Les textes récents régissant le SHN et la formation de masso-kinésithérapie
Arrêté du 26 août 2010 relatif aux dispenses d’épreuves accordées aux sportifs de haut niveau pour l’admission dans les instituts de formation en massokinésithérapie, en pédicurie-podologie, en ergothérapie et en psychomotricité.
Arrêté du 24 mai 2016 modifiant l’arrêté du 26 août 2010 relatif aux dispenses d’épreuves accordées aux sportifs de haut niveau pour l’admission dans les instituts de formation en masso-kinésithérapie, en pédicurie-podologie, en ergothérapie et en psychomotricité.
Décret no 2016-668 du 24 mai 2016 relatif aux dispenses d’épreuves accordées aux sportifs de haut niveau pour l’admission dans les instituts de formation en massokinésithérapie, en pédicurie-podologie, en ergothérapie et en psychomotricité : siège dans la commission d’admission des sportifs de haut niveau :
• Un représentant de la profession des masseurs-kinésithérapeutes, désigné par le Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.
• Un représentant des directeurs d’instituts de formation pour chaque filière de formation concernée par le dispositif (Philippe Sauvageon pour le SNIFMK).
• Le directeur de l’Ecole nationale de kinésithérapie et de rééducation de Saint-Maurice (Daniel Michon).
Arrêté du 7 avril 2017 fixant le nombre d’étudiants à admettre en première année d’études préparatoires au diplôme d’Etat de masseur-kinésithérapeute au titre de l’année scolaire 2017-2018.
• 10 places à l’institut de Saint-Maurice (94).
• 20 places dans les autres instituts de formation.
Les résultats de l’enquête flash
Nous avons lancé une enquête flash auprès des 48 IFMK de France via un Google forms entre le 31 janvier et le 6 février 2018 via un mail adressé aux 48 directeurs d’IFMK. 45 IFMK sur 48 ont répondu soit 94 % de réponses. Ce qui permet d’approcher 2838 étudiants (pour rappel le total du quota de l’arrêté du 7 avril est de 2794, n’incluant pas les IFMK pour déficients visuels).
Les IFMK déclarent une autorisation d’accueil pour 52 étudiants (1 % des étudiants), alors que le quota du décret d’avril 2017 est de 30. 66 % des IFMK peuvent accueillir des SHN. Les IFMK accueillent actuellement dans les 3 promos 105 SHN (0,6 % des effectifs), dont 43 à St Maurice et 10 à Grenoble. En 2010, les IFMK enregistraient 91 candidatures en masso-kinésithérapie issues de 36 fédérations1 , le chiffre est donc assez stable.
Depuis 2010 :
• 127 SHN ont obtenu le DE (attention, le parcours scolaire étant souvent adapté – la formation peut être réalisée sur 6 ans).
• 14 SHN ont interrompu leur formation. 1/3 des SHN ayant interrompu leur formation était dans l’élite, 44 % étaient en reconversion.
Les raisons de l’abandon de la formation sont :
• Incompatibilité des deux projets formation et sport = 40 %.
• Insuffisance des prérequis à l'entrée en formation = 29 %.
• Évolution de la carrière sportive = 29 %.
• Problème de scolarité = 14,3 %.
• Problème de financement = 14,3 %.
• Autres = 14,3 %.
Les Fédérations des SHN qui ont abandonné leur formation sont :
• Judo jujistu ;
• Handball ;
• Volley ;
• Voile ;
• Cyclisme ;
• Football ;
• Rugby ;
• Tir ;
• Badminton ;
• Aviron ;
•Gymnastique.
Avez-vous des points et/ou remarques à ajouter concernant le sujet des SHN ?
• L'ouverture des places dans notre institut est liée à la volonté de réserver cette formation à des SHN en voie de reconversion, qui ont leur carrière internationale et sont prêts à se consacrer à la formation.
• Des aménagements sont réalisés mais doivent rester compatibles avec les objectifs de professionnalisation en MK.
• La gestion des SHN dépend de leur programme sportif, cela peut paraître évident mais dans la réalité ce n'est pas le cas.
• Un sportif peut réaliser une formation normale sans adaptation ou au contraire être obligé d'interrompre pour reprendre après 1, 2 ou 3 ans plus tard.
