui ne prend pas en compte la période de pandémie de Covid-19. Avant le premier confinement, Thierry Amourroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), avançait de son côté que près d’un tiers des nouveaux diplômés abandonnaient dans les cinq ans… Et la crise sanitaire a encore aggravé la situation : à l’automne 2019, moins de 10.000 postes d’infirmiers(ères) étaient vacants (sur 700.000) ; aujourd’hui, il y en a 60.000, soit six fois plus.

Pour les syndicats, les conditions de travail ne permettent plus de s’épanouir dans la profession. « Comment s’étonner que des infirmières sous-payées et en sous-effectif ne restent pas à l’hôpital ? », interroge le SNPI. Dans une enquête récente, la fédération hospitalière de France (FHF) a constaté que 69 % des infirmiers(ères) en hôpital public ne recommanderaient pas leur métier. Le malaise est aussi profond chez les infirmières libérales, fatiguées d’avoir porté à bout de bras les soins à domicile durant la crise sanitaire, et en colère face au manque de prise en compte de la pénibilité de leur métier, dont les tarifs de base les contraignent à enchaîner les actes.

En quête d’une nouvelle vie professionnelle

Après le Covid, « les infirmières se sont autorisées à dire leur envie de partir et à ne plus culpabiliser » de vouloir quitter les malades, explique Anne-Sophie Minkiewicz, qui a fondé Infirmière Reconversion, une société qui les accompagne dans leur projet de reconversion. « La première raison, c’est la perte de sens : on fait ce métier pour aider les autres, et on se retrouve dans l’abattage, indique-t-elle. Ensuite vient le manque de moyens et les conditions d'exercice du métier, et en troisième le salaire ». « On a transformé l’hôpital en usine à soins », regrette Thierry Amourroux. Plus de la moitié (54 %) des infirmiers(ères) salarié(e)s d’établissements publics estiment traverser un burn out, avec des effets préjudiciables sur la qualité des soins.

Horaires difficiles, cadre déshumanisant, manque de reconnaissance… Beaucoup d’infirmières quittent l’hôpital pour s’inventer une autre vie professionnelle. C’est le cas de Florentine Mouquet, 35 ans, qui vit dans la région rennaise et a mis fin à 12 années de travail en hôpital pour devenir formatrice pour un éditeur de logiciels utilisés dans les hôpitaux. « Je me sens moins sous pression, j’ai plus l'impression de profiter de mes enfants. Et sur le salaire, à l’hôpital, j’avais l’impression de ne pas être payée à ma juste valeur », explique-t-elle. Même si l’ambiance au sein de l’équipe de soignants lui manque parfois, cette nostalgie s’estompe vite quand elle « repense à ce qu’était la vie à l’hôpital : la course contre la montre du quotidien, l’impossibilité de prendre le temps de parler avec les patients, la hiérarchie qui demande plus, le téléphone qui sonne sans arrêt... ». C’est également le cas de Charlie Muffat, 36 ans, ex-infirmière hospitalière installée à Mont-de-Marsan. Après un burn-out, elle a quitté l’hôpital et s’est lancée dans une double activité de massage de bien-être et d’assistance maternelle. Elle qualifie sa nouvelle vie de « renaissance ».

De nombreuses possibilités de reconversion

Les possibilités de reconversion sont nombreuses. Certaines choisissent de rester infirmières mais d’exercer le métier différemment, dans un autre cadre, par exemple le secteur du conseil (dispositifs médicaux, etc.), un établissement scolaire, une mutuelle, le secteur médicosocial (appartements thérapeutiques, foyers de l’aide sociale à l’enfance, etc.), ou encore au sein d’un ou plusieurs cabinets médicaux en tant qu’infirmière Asalée.

D’autres, ne rechignant pas à retourner sur les bancs de l’université ou d’un institut de formation, choisissent de développer une spécialisation, par exemple d’infirmière anesthésiste, puéricultrice ou de bloc opératoire, ou bien de se reconvertir tout en continuant à prendre soin d’autrui. Elles peuvent suivre une nouvelle formation médicale ou paramédicale (kinésithérapeute, sage-femme, orthophoniste, orthoptiste, ergothérapeute, nutritionniste, etc.) ou se tourner vers les médecines alternatives et complémentaires (ostéopathie, chiropraxie, sophrologie, acupuncture, réflexologie plantaire, etc.). Elles peuvent aussi s’investir dans les métiers du bien-être (hydrothérapeute, coach de vie, masseuse, esthéticienne, etc.) ou dans d’autres professions liées au soin (éducatrice de jeunes enfants, assistante maternelle, etc.).

