Focus sur la Session Thèse-recherche en 3 min - Les 3 gagnants

Publié le 24 May 2023 à 14:10

 

Le remplacement valvulaire aortique entre 50 et 60 ans :

Quel est le meilleur choix ?

Objectifs

Le choix du substitut valvulaire aortique pour les patients entre 50 et 60 ans reste un choix controversé. Le but de cette étude était de comparer la morbi-mortalité, à court et long terme, entre les patients implantés d’une valve mécanique et ceux d’une valve biologique.

Méthode

Tous les patients opérés d’un remplacement valvulaire aortique électif entre 2000 et 2010, ont été inclus dans l’étude. Elle concernait le CHU de Rouen et de Dijon. La morbi- mortalité à 30 jours et à long terme ont été comparés. Une évaluation de la qualité de vie globale à travers le questionnaire SF 36.

Résultats

294 patients ont été inclus. L’âge moyen était de 55 ans. Parmi ces patients, 206 soit 69 % ont été implantés d’une valve mécanique. Dans les 30 jours post-opératoires, aucune différence de morbi mortalité n’a été observé. Pendant le suivi, on note un taux plus élevé d’endocardites (OR 2.81 (1.01-7.83), p=0.049), de fibrillation atriale (HR 7.51(3.51-16.47), p<0.001) et de réinterventions (HR 7.51(3.51-16.47) dans le groupe valve biologique. La survie à 15 ans est significativement meilleure chez les patients du groupe valve mécanique 73 % vs 59 %, HR 0,63 (1,03-2,58), p=0,016). Parmi les patients vivants à 15 ans, 3 % furent perdu de vue et 87 % ont répondu au questionnaire de qualité de vie SF 36. 5 patients implantés d’une valve biologique ont regretté ce choix contre seulement un dans le groupe valve mécanique (OR 24.19(2.94-199.12) p<0,001). La qualité de vie générale dans le questionnaire était également meilleure dans le groupe valve mécanique (80 (63.8-85) vs 60 (50-75), p=0,03).

Conclusion

Dans cette étude, une majorité de patient ont été implantés d’une valve mécanique avec une meilleure survie et peu de complications à long terme. Les patients sont satisfaits de leur qualité de vie. La valve mécanique reste une solution fiable pour ces patients entre 50 et 60 ans.

Elodie BERG

Expérience française de la transplantation pulmonaire réalisée à partir de donneurs décédés après arrêt cardiaque catégorie Maastricht 3

Objectifs

Le protocole défini par l’Agence de la Biomédecine pour les prélèvements pulmonaires à partir de donneurs décédés après arrêt cardiaque de la catégorie Maastricht III (DDACM3) recommande l’utilisation d’une circulation régionale normothermique (CRN) en cas de prélèvement abdominal associé, et impose une évaluation pulmonaire par perfusion Ex-Vivo (PPEV) avant implantation. Cette étude rapporte les résultats des 3 premières années de la transplantation pulmonaire avec ce protocole.

Méthode

Analyse rétrospective des résultats des six centres français ayant réalisé des transplantations pulmonaires à partir de DDACM3 depuis le début du programme (mai 2016 à Novembre 2021).

Résultats

Cent greffons provenant de 14 hôpitaux donneurs ont été acceptés par 6 centres de LT. La durée médiane de la phase agonique était de 20 minutes [2-166]. La durée médiane entre l’arrêt cardiaque et la pneumoplégie était de 62 minutes [20-90]. Dix greffons pulmonaires n’ont pas été prélevés en raison d’une phase agonique prolongée (n=3), de l’échec de CRN (n=5) ou d’une mauvaise évaluation macroscopique du greffon (n=2). Les 90 greffons pulmonaires restants ont été évalués par PPEV. La durée médiane de PPEV était de 235 minutes [120-490]. Quatorze greffons pulmonaires ne remplissaient pas les critères de transplantation après une période minimale de perfusion de 2 heures, ce qui a permis d’obtenir un taux de conversion PPEV/greffe de 84 %. La durée totale de préservation médiane était de 707 minutes [543-1038]. Soixante et onze transplantations bi-pulmonaire et cinq mono-pulmonaires uniques ont été réalisées. Les indications à une greffe pulmonaire étaient la bronchopneumopathie chronique obstructive (n= 29), la fibrose pulmonaire (n=21), la mucoviscidose (n=15), l’hypertension pulmonaire (n=8), la réaction du greffon contre l’hôte (n=2) et un carcinome adénosquameux (n=1).

Dans 34 cas (45 %), la transplantation a été réalisée sous ECMO, et a été maintenue en postopératoire dans 15 cas (20 %). Les taux de Défaillance Primaire du Greffon (DPG) grade 3, 2 et 1-0 à 72 heures étaient respectivement de 9 % [n=5], 20 % [n=13] et 72 % [n=38]. La survie à 90 jours, 1 an et 3 ans étaient respectivement de 94,7 %, 93,4 % et 85 %.

Guillaume FADEL

L’hémocompatibilité du coeur artificiel Carmat en mode autorégulé : réflexions autour des multimères du facteur de Von Willebrand

Objectif

Le Coeur artificiel total bioprothétique Carmat (Aeson ; A-TAH) est un dispositif d’assistance pulsatile et autorégulé. L’objectif de cette étude est d’évaluer le niveau potentiel d’hémolyse et de syndrome de Von Willebrand acquis (AVWS) après implantation du A-TAH.

Matériel et méthode

Nous avons examiné sur l’ensemble du suivi post-opératoire, la survenue d’hémolyse et de AVWS chez des patients ayant été implantés du A-TAH, en comparaison avec des patients contrôles et des patients ayant été implantés du Heartmate II ou du Heartmate III. Nous avons aussi réalisé un modèle d’intéraction fluide-structure couplé à une simulation de dynamique des fluides afin d’évaluer le shear stress induit par le A-TAH.

Résultats

La durée cumulée d’assistance sous A-TAH était de 2087 jours. L’implantation du A-TAH n’a pas affecté l’hémoglobine plasmatique libre au cours du temps, et il n’y avait pas d’association entre l’hémoglobine plasmatique libre et le débit ou la fréquence cardiaque. Concernant l’évaluation du facteur de Von Willebrand (VWF), l’implantation du A-TAH n’a pas modifié le profil multimérique du VWF en comparaison avec le Heartmate II et le Heartmate III. De plus, le modèle d’intéraction fluide-structure couplé à la simulation de dynamique des fluides a montré une augmentation croissante de l’altération des éléments sanguins lorsque le débit cardiaque augmente (p<0.01). Toutefois, la fraction du volume sanguin endurant un shear stress significatif était toujours inférieure à 0.03 %, et ce pour les deux ventricules et dans tous les régimes testés. Une association inverse entre débit cardiaque, fréquence cardiaque, et ratio de multimères de haut poids moléculaire (HMWM) du VWF a été trouvé.

Conclusion

Nous avons démontré que le A-TAH ne cause pas d’hémolyse ni de AVWS. Cependant, la relation entre le ratio de HMWM et le flux dépendant du débit cardiaque engendré confirme la pertinence du VWF comme marqueur biologique du débit sanguin, y compris dans des amplitudes physiologiques.

Bastien POITIER

Article paru dans la revue « Revue du jeune chirurgien thoracique, cardiaque et vasculaire » / AJCTCV N°1

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Publié le 1684930216000