• Ils sont motivés, mais leur planning sportif et des compétitions peuvent parfois rendre très difficile un parcours normal en formation.
• Mieux prendre en compte les contraintes de l'IFMK au regard du choix de la spécialité sportive du SHN postulant.
• SHN de plus en plus jeunes, contraints par 2 projets lourds à mener de front.
• Organisation du projet sportif incompatible avec la scolarité en semestre.
• L'accueil des SHN demande pour les IFMK un trop gros investissement en temps et en organisation (décalages des périodes de stage, d'examens, etc.) en fonction des périodes de compétition et d'entraînement.
• Le retour sur investissement pour les IFMK est souvent décevant car lorsqu'un VRAI sportif de haut niveau obtient son D.E. il ne pratique généralement pas la MK ayant des opportunités plus grandes de la part de ses sponsors...
• Notre éloignement géographique limite les possibilités d'entraînement des SHN.
• Les nouveaux textes rendent très difficiles la comptabilité (entre autre l'obtention de l'année universitaire pré-admission).
• Difficultés à aménager le dispositif péda de 2015.
• Trop lourd en terme d'organisation depuis la réforme.
• Ce sont des étudiants qui ont une maturité certaine et qui se gèrent (autonomie plus avancée), très motivés. Ils sont une force dans une promotion. Par contre au vue de leur carrière sportive qui prime, il est très compliqué de démultiplier les épreuves et donc les sujets d'épreuves d'un point de vue organisationnel et pour les corrections effectuées par les intervenants extérieurs.
• La commission qui attribue les SHN aux instituts devrait systématiquement prendre contact avec nous avant leur décision définitive : nous leur remplissons un papier avec nos possibilités d'accueil, mais il y a des éléments qu'il serait pertinent d'évoquer directement (ex : un SHN qui s'entraîne à des km de l'IFMK parce qu'il ne veut pas changer d'entraîneur/ club et qui se met dans des situations compliquées car n'avait pas mesuré cela en amont).
• Il faut continuer d'exiger une L1 validée car ils accèdent maintenant en 1ère année d'études. Par ailleurs, ces candidats s'impliquent mieux dans les études MK lorsqu'ils sont en fin de carrière sportive, donc en période de reconversion professionnelle.
• Abandons en majorité de jeunes ayant une évaluation insuffisante de leur niveau de prérequis et de leur choix d'orientation.
• Pas de corrélation des abandons avec le niveau sportif et avec le niveau des contraintes.
• Les sports collectifs relativement professionnalisés sont directement concernés.
Le point de vue de l'ENKRE
Comme vous l’avez noté, près d’un SHN sur 2 est pris en charge par l’ENKRE dirigé par Daniel Michon et Marie-Françoise Poreaux-Laurent qui porte et gère depuis 1999 les évolutions successives du dispositif double-projet contraint par la professionnalisation du Sport de Haut Niveau. Nous y consacrons un chapitre spécifique.
• Approche personnalisée "sur une logique de double excellence" c'est-à-dire : faire en sorte que les réussites scolaires = aides à la vie de SHN et que les compétences acquises en SHN = acquis pour la formation professionnelle MK.
• La conditions clé est pour nous dans l'évaluation simultanée, approfondie et tout au long du parcours des deux projets (formation MK et SHN) : elle commence dès l'affectation à l'ENKRE et des entretiens tripartites (Etudiant, Entraîneur/Fédération/INSEP, ENKRE) sont organisés tout au long du parcours pour le suivi des acquis de formation et pour la réussite sportive.
• Pour l’ENKRE, une des conditions de réussite réside dans les sélections et les affectations proposées par la Commission interministérielle de sélection des SHN (c'est-à-dire une instruction suffisante des dossiers, des renseignements fiables sur la carrière sportive et le projet de professionnalisation).
• Reste à trouver une possibilité de VAE pour la validation de la L1 nécessaire pour être admis en IFMK tel que la prévoient le Décret et l'Arrêté du 24 mai 2016... Nous n'avons pas pu faire avancer cette question bien que nous y travaillons depuis bientôt 2 ans ...
Pascal GOUILLY
Article paru dans la revue “Syndicat National de Formation en Masso-Kinésithérapie” / SNIFMK n°9