D’autres encore choisissent de quitter l’univers des soins en effectuant un Master accessible après la formation d’infirmier(ère), par exemple en management de la santé, en droit sanitaire et social, en ressources humaines, en santé publique, ou en se lançant dans des activités complètement différentes. Infirmière Reconversion a ainsi accompagné des infirmières devenues aujourd’hui charcutière, fleuriste, développeuse web, agent immobilier, professeur de langues, responsable de chambres d’hôtes, formatrice, ou même chauffeur poids lourds… Enfin, certains font le choix de l’indépendance et se tournent vers l’entreprenariat.

La plupart des infirmières ont décidé d’exercer cette profession pour l’aspect relationnel, pour être utile à l’autre, pour prendre soin. C’est pourquoi, selon Anne-Sophie Minkiewicz, 80 % de celles qui se reconvertissent vont rester dans le « care », les métiers du soin. « Elles vont continuer à prendre soin des autres différemment à travers d'autres métiers du paramédical, les médecines alternatives et complémentaires, le bien-être, l’accompagnement humain, le coaching, etc. », explique-t-elle. Les 20 % restant changent radicalement de métier, avec ou sans reprise d’études.

Diriger un centre RNPC en franchise

Ainsi, des alternatives épanouissantes existent dont certaines particulièrement cohérentes par rapport au « profil » des infirmières, à l’image de celle de Marine Moudden, 40 ans, ex-infirmière libérale, qui a pris la direction d’un centre RNPC (Rééducation Nutritionnelle et Psycho-Comportementale), spécialisé dans la prise en charge de la surcharge pondérale, à La Tour-d’Aigues (84). « En rejoignant le réseau RNPC, je suis restée dans mon domaine de compétences puisqu’il faut une bonne connaissance des pathologies et des traitements associés, explique-t-elle. Toutes les qualités inhérentes à la profession d’infirmière – savoir soutenir et encourager – sont au cœur du métier. Je suis également autonome dans mon travail, ce qui était très important pour moi, tout en bénéficiant d'un réseau ». Après un an d’activité, son centre a déjà atteint son point d’équilibre. Elle est aussi devenue, pour certains médecins, la correspondante privilégiée pour la prise en charge de la surcharge pondérale de leurs patients, ce qui est pour elle « une grande fierté ». Elle peut aussi concilier vie professionnelle et vie personnelle. « Lorsque j’étais infirmière libérale, j’ai rapidement compris que je ne pourrais pas concilier longtemps cette activité avec ma vie de mère de famille nombreuse, précise-t-elle. En rejoignant le réseau RNPC, je me suis totalement épanouie en tant que mère et en tant que professionnelle, puisque je suis totalement libre d’organiser mon emploi du temps. C’est une très bonne chose et j’ai conservé le même niveau de revenus ».

Ce réseau de franchise est fondé sur un concept innovant : la perte de poids et sa stabilisation avec un « objectif santé », en appliquant une méthode de prise en charge unique et dont l’efficacité a été scientifiquement démontrée : le programme RNPC. S’appuyant sur des preuves cliniques et scientifiques et en lien avec les médecins traitants, le réseau RNPC apporte des résultats concrets et durables aux patients en état de surpoids ou d’obésité, qui présentent pour la plupart des pathologies liées à leur excès de poids (hypertension, diabète, apnée du sommeil, etc.). Aujourd’hui, avec 115 centres en France, le réseau RNPC est en pleine expansion géographique, l’objectif étant que tous les patients français puissent accéder au programme RNPC s’ils le souhaitent, peu importe leur localisation dans l’Hexagone, et mise sur d’ancien(ne)s infirmiers(ères) pour poursuivre son développement. « Leur connaissance approfondie des maladies, leur habitude de collaborer étroitement avec le corps médical, et surtout leurs qualités humaines – telles que la bienveillance et l’empathie – correspondent parfaitement au profil recherché pour diriger un centre RNPC », explique Rémy Legrand, le fondateur du réseau. Les directeurs de centre RNPC sont amenés à travailler en relation étroite avec les médecins, au service de leurs patients, et in fine de la santé publique. Une manière dynamique de rester fidèle à sa vocation, tout en bénéficiant au quotidien de conditions de travail beaucoup plus enviables que celles qu’ils(elles) ont pu connaître dans leur ancienne vie.

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