Effet d'un programme avec exercices pliométriques vs.

Publié le 1652300841000

Proprioceptifs sur la stabilité dynamique de basketteurs amateurs

Impact of a plyometric versus proprioceptive exercise program on dynamic stability in recreational basketball players
Élodie Radenne Mikaël Scohier
Unité de recherche forme et fonctionnement humain (FFH), département des traitements physiques, haute école Louvain-en-Hainaut (HELHa), 134, rue TrieuKaisin, 6061 Montignies-sur-Sambre, Belgique
Reçu le 19 décembre 2016 ; reçu sous la forme révisée le 10 février 2017 ; accepté le 13 février 2017
RÉSUMÉ
Objectif. – Le but de notre étude est d'évaluer l'effet d'un programme d'entraînement pliométrique ou proprioceptif sur la stabilité dynamique de sujets atteints d'instabilité fonctionnelle de cheville.
Méthode. – Répartis aléatoirement, 30 basketteurs amateurs avec instabilité fonctionnelle de cheville ont complété l'étude dans un groupe témoin (n = 11), pliométrie (n = 9) ou proprioception (n = 10). La stabilité dynamique a été mesurée à l'aide du Star Excursion Balance Test avant et après un programme spécifique de 4 semaines.
Résultats. – Contrairement au groupe témoin, les groupes pliométrie et proprioception obtiennent un même gain significatif de la stabilité dynamique.
Discussion et conclusion. – La littérature montre que la pliométrie permet également une augmentation de la puissance musculaire. Par conséquent, cette technique pourrait être un traitement de choix de l'instabilité fonctionnelle de cheville chez le sportif.
Niveau de preuve. – II (essai contrôlé randomisé de faible puissance).
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
SUMMARY
Aim. – The aim of our study was to compare the effect of a plyometric versus proprioceptive training program on dynamic stability in subjects with functional ankle instability.
Methods. – Thirty recreational basketball players with functional ankle instability were randomized between control (n = 11), plyometric (n = 9) and proprioceptive exercise groups (n = 10). Dynamic stability was evaluated from the Star Excursion Balance Test before and after a specific 4-week program.
Results. – The plyometrics and proprioception groups showed similar significant increase in dynamic stability, unlike the control group.
Discussion and conclusion. – The literature shows that plyometrics can also increase muscle power. Therefore, it could be a very useful rehabilitation technique in athletes with functional ankle instability.
Level of evidence. – II (randomized controlled low-power trial).
© 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2017.02.129 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

MOTS CLÉS
Cheville, Équilibre , Instabilité , Pliométrie , Proprioception
KEYWORDS
Ankle , Balance , Instability , Plyometrics , Proprioception
Auteur correspondant : M. Scohier, Mikaël Scohier, unité de recherche forme et fonctionnement humain (FFH), département des traitements physiques, haute école Louvain-en-Hainaut (HELHa), 134, rue Trieu-Kaisin, 6061 Montigniessur-Sambre, Belgique.
Adresse e-mail : [email protected]
INTRODUCTION
Les entorses de la cheville font partie des blessures les plus diagnostiquées en sport [1,2], plus encore dans les sports avec sauts et changements de direction, comme le basketball par exemple. Dans un grand nombre de cas, une entorse de la cheville aiguë induit une instabilité chronique de cheville, augmentant le risque de récidive [1]. Cette instabilité chronique est attribuée à une instabilité mécanique de cheville, produite à la suite de changements anatomiques observés après une entorse de la cheville et/ou à une instabilité fonctionnelle de la cheville [1]. Cette instabilité fonctionnelle de la cheville (IFC), à l'origine de troubles de l'équilibre, est due entre autres à des déficits de proprioception de la cheville, de coordination neuromusculaire ou encore de force [1]. Si le traitement de repos, glace, compression et élévation (« RICE ») a longtemps été considéré comme un traitement standard pour toutes les entorses aiguës de la cheville [3], il ne peut suffire pour pallier à ces déficits. Pour diminuer le risque de récidive, il est primordial d'inclure progressivement dans le traitement des exercices de mobilité [4].
Ainsi, des exercices de stabilisation et d'équilibre statique ou dynamique, regroupés communément sous le terme d'entraînement proprioceptif, sont quasi systématiquement et progressivement incorporés dans le traitement des entorses avec des résultats convaincants [4]. Ces exercices requièrent un contrôle postural permanent qui stimule les afférences sensorielles. Par conséquent, la capacité d'un individu à intégrer les signaux sensoriels en provenance des mécanorécepteurs pour déterminer les positions et mouvements des segments corporels dans l'espace est améliorée [5]. In fine, ces stimulations répétées liées à l'entraînement proprioceptif contribuent à améliorer la stabilité dynamique [6–10], ce qui diminue le risque d'entorse de la cheville [11,12]. L'entraînement proprioceptif n'est pas l'unique moyen permettant d'améliorer la stabilité dynamique. De récentes études montrent ainsi que, chez les basketteurs sains, un programme de pliométrie améliore la stabilité dynamique [13,14]. La pliométrie se réfère à la réalisation d'exercices dynamiques composés d'un cycle étirement-raccourcissement. En d'autres termes, les exercices pliométriques sont composés d'un bref étirement du complexe musculotendineux alors que le muscle est déjà activé, suivi immédiatement d'une contraction concentrique puissante du même muscle. L'énergie élastique stockée dans les muscles et tendons durant l'étirement est utilisée pour produire une plus forte contraction concentrique durant la phase finale du cycle étirement-raccourcissement [15]. Concrètement, la pliométrie inclut des exercices de saut et de rebond réalisés de manière explosive. Outre les bénéfices largement démontrés sur la puissance musculaire [16], ces exercices permettraient également d'améliorer la proprioception globale [17]. Bien qu'elle soit moins fréquemment incorporée dans un programme de rééducation après entorse de la cheville que l'entraînement proprioceptif, cette technique de renforcement musculaire pourrait dès lors être un outil de rééducation efficace pour les sportifs atteints d'entorse de la cheville.
C'est pourquoi l'objectif principal de notre étude est d'évaluer l'effet d'un programme de pliométrie sur la stabilité dynamique de la cheville chez des basketteurs présentant une instabilité fonctionnelle de cheville ; et de comparer cet effet à celui obtenu après un entraînement proprioceptif. Pour ce faire, les sujets de notre étude ont réalisé un test d'équilibre dynamique avant et après avoir suivi un programme d'entraînement spécifique de pliométrie ou de proprioception de 4 semaines.

