If you want to go fast, work alone. If you want to go far, work together

Publié le 1667397456000

 

Plus de 1500 gériatres européens se sont retrouvés à Londres pour échanger et se former avec la thématique du « multidisciplary work, better together ». En complément de l’excellente synthèse faite par les bénéfi ciaires des bourses de la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (disponible sur : https://bit.ly/3U88Uel), l’AJG vous présente des résumés de sessions supplémentaires.

Évaluation gériatrique standardisée : les références à savoir !

Graham Ellis (Royaume-Uni) a donné une conférence inaugurale sur l’évaluation gériatrique globale. Il a commencé par rappeler les études prouvant le bénéfice clinique de cette approche : chez les patients hospitalisés en médecine aiguë (Ellis Cochrane 2017), en contexte péri-opératoire (Green BMJ 2005, Hanari Age Ageing 2007, Ellis SMJ 2012), en chirurgie (Eamer Cochrane Library 2018), aux urgences (Conroy Age Ageing 2011, Ellis Clin Interv Aging 2014), en hospitalisation à domicile (Ellis Cochrane 2011, Shepperd Cochrane 2016). Il a ensuite discuté des aptitudes professionnelles contribuant à l’efficacité de l’approche gériatrique globale : communication, management, car bien sûr : c’est avec l’équipe multi-disciplinaire que la magie opère ! Dans le pays d’Harry Potter, cela prend sens !

Recommandations mondiales sur les chutes : tous ensemble pour prévenir la chute !

« Chez l’enfant, il faut un an pour apprendre à marcher, et 10 ans pour acquérir toutes ses fonctions d’équilibre. Chez la personne âgée, tout cela peut être perdu en une journée ».

Manuel Montero-Odasso (Canada) a présenté les nouvelles recommandations mondiales sur les chutes, issue de 3 ans de travail d’un groupe de 96 experts des 5 continents.

Un algorithme d’évaluation, prévention et prise en charge est proposé. L’orateur a notamment insisté sur plusieurs points : un bas risque de chute (c’est- à-dire pas de chute dans l’année, ou une chute non grave + vitesse de marche > 0,8 m/s ou TUG < 15s) ne veut pas dire un risque zéro, le groupe recommande une prévention primaire, de l’activité physique et une réévaluation annuelle.

Les recommandations détaillent les stratégies pour augmenter l’observance, les façons efficaces d’augmenter l’exercice physique, les bénéfices des interventions multi-domaines, l’intérêt de la supplémentation en vitamine D en cas de risque de carence, et le bénéfi ce des bisphosphonates même dans le très grand âge. Après un compte à rebourds du plus bel effet, les recommandations étaient publiées simultanément dans Age and Ageing (https://doi.org/10.1093/ageing/afac205) !

Sarcopénie

Matteo Cesari (Italie) a traité d’actualités sur la sarcopénie : l’étude SPRINTT (Bernabei BMJ 2022) a démontré l’effet bénéfi que d’une intervention physique et nutritionnelle, adaptée à chaque participant de façon individuelle, sur 1500 patients âgés fragiles et sarcopéniques. Cette intervention de 36 mois a réduit l’incidence de la perte de mobilité (capacité à marcher 400 m en moins de 15 min) et amélioré les performances locomotrices mesurées par le score SPPB. Reste à savoir si l’effet sera maintenu après cette intervention de 3 ans (voir l’étude de Oh Age Ageing 2021 qui démontrait la perte d’effet après la période d’intervention).

Le consensus d’experts sur l’exercice physique chez les personnes âgées (Izquierdo JNHA 2021) décrit les types, fréquence et intensité d’exercice, pour la population générale et en fonction des syndromes gériatriques et des maladies chroniques.

Il a aussi rappelé le consensus d’experts sur les apports protéiques nécessaires pour maintenir ou reconstituer la masse musculaire des personnes âgées (PROT-AGE, Bauer JAMDA 2013) : 1 à 1,2 g/kg/j. Ce chiffre augmente à 1,2-1,5 g/kg/j dans la plupart des cas de maladie aiguë ou chronique. Une exception à cela est l’insuffisance rénale sévère (DFG<30ml/min, sans traitement par dialyse ni dénutrition), où des apports protidiques plus faibles (0,8 g/kg/j avec surveillance nutritionnelle rapprochée) ont une vertu néphro-protectrice.

Anorexie : agir dès la baisse de l’appétit

Sur le symposium « Anorexie », Natalie Cox (Royaume-Uni) a commencé par présenter les facteurs de contrôle de l’appétit. Ceux-ci sont complexes et engagent à la fois des mécanismes de régulation hormonale, du goût et de l’odorat, l’atteinte de la vidange gastrique... Les conséquences sont connues et graves : le faible appétit est directement corrélé à un mauvais état de santé avec dénutrition, fragilité et sarcopénie. Il faut agir AVANT l’arrivée des conséquences. Nathalie Cox a aussi insisté pour montrer que la perception de l’appétit et de la perte d’appétit par les individus est une clé de compréhension des mécanismes de l’anorexie et des pistes sérieuses de prises en charge qui mérite d’être mieux étudiée.

Clare Corish (Irelande) a présenté la diffi culté d’une mesure précise de l’appétit puisque dès le départ, il n’y a pas de définition consensuelle de la notion d’appétit ! Elle a montré les résultats de la scoping review réalisée par le groupe APPETITE pour identifi er les méthodes de mesures de l’appétit et d’évaluation utilisées pour les personnes âgées. Le score SNAQ ( Simplifi ed Nutritionnal Appetite Questionnaire) semble l’outil le plus pertinent, reproductible et faisable en pratique clinique pour estimer l’appétit et mettre en route des mesures immédiates, avant le stade de dénutrition.

Dorothee Volkert (Allemagne) a conclu ce symposium en insistant sur le fait que le faible appétit est au centre du modèle de dénutrition DoMAP (= Determinants of Malnutrition in Aged Persons), cf. schéma page suivante. Malgré cela, finalement assez peu d’études se sont intéressées à TRAITER la perte d’appétit. C’est pourquoi le projet APPETITE a vu le jour. C’est un essai européen qui vise à améliorer l’appétit via la prise de protéines végétales. Le but est aussi de montrer leur rôle sur la synthèse des acides aminés et de prévenir la dénutrition et la sarcopénie.