Écoute le chant de la mer ...

Publié le 27 May 2022 à 08:39


Le petit coin des artistes (Parce qu'on interne... Mais pas que !)
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Interne mais aussi... Mélomane

Le voyage est d’abord intérieur. La musique de Mayra Andrade nous procure tout de suite un sentiment puissant, agréable, celui d’être dans un autre endroit du monde que l’on aime par-dessus tout. Cela pourrait être le Cap-Vert, d’où vient cette délicieuse chanteuse