MATÉRIEL ET MÉTHODES 
Population
Les sujets volontaires ont préalablement répondu au questionnaire Cumberland Ankle Instability Tool (CAIT) [18]. Cet outil, destiné à évaluer la gravité d'une IFC, est composé de 9 items portant sur la douleur et le degré d'instabilité ressentis dans différentes situations. Le score maximal est de 30 points et un score égal ou inférieur à 27 indique la probabilité d'être atteint d'IFC [18]. À partir des résultats au CAIT, 44 basketteurs amateurs avec IFC ont été inclus dans l'étude et tous ont signé un formulaire de consentement approuvé par le comité d'évaluation institutionnel de la haute école Louvain-en-Hainaut. Les sujets ont certifié ne pas souffrir d'autres blessures récentes ou de pathologies chroniques invalidantes les empêchant de suivre le programme. L'échantillon a été stratifié d'abord en fonction du genre et ensuite en fonction de l'importance de l'IFC (faible, moyenne ou forte). Les sujets de ces différentes strates ont alors été répartis aléatoirement dans un groupe témoin (CTRL), pliométrie (PLIO) ou proprioception (PROPRIO). Quatorze sujets n'ont pas terminé l'étude dont 6 pour cause de blessure survenue en dehors du travail spécifique et 8 pour un manque d'assiduité aux séances d'entraînement. Au final, 30 participants dont 14 hommes et 16 femmes (âge = 22,2 Æ 4,0 ans ; taille = 1,76 Æ 0,11 m ; masse = 74,3 Æ 18,0 kg) ont réalisé entièrement le protocole dans les groupes CTRL (n = 11), PLIO (n = 9) ou PROPRIO (n = 10). Les participants étaient majoritairement droitiers (n = 27) et pratiquaient tous plus de 4 h d'activités physiques par semaine.
Procédures
Tous les sujets ont participé à un programme d'entraînement (CTRL, PLIO ou PROPRIO) pendant 4 semaines. Pour chaque groupe, un test d'équilibre dynamique (Star Excursion Balance Test) a été réalisé avant (PRE-test) et après (POSTtest) le programme d'entraînement spécifique (Fig. 1).
Programme d'entraînement
Dans le cadre de l'étude, tous les participants ont réalisé 2 entraînements d'une durée de 1 h30 par semaine pendant 4 semaines. Ces entraînements consistaient en un entraînement habituel de basketball (CTRL), avec incorporation d'exercices de pliométrie (PLIO) ou de proprioception (PROPRIO). La durée destinée aux exercices spécifiques était en moyenne de 15 minutes.
L'entraînement pliométrique a été construit à partir du programme développé par Miller et al. [19]. Onze types de sauts différents ont été réalisés durant l'ensemble du programme : 
• pieds joints de gauche à droite ; 
• en hauteur ; 
• vers l'avant au-dessus de plots ; 
• en longueur ;
• latéraux au-dessus d'une barrière ; 
• vers l'avant pieds joints ; 
• latéraux au-dessus d'un plot ;
• en diagonale ; 
• en longueur avec sprint latéral ; 
• vers l'avant sur un pied ;
• latéraux sur un pied.
L'intensité des exercices augmentait progressivement pendant les 4 semaines ainsi que le volume d'entraînement qui allait de 90 à 140 contacts pied-sol par session. L'entraînement proprioceptif est inspiré du programme d'entraînement de l'équilibre proposé par McGuine et Keene [11]. Sept exercices différents ont été inclus dans le programme du groupe PROPRIO :
• maintien de l'équilibre en position unipodale ; 
• mouvements de balancier en équilibre unipodal ; 
• squat unipodal ; 
• sauts latéraux de part et d'autre d'une ligne avec stabilisation ; 
• sauts bipodaux sur place ; 
• vers l'avant en diagonale ou dans un carré imaginaire avec réception unipodale ; 
• stabilisation. La difficulté de ces exercices a été croissante au fil des semaines :
• pied à plat vers pointe de pied ;
• stable vers instable ; 
• statique vers dynamique ;
• yeux ouverts vers yeux fermés ;
• déplacement dans l'axe vers multidirectionnel ; 
• exercice simple vers multitâche. 
Les exercices étaient effectués à raison de 30 secondes pour chaque jambe et un temps de repos de 30 secondes était accordé entre chaque exercice. Lors des exercices, la participation et la concentration du sujet étaient primordiales, car la cheville était placée dans des situations de plus en plus complexes, avec un risque accru de déstabilisation. Le sujet devait rechercher pour chaque situation une fixation parfaite de sa cheville et de son pied.
Évaluation de la stabilité dynamique
Afin de comparer l'effet des 3 programmes mis en place, nous avons évalué la stabilité dynamique des sujets à l'aide du Star Excursion Balance Test (SEBT, Fig. 1 et 2) avant et après les 4 semaines d'entraînement. Pour la mise en place du test, une droite partant du centre d'un cercle et graduée chaque centimètre a été tracée tous les 45 degrés de manière à dessiner 8 directions :
• antérieure ;
• antéro-médiale ; 
• médiale ; 
• postéro-médiale ;
• postérieure ; 
• postéro-latérale ;

