Marie-Ange, Vanessa, Aurélia et Elodie sont infirmières de dialyse péritonéale, au sein du service d’hémodialyse de l’hôpital d’Angoulême.
Afin de connaître leur travail plus précisément, elles ont accepté de répondre à nos questions, nous les en remercions !
Vous êtes toutes les quatre infirmières diplômées d’état, mais avez-vous suivi une formation particulière, orientée néphrologie et dialyse ?
Nous sommes quatre infirmières arrivées initialement dans le service d’hémodialyse. Nous avons été formées à la dialyse péritonéale « sur le tas », auprès de nos collègues plus anciennes. Il faut compter un an pour se former à la dialyse péritonéale.
Nous avons toutes bénéficié d’un complément de formation avec une formation dite post-basique. Nous assistons aussi à des congrès spécialisés.
Nous sommes également deux à avoir une formation d’éducation thérapeutique.
Quelles sont vos missions au quotidien ?
Nous nous occupons de la dialyse péritonéale et de l’hémodialyse à domicile. Nos missions sont diverses et variées !
Une mission de suivi médical et paramédical des patients. Nous les rencontrons à domicile pour s’assurer de la faisabilité de la technique à domicile, nous assurons le suivi des dossiers prégreffe avec mise à jour régulière.
Une mission d’information des patients que nous rencontrons lors d’un temps dédié « information pré-dialyse » afin d’aiguiller le patient sur la méthode de dialyse la moins contraignante et la plus adaptée à leur vie personnelle, tout en maintenant une autonomie suffisante à domicile.
Une mission de formation et d’éducation auprès des patients mais aussi auprès des professionnels : infirmières hospitalières et libérales à la technique de dialyse, à la ponction de fistule artério-veineuse. Nous donnons aussi des cours à l’IFSI et à l’école des ambulanciers.
Nous avons aussi une ligne d’astreinte téléphonique pour répondre aux professionnels libéraux et aux patients, et assurer une continuité des soins.
Plus spécifiquement, quelle est votre place dans la prise en charge des patients âgés dialysés ?
Nous avons un rôle pivot entre les différents acteurs de soins autour du patient. Nous sommes le médiateur entre son lieu de vie, sa famille, les professionnels de santé libéraux et l’hôpital.
Avec les patients dialysés, nous avons un lien privilégié qui s’instaure au fur et à mesure. Généralement, nous les rencontrons une première fois en « information pré-dialyse », puis à domicile, et plusieurs fois par an. Le fait de les voir dans un contexte extrahospitalier, hors des soins, permet d’établir une forte relation de confiance.
Quelles difficultés rencontrezvous ?
La plus grande difficulté est rencontrée avec les patients en dialyse péritonéale qui vivent en EHPAD. Les soins de dialyse péritonéale sont réalisés par des cabinets libéraux, et la coordination des soins est difficile.
Il serait plus adapté que les infirmières d’EHPAD soient formées, mais nous connaissons les difficultés du quotidien, de manque de temps et de personnel.
La pratique de la DP demande une formation minimale et une pratique régulière pour ne pas oublier. Nous formons les infirmières libérales, qui souvent constituent une équipe stable. Les EHPAD ont recours à de l’intérim, nous ne pouvons pas former toutes les intérimaires qui viennent ponctuellement.
De plus, les temps d’échange (d’environ 30 minutes) dans le cadre de la dialyse péritonéale manuelle ne correspondent pas forcément aux temps de présence de l’infirmière sur site (8h, 12h, 16h, 20h).
Enfin, ce sont des patients chroniques. Ils ont un suivi avec plusieurs examens systématiques par an, leur changement de prolongateur tous les 6 mois, des consultations mensuelles d’environ 2 heures et des visites à domicile tous les ans.
Pour les patients en attente de greffe, la mise à jour de leur dossier pré-greffe implique des examens systématiques réguliers.
Nous sommes parfois très sollicitées par notre ligne téléphonique directe et il arrive de recevoir des appels incessants. La charge de travail est de plus en plus importante, et le temps est un luxe !
Marie Ange MAGUIER , Elodie BOHÈRE,
Aurélia LE HOUÉROU, Vanessa MURGUET
Service d'hémodialyse, CH Angoulême
Pour l'Association des Jeunes Gériatres
FOCUS TECHNIQUE : LA DIALYSE PÉRITONÉALE
Lors de la dialyse péritonéale, c’est la membrane péritonéale qui sert de membrane d’échange pour permettre l’élimination des déchets et la conservation des autres molécules « utiles ». Pour permettre cette épuration, on va utiliser un dialysat (dont la concentration en déchet va être pauvre initialement mais va augmenter progressivement) ; on utilise le principe d’équilibration des concentrations de part et d’autre de cette membrane. 2 pratiques :
La dialyse péritonéale continue ambulatoire, dite « manuelle » (DPCA)
- La plus fréquente chez les patients âgés, à domicile ou en EHPAD.
- L’infirmière réalise les gestes techniques.
- 1 à 4 cycles de dialyse par jour (matin, midi, soir et coucher) (selon l'atteinte de la fonction rénale). Chaque cycle se déroule en 2 phases
• La phase d'échange :
- Le drainage du dialysat dans une poche vide ;
- L'instillation de 1 à 2 litre d’un nouveau dialysat contenu dans une poche stérile. Durée entre 30 à 40 minutes. Le patient doit rester assis pour permettre l'écoulement du dialysat.
•La période de stase. Le patient peut vaquer à ses occupations habituelles.
Durée de 4 à 5 heures durant la journée et de 8 à 12 heures durant la nuit.
La dialyse péritonéale automatisée (DPA)
- Le patient lui-même branche le cathéter de dialyse à une machine (cycleur).
- Cycleur connecté à plusieurs poches de dialysat et effectue plusieurs cycles de façon automatique durant la nuit.
- Nombre et durée déterminés selon les besoins de chacun.
- Le patient débranche lui-même la machine le matin.
- Il est ensuite libre durant la journée qui suit, sans avoir besoin de pratiquer des échanges supplémentaires. Cette pratique est plus rare chez les personnes âgées, car elle implique une autonomie pour utiliser la machine, des fonctions cognitives et des capacités motrices préservées (arthrose des doigts, etc.). De plus, la présence d’un aidant à domicile est obligatoire.
Article paru dans la revue “La Gazette du Jeune Gériatre” / AJG N°25