ENTOG 2015 : les Pays-Bas à l’honneur

Publié le 16 May 2022 à 23:32

(European Network of Trainees in Obstetrics and Gynaecology) Juin 2015, Utrecht (Pays-Bas)

L’ENTOG (European Network of Trainees in Obstetrics and Gynaecology), fondée en 1992, est l’équivalent européen de l’AGOF. Chaque année, cette association organise une semaine d’échange au sein d’un des 29 pays membres. Ainsi, grâce au soutien de l’AGOF et du CNGOF, nous avons pu faire partie des 49 internes européens s’étant donnés rendez-vous du 8 au 12 juin dernier aux Pays-Bas.

Lors de la première partie de la semaine, nous avons été répartis avec d’autres internes dans les différents centres hospitaliers universitaires (Amsterdam, Rotterdam, Maastricht, Utrecht...). Cette immersion de quelques jours permet de découvrir le fonctionnement hospitalier aux Pays-Bas. Les médecins hollandais sont très contents de nous accueillir et de nous expliquer certaines particularités de leur système de santé : le recours à l’euthanasie (accepté par 95 % de la population) ou encore la prévention des bactéries multi-résistantes. En ce qui concerne la Gynécologie-Obstétrique, nous appréhendons pleinement le concept de « first line midwife system ». En effet, 16 % des accouchements sont réalisés à domicile, par des sages-femmes. Tout est très réglementé : seules les femmes ayant eu une grossesse strictement physiologique peuvent accoucher à domicile, et, à la moindre anomalie au cours du travail (par exemple un liquide méconial), elles sont transférées dans la maternité la plus proche (devant être située à moins de 10 minutes). La surveillance du rythme cardiaque fœtal ne se fait que de manière intermittente. Nous avons pu lors de notre séjour suivre des sagesfemmes à domicile, mais contrairement à d’autres internes européens, nous n’avons pas eu la chance d’assister à un accouchement à domicile. Pour les accouchements hospitaliers, le taux de péridurale, comparé à la France, est faible : environ 10 %. L’instrument principal d’extraction est la ventouse. Au bloc opératoire, l’interne est dès que possible l’opérateur principal. Les établissements ne respectant pas suffisamment cette règle peuvent d’ailleurs perdre leur accréditation à accueillir des internes. Le système hollandais présente d’autres avantages : le temps de travail hebdomadaire de 48 heures, très contrôlé, un salaire supérieur et l’absence de concours. Chaque interne peut en effet choisir la spécialité qu’il désire. A première vue, cela paraît idéal. Cependant, tout est à relativiser : avant d’être internes, les étudiants en médecine, après 6 années de tronc commun, doivent faire leur preuve dans différents services pendant 2 à 3 ans et/ou passer leur thèse de science. De plus, leur internat dure 6 ans et ils ne bénéficient d’aucune formation en sénologie ou en échographie obstétricale.

Chaque soir, nous nous retrouvons avec les autres internes européens dans les différentes villes pour un moment de convivialité : restaurant, visite guidée, barbecue... Dans une ambiance très agréable, chacun fait part de ses impressions sur ce qu’il a vu. C’est également l’occasion de se comparer avec les internes des autres pays : formation des internes, recours à l’IVG, taux de péridurale, âge gestationnel minimal de la réanimation néonatale, etc

Pour la deuxième partie de la semaine, nous nous retrouvons tous à Utrecht pour 2 jours de formation. Par petits groupes, nous nous entraînons sur un mannequin à réanimer une femme enceinte après arrêt cardio-respiratoire. Puis nous testons divers simulateurs de cœlioscopie, plus ou moins réalistes. Un des modèles, développé par l’université d’Utrecht, a particulièrement retenu notre attention : la console de jeux vidéo Wii adaptée en simulateur de cœlioscopie, avec un jeu spécialement développé pour l’occasion et ses 2 manettes traditionnelles remplacées par des pinces de cœlioscopie. Il est ainsi possible de s’entraîner à domicile pour un coût global de 600 euros. Notre entraînement se poursuit par des simulateurs hystéroscopiques : certains sont virtuels via un ordinateur, d’autres sont très réalistes via des vessies et prostates de porcs. Puis nous participons à des mises en situation pratiques : comment gérer des événements psychologiquement difficiles au travail et comment gérer des patients difficiles. Il s’agit d’une séance très formatrice, le partage d’expérience et les « trucs et astuces » délivrés se révélant être très efficaces.

Le dernier soir de la semaine, une soirée est organisée conjointement avec l’EBCOG (European Board and College of Obstetrics and Gynaecology). C’est l’occasion de rencontrer et de discuter avec les différents membres de chaque pays, dans une ambiance très sympathique.

Enfin, le dernier jour est consacré à l’assemblée générale de l’ENTOG. Le nouveau conseil exécutif est élu : Anna Aabakke, présidente (Danemark), Alexandra Kristufkova, secrétaire générale (Slovaquie), Laurids Bune, trésorier (Danemark) et Agnieszka Lemanska, membre active (Pologne).

La formation des internes européens, et comment l’améliorer, est le point central de cette réunion. Le projet de l'EBCOG Examination pour devenir un "EuropeanFellow of Obstetrics & Gynaecology" nous est présenté. Il s’agit d’un examen européen facultatif, à la fois pratique et théorique, qui devrait avoir lieu à partir de 2016 deux fois par an à Bruxelles. L’objectif principal est d’harmoniser les pratiques de santé et d’améliorer la prise en charge des femmes. L’obtention du diplôme permettrait de travailler plus facilement dans les autres pays européens.
En conclusion, grâce à l’AGOF et au CNGOF, nous avons pu vivre une expérience très enrichissante tant sur le plan humain que sur le plan théorique. L’an prochain, la semaine de l’ENTOG sera couplée au congrès de l’EBCOG et se déroulera à Istanbul, en Turquie. Nous ne pouvons que recommander à tous les internes de postuler afin d’y participer !

Antoine KOCH, interne à Strasbourg
Phuong Lien TRAN, interne Océan Indien
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°11

Publié le 1652736775000