Histoire de la cardiologie

Publié le 06 May 2024 à 16:24
Article paru dans la revue « CCF / Journal des Cardiologues en Formation » / CCF N°20


La défibrillation

En 1899, Prévost et Battelli provoquent de la fibrillation ventriculaire chez le chien par l’intermédiaire de chocs électriques. Puis en délivrant un second choc permettra de faire repartir le cœur de l’animal en réduisant l’arythmie.

C’est en 1938 et 1957 que Kouwenhoven et Friesinger utiliseront des chocs électriques d’abord internes puis externes pour réduire des rythmies. Le premier patient sera sauvé en 1957. Puis le polonais Mirowski propose en 1980 le défibrillateur implantable (dans la paroi abdominale) et la technique se perfectionnera pour arriver jusqu’à celle que nous connaissons. Paul Zoll, sera le fondateur de la société du même nom, connue entre autres dispositifs pour son gilet défibrillateur.

 

 

Angioplastie et stenting

Pour tout savoir sur Seldinger, Grüntzig, Palmaz et Schatz, Charles Stent ou encore Jacques Puel, reportez-vous au numéro 18 du Journal du CCF pour l’article sur l’histoire de la cardiologie interventionnelle écrit par Mathieu Lajus.

L‘électrocardiogramme

Les potentiels électriques cardiaques sont étudiés en 1842 par Matteucci. Puis en 1878, Sanderson et Page vont recueillir les phases QRS-T avec un électromètre capillaire. C’est Waller, en 1887 qui réalisera le premier enregistrement sur cœur humain. Einthoven, médecin néerlandais mettra au point le galvanomètre à corde en 1901 pour enregistrer différentes dérivations et identifiera les 5 déflexions P-QRS-T que nous connaissons et étudie de nombreuses dérivations différentes selon l’emplacement des électrodes sur le patient. Il obtiendra le prix Nobel en 1924 pour ces travaux. Son galvanomètre à corde, outil de presque 300 kg nécessitait l’intervention d’un médecin et 2 assistants pour obtenir un tracé… en environ 2 heures. Grace à ces outils, Pardee fera en 1920 la description de l’onde éponyme caractérisant l’infarctus du myocarde.

En 1942, Goldberger affinera la technique et permettra d’obtenir les 12 dérivations telles qu’utilisées aujourd’hui.

C’est en 1961 que NJ Holter mettra au point l’enregistreur magnétique portatif de l’ECG.


Einthoven


Galvanomètre à corde d’Einthoven

La percussion thoracique

Leopold Auenbrugger, médecin a autrichien et fils de tonnelier développe la technique de percussion. Pour connaître le niveau de remplissage d’un tonneau il fallait utiliser la percussion et la matité indiquait le niveau.

Auenbrugger s’inspire de cette technique pour définir les contours du cœur et la notion de cardiomégalie si la matité s’étendait au-delà des limites habituelles.

Nous nous servons encore de ces notions de tympanisme et matité dans l’exploration des syndromes pleuraux.


Photo Auenbrugger

Description de l’angor

On retrouve des descriptions de l’angor dans les textes d’Hippocrate (-460), comme la serre d’un aigle au niveau de la poitrine. Le médecin anglais Heberden (1710-1801) en fera ensuite une description plus fine.

La tension artérielle


Tube de Hales


Manobrassard et Manopoire

L’anglais Hales fait les premières mesures directes de la tension artérielle (1720) utilisant un tube de laiton, relié à un tube droit en verre, dans l'artère d'un cheval et mesurait ensuite la hauteur atteinte par le sang dans le tube.

Puis, le français Poiseuille (1728) améliora les expériences de Hales en remplaçant le tube droit par un tube en U partiellement rempli de mercure. C'est grâce à lui que la pression artérielle est exprimée en mm de mercure (mmHg).

L’allemand Von Vierordt (1850), en se basant sur la constatation que la pulsation artérielle pouvait être supprimée par l'application d'une pression suffisante équivalente, développe un appareil doté d'un brassard gonflable qui se place autour du bras et comprime l'artère pour mesurer la tension. C’est le sphygmograph : outil néanmoins encombrant et peu fiable, mais permettant une mesure non-intrusive de la tension artérielle. Riva-Rocci, l’italien, développe le tout premier tensiomètre à mercure (1896). Son sphygmomanomètre comportait un brassard que l'on plaçait sur le bras et que l'on gonflait avec de l'air, à l'aide d'une poire, pour comprimer l'artère brachiale et obtenait la systolique.

Le russe Korotkov présente en 1905 sa méthode de mesure de la tension artérielle systolique et diastolique. En combinant l'appareil de Riva-Rocci avec un stéthoscope posé sur l'artère brachiale et en se basant sur les bruits du flux sanguin.

Les français Charles Laubry et Henri Vaquez développent et commercialisent avec Spengler et sa société le premier tensiomètre manobrassard (1907), puis le tensiomètre manopoire dans les années 1950. En 1993, l’électronique s’intègre avec les outils de mesures développés par la société Panasonic.

L’auscultation

Le français René Laennec (1781-1826), utilise habituellement l’auscultation « immédiate » séparant l’oreille du médecin et la poitrine du patient par un simple mouchoir. Après avoir vu des enfants jouer avec des bâtons et aux objets solides à transmettre des ondes acoustiques, il utilisa un cahier roulé sur luimême pour ausculter la poitrine d’une jeune patiente. L’auscultation « médiate » venait de naître. Il va alors développer le stéthoscope (du grec stêthos, poitrine ; skopein, voir).


Laennec

L’américain Kamman, ajoute des embouts auriculaires et ce modèle est utilisé pendant plusieurs décennies.

Enfin, dans les années 1960, Littmann, professeur à Harvard, révolutionne l’outil et façonne le stéthoscope que nous avons dans nos poches aujourd’hui.


Stéthoscope de Littmann

 

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