Et si vous passiez un semestre au japon ?

Publié le 16 May 2022 à 07:23


Mon experience a Juntendo

I - Le service

  • Organisation de l’hôpital et du service
    Juntendo University Hospital est un institut hospitalo-universitaire privé, situé dans le quartier de Bunkyo, Tokyo. Fondé en 1838, Juntendo est considéré comme la plus vieille école de médecine occidentale du Japon.
  • L’hôpital comporte un total de 1026 lits avec environ 345 000 patients hospitalisés par an (en moyenne 945 par jour). Le nombre de consultants est de 1 090 000 par an (en moyenne 3900 passages par jour).

    Deux services de radiologie, générale et neuroradiologie, ainsi qu’un service de médecine nucléaire, géographiquement séparés, existent au sein de l’hôpital. La présence, à Juntendo, d’un service de neuroradiologie détaché constitue une exception parmi les hôpitaux japonais, dans la mesure où les radiologues de différentes sous-spécialités sont habituellement regroupés dans un même service.

    Les trois services réunis disposent de :

    • Sept appareils d’IRM : GE Discovery 750w (3T), Siemens Prisma Skyra (3T) et Avanto (1.5), Philips Ingenia (3T) et Achieva (1.5 Tesla), Toshiba (1.5T) et une IRM peropératoire Aperto (0.3T).
    • Cinq scanners Toshiba et Philips 320 barrettes.
    • Deux PET-CT et trois appareils de scintigraphie.

    Le workflow est en moyenne de 120-150 IRM et 240-300 scanners par jour (toutes régions anatomiques confondues).

    Le personnel du département de neuroradiologie se compose de quatre neuroradiologues à temps plein, trois internes d’ancienneté différente et une quinzaine de manipulateurs en électroradiologie médicale. Le service accueille souvent des étudiants, radiologues et chercheurs étrangers pour des durées variables.

  • Activité clinique
  • Les pathologies rencontrées sont variées, incluant les maladies cérébro-vasculaires (AVC, leucopathie vasculaire), les maladies inflammatoires du cerveau et de la moelle épinière (principalement sclérose en plaque), les démences, les tumeurs cérébrales et spinales. Il existe également un recrutement de neuropédiatrie, et de façon plus faible, de pathologies ORL. Certaines maladies ont une prévalence plus élevée en Asie de l’Est : c’est le cas de CADASIL (Cerebral Autosomal Dominant Arteriopathy with Subcortical Infarcts and Leukoencephalopathy), Moyamoya, dysgerminome, Neuro-Behçet, ossification du ligament vertébral longitudinal postérieur.

    Un staff pédagogique est organisé de façon hebdomadaire. La langue utilisée est le Japonais ; néanmoins, une personne se dévouait toujours pour faire la traduction.

  • Activité interventionnelle
  • Au Japon, les procédures interventionnelles neuro-vasculaires sont très majoritairement pratiquées par les neurochirurgiens. Dans le service, un neuroradiologue pratique des chimio-embolisations par voie endo-vasculaire de tumeurs ORL, à un rythme de trois à quatre procédures par mois.

  • Activité de recherche
  • Le service est particulièrement actif dans le domaine de la recherche. De larges bases de données de patients sont disponibles et plusieurs techniques avancées d’IRM sont utilisées, offrant un potentiel de recherche conséquent. Des séances de débriefing sont organisées mensuellement : c’est l’occasion pour chacun de présenter l’état d’avancement de son projet et d’échanger les points de vue de façon productive.
    Les thématiques de recherche concernent principalement :

    • Synthetic MRI : une technique d’IRM quantitative développée par une équipe de chercheurs suédois en 2008, basée sur la quantification absolue des temps de relaxation longitudinale (T1) et transversale (T2) et de la densité de protons. Elle permet d’obtenir à partir d’une seule acquisition, une série de contrastes, des cartographies des temps de relaxation T1 et T2, une quantification des fractions de myéline, de substance blanche et grise, du volume cérébral. L’IRM synthétique a montré son utilité dans plusieurs pathologies telles que la sclérose en plaques, le Sturge-Weber syndrome, les tumeurs cérébrales.
    • Neurite Orientation Dispersion and Density Index (NODDI) : une technique avancée de diffusion, dite plus spécifique que le tenseur de diffusion, permettant d’estimer la microstructure des dendrites et de comprendre les lésions en jeu dans certains processus neurologiques. L’équipe de Juntendo a notamment étudié l’intérêt de NODDI dans la maladie de Parkinson.
    • Intelligence artificielle, notamment le « learning machine ».

    II - Mon stage

         1 - Activités d’interprétation

    Je rédigeais en anglais les compte rendus des examens, qu’un sénior validait dans un deuxième temps. Juntendo autorise la diffusion de comptes rendus en anglais. Pour tous les patients, les diagnostics finaux sont rapportés dans les deux langues, japonaise et anglaise.

  • Activité de recherche
  • Sous l’encadrement du service, j’ai mené une étude portant sur l’analyse du signal des sinus veineux cérébraux sur les séquences en pondération T1 en Synthetic MRI. L’article intitulé « High frequency of high signal intensity within cerebral venous sinuses on synthetic T1-weighted images that may mimic cerebral venous thrombosis” a été soumis au Journal of Neuroradiology.

  • Congrès
  • J’ai eu l’occasion de présenter un poster à la Japanese chapter of ISMRM (International Society For Magnetic Resonance in Medicine), de présenter un cas clinique à une session pédagogique de neuroradiologie, et d’assister au congrès national de Radiologie de Yokohama.

    III - La vie à l’université

    Juntendo Hospital University a une tradition d’accueil d’étudiants issus des quatre coins du monde et appartenant à des milieux divers (médecine, biologie, physique, …). L’Université propose aussi bien des courts stages d’observation que des fellowships, des PhD ou des post-doctorats.

    Juntendo International Center (JUIC) est un service de l’Université dont le rôle est d’aider et d’orienter les étudiants internationaux dans leurs démarches administratives et autres, en amont de leur arrivée et pendant le séjour. Il constitue un support précieux, notamment lorsque la barrière de la langue intervient.

    JUIC met, par ailleurs, régulièrement en place des sessions de rencontre entre étudiants étrangers et japonais. Un séminaire de santé publique, animé de façon hebdomadaire, a pour vocation de faire comprendre le fonctionnement de système de santé japonais, et de le confronter aux systèmes des pays respectifs des étudiants. C’est aussi l’opportunité d’aborder des thématiques variées, culturelles, sociales, historiques, … Des rassemblements sont également organisés par l’Université à l’occasion d’événements culturels marquants, tels que le nouvel an, la floraison des cerisiers, …

    Article paru dans la revue “Union Nationale des Internes et Jeunes Radiologues” / UNIR N°33

    L'accès à cet article est GRATUIT, mais il est restreint aux membres RESEAU PRO SANTE

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