Figure 1. Protocole expérimental. Le contenu des entraînements est détaillé dans le texte.

Figure 2. Illustration du Star Excursion Balance Test. Les directions évaluées lors de notre étude (antérieure, postéro-latérale et postéro-médiale) sont indiquées par un trait continu. Un exemple est représenté sur la figure pour la direction antérieure avec un pied d'appui gauche. Le résultat correspond à la distance mesurée entre les 2 cercles pleins.
• latérale ; 
• antéro-latérale (Fig. 2). 
Le pied d'appui sert de référence pour le nom des directions. Le test consistait à placer un pied en appui de telle sorte que son centre géométrique corresponde à l'intersection des lignes. Avec le pied mobile, le sujet devait effleurer la droite graduée le plus loin possible dans la direction évaluée tout en maintenant le pied d'appui immobile (Fig. 1). Il était alors demandé de se stabiliser, de maintenir la position 3 secondes afin de pouvoir noter la distance parcourue (représentée par les 2 cercles pleins sur la Fig. 2) et enfin de ramener le pied mobile au centre du cercle. Les sujets ont réalisé le test à pieds nus, mains positionnées sur les hanches. La stabilité dynamique a été évaluée uniquement dans les directions :
• antérieure ; 
• postéro-médiale ;
• postéro-latérale (cf. Fig. 2).
Pour la direction postéro-latérale, le sujet devait passer la jambe mobile derrière la jambe d'appui. Les sujets effectuaient d'abord 4 fois l'exercice dans les trois directions sur chaque appui de manière à se familiariser avec le test. Après 5 minutes de repos, ils réalisaient à nouveau 3 fois le test pour chacune des 3 directions sur un appui. Un autre temps de repos de 5 minutes était accordé avant la réalisation de cette séquence sur l'autre appui.

Traitement des données
Pour chaque direction et chaque appui, la distance des 3 essais obtenue lors du test SEBT a été moyennée de manière à obtenir une distance par direction et par appui.
Cette distance a ensuite été normalisée en fonction de la longueur du membre inférieur de chaque sujet (mesurée de l'épine iliaque antéro-supérieure à la malléole interne). Le score final est donc une moyenne des 3 essais exprimée en pourcentage de la longueur du membre inférieur (MI) :

Score SEBT (%)


Pour chacune des 3 directions du côté avec IFC et du côté sain, la différence entre le score SEBT final et le score SEBT initial a été calculée pour chaque sujet. Un score négatif indique une détérioration de la stabilité dynamique et inversement, un score positif indique une amélioration de la stabilité dynamique.
Analyse statistique
Toutes les analyses statistiques ont été accomplies à l'aide du logiciel SigmaPlot ® (Systat Software, San Jose, CA). Les données initiales ont été comparées entre les groupes à l'aide d'un test x 2 pour le genre et la latéralité et d'une analyse de la variance (Anova) à un facteur pour l'âge, la taille, le poids et le nombre d'heures de sport par semaine. Enfin, pour chaque direction étudiée, une Anova à 2 facteurs (pied d'appui et groupe expérimental) a été utilisée pour comparer l'évolution du score SEBT. La méthode Holm-Sidak a été choisie afin de tester les comparaisons multiples. Le seuil de signification a a été placé initialement à 0,05.
RÉSULTATS
Aucune différence n'a été observée entre les groupes au niveau des caractéristiques principales de la population. Les
Tableau I.