Histoire de la cardiologie - Cœurs d’histoire et histoires de cœur

Publié le 31 Oct 2023 à 13:09

 

La citation d’Hippocrate résonne puissamment dans le domaine de la cardiologie, une discipline qui a traversé les époques en accumulant des connaissances précieuses sur le cœur humain. Depuis les premiers jours de l’Égypte antique, où le cœur était considéré à la fois comme un symbole spirituel et comme un organe biologique essentiel, jusqu’aux avancées révolutionnaires de William Harvey, chaque génération a contribué à cette épopée fascinante.

L’art de la cardiologie est complexe et exigeant. Et vous qui lisez ces lignes, comprenez l’importance de continuer à apprendre et à évoluer, car les connaissances médicales progressent sans cesse. Plus nous avançons dans le temps, plus les découvertes se ²mul-tiplient, offrant de nouvelles perspectives sur la compréhension et le traitement des maladies cardiaques.

 

Le Papyrus ANI, témoignage précieux de l'Égypte ancienne, nous révèle l'importance du cœur dans la vision de l'au-delà. Au moment du passage dans l'au-delà, le cœur, représenté par le terme « Ib », subissait une psychostasie, une pesée symbolique de l'âme du défunt. Ce rituel soulignait le rôle sacré du cœur, considéré comme le siège de l'intelligence et de la sensibilité, au-delà de sa fonction biologique.

 

Un autre document majeur de l'époque égyptienne, le Papyrus EBERS, offre des connaissances médicales de l'époque, dont un chapitre est dédié aux maladies du cœur, appelé « haty ». Le coeur haty est décrit comme l'organe pompe que nous connaissons aujourd'hui.

 

Cependant, pour Imhotep, une figure influente de l'époque, le cœur était plutôt considéré comme un réservoir. Il distinguait les battements du cœur, appelés « deb deb », et « le parler du cœur », qui était la perception du pouls le long des vaisseaux.

 

Hippocrate, incontournable, a grandement contribué à l'émergence de la "théorie des humeurs". Dans ses écrits, il décrivait le cœur comme une « pyramide rouge foncée » entourée d'une « tunique lisse », et soulignait le fonctionnement des valves. Selon lui, le ventricule gauche contenait uniquement de l'air, qui était ensuite expulsé à travers les vaisseaux.

Il décrivait l'angor comme « ... la poitrine serrée par une griffe et certains malades se courbent en avant » et l’œdème pulmonaire comme « l’eau s’accumule, le patient tousse et crache, la respiration est rapide ».

Hippocrate a cherché à réduire le recours systématique aux saignées, qui étaient largement utilisées à l'époque. Il observa cependant leur ecacité chez les patients présentant un excès d'humeur, notamment les patients congestifs.

« La vie est courte, l’art est long, l’occasion fugitive, l’expérience trompeuse, le jugement difficile. » - Hippocrate.

La connaissance de notre histoire est essentielle pour saisir pleinement l’occasion fugitive de soigner correctement nos patients. En comprenant les réalisations passées, les défis surmontés et les leçons apprises, nous sommes mieux équipés pour prendre des décisions éclairées dans notre pratique quotidienne.

Pour vous offrir un aperçu des jalons clés de l’histoire de la cardiologie, nous avons créé cette infographie. Bien sûr, il est impossible de tout couvrir dans une seule illustration, mais cette frise chronologique met en évidence certains moments décisifs de notre spécialité.

Elle est conçue comme une invitation à approfondir vos connaissances, en utilisant les références de qualité qui ont été utilisées pour sa construction.

Cette infographie est la première partie d’un récit plus vaste, qui sera complété par l’histoire de la cardiologie dans les Temps Modernes. Soyez prêt à plonger dans cette histoire fascinante, qui nous rappelle que chaque pas en avant dans la recherche et la pratique médicale nous rapproche de notre objectif ultime : améliorer la santé cardio-vasculaire et le bien-être de nos patients.

 

Ibn Al-Na­s

Médecin de Damas, corrige et commente de nombreux textes de Galien. Notamment l’absence de pores dans le septum interventriculaire

Premier à ébaucher le concept de circulation pulmonaire telle que nous la connaissons aujourd’hui avec la notion de « veine artérielle ». Il ébauche aussi le rôle nourricier des coronaires.

 

Michel Servet, français né en 1511, il finira sur le bûcher pour ses idées religieuses et scienti‑ques (soutenant l’hypothèse de la circulation pulmonaire). Il faudra attendre Cesalpino pour que le foie ne soit plus considéré comme l’organe produisant le sang.

 

Puis William Harvey décrira le mécanisme exact de la circulation sanguine (petite et grande circulation). Cela allant contre la doctrine, un vif débat aura lieu et impliquera nombreux personnages, tel que Descartes qui soutient les idées d’Harvey et décrira même le rôle de la diastole et du remplissage en 1662. Il faudra attendre 2 thèses de médecine de Fagon et Mallot pour que Louis XIV tranche et demande à son premier chirurgien Dionis d’enseigner cette théorie à la cour du roi.

 

Galien

Médecin des gladiateurs à Pergame, il a pu réaliser de nombreuses observa-tions, notamment sur l’organisation du tissu cardiaque en 3 couches. Faisant de nombreuses découvertes et avancées... mais aussi des erreurs comme lorsqu’il écrit que le sang passe par des « pores, microscopiques entre les ventricules ». Il participera, également à la diffusion de la théorie des humeurs où le sang vient du foie et se mélange à l’air pour former le « pneuma » (soue vital).

 

Vésale

Considéré comme le « pionnier de la médecine moderne », Vésale décrit avec une grande précision et nomme les structures cardiaques. Par exemple la valve mitrale car elle ressemble à une mitre d’évêque. Il participe également à la correction des écrits de Galien.

L’ouvrage phare est le De Corporis humani fabrica contenant des illustrations anatomiques détaillées et précises, basées sur ses propres dissections.

 

Leonardo da Vinci, célèbre artiste, philosophe et ingénieur de la Renaissance, était également un observateur minutieux du corps humain.

Passionné par l'anatomie, il a réalisé des planches anatomiques d'une grande précision, démontrant son incroyable talent d'observation et de représentation.

Les planches anatomiques de Leonardo da Vinci, bien que dépourvues de dénominations spécifiques des structures, sont remarquables par leur réalisme et leur niveau de détail.


Corentin BOURG
Interne en cardiologie
et Etudiant en Master 2
(INSERM 1099 – LTSI)
Auteurs


Pr Christophe LECLERCQ
PU-PH de rythmologie, CHU
de Rennes
Président de la SFC
Vice-président de l’ESC
Relecteur

 

Article paru dans la revue « Le magazine des jeunes cardiologues - Collège des Cardiologues en Formation » / CCF N° 19

 

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