Fermeture des lits et mesures « flash »... la psychiatrie publique aussi...

Publié le 21 Dec 2022 à 11:42


Dans les suites du mouvement de mobilisation nationale et de grève des psychiatres d’exercice public du 28 juin 2022, alors que les conditions de travail et de soins se dégradent continuellement, le SPH a sollicité les psychiatres d’exercice public à deux reprises cet été.

À l’aide de questionnaires rapides, il nous fallait recenser les fermetures de lits et de structures extra-hospitalières non souhaitées, mesurer l’impact en termes d’accès aux soins et de continuité de ceux-ci ainsi que l’effectivité des mesures dites flash et leur éventuelle efficacité.

Les réponses ont été nombreuses et proviennent de l’ensemble des régions de France et d’un très grand nombre d’établissements accueillant des lits de psychiatrie publique.

Les résultats n’ont fait que confirmer nos craintes et l’ampleur de la dégradation de la situation de la psychiatrie publique en France.

Depuis le début de la crise sanitaire (mars 2020), 70 % des établissements ont fermé des lits.

Nombre de lits de psychiatrie fermés par établissement depuis mars 2020

Cet été, plus de trois quarts des établissements ont été concernés par des fermetures de lits non souhaitées. Pour un certain nombre d’entre eux, c’est plus d’une cinquantaine de lits qui ont été fermés.

Nombre de lits de psychiatrie fermés par établissement cet été

Dans un établissement sur deux, des structures extra-hospitalières ont également dû fermer pour permettre un redéploiement - souvent insuffisant - de ressources sur l’intra-hospitalier, altérant le travail de secteur et la continuité des soins aux patients.

Fermeture de structures extra-hospitalières cet été

Les causes en sont hélas assez simples : pénurie médicale et pénurie infirmière, conjuguée dans un établissement sur 2, médicale ou infirmière dans un établissement sur 3.

Seul un établissement sur 6 semble ne pas être concerné par cette pénurie.

Existe-t-il une pénurie médicale et/ou infirmière dans votre établissement ?

Dans les suites des fermetures de lits, plus d’un hôpital sur deux n’a pas été en mesure de retrouver sa capacité d’accueil antérieure.

L'hôpital a-t-il récupéré sa capacité en lits d'avant l'été ?


Concernant les mesures dites flash et leur lisibilité pour le personnel médical exerçant en psychiatrie publique :Plus d’un répondant sur trois (37 % indique qu’il n’est pas en mesure de répondre aux questions concernant ces mesures par manque d’information sur son établissement. Parmi les personnels médicaux correctement informés, il semblerait que dans seulement 2 établissements sur 5, les mesures décidées soient effectives.

Les "mesures flash" ont-elles été effectives dans votre établissement ?

Quant à leur efficacité, elles sont apparues « partiellement efficaces » pour la moitié des praticiens et « inefficaces » pour 45 % des répondants. Seuls 5 % des praticiens ont trouvé que ces mesures permettaient de répondre de façon « efficace » aux difficultés de l’hôpital public.

Dans ce contexte de difficulté extrême à assurer un parcours de soins sans délai et sans rupture à nos patients, les quatre syndicats représentatifs des psychiatres d’exercice public ont sollicité une rencontre auprès du Ministre de la Santé et de la Prévention... aucune proposition de rendez-vous ne leur  a été faite  à ce jour...

Dr Stéphane HENRIETTE,
Secrétaire Général du SPH

Dr Marie José CORTES,
Présidente du SPH

Article paru dans la revue « Le Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux » / SPH n°22

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Publié le 1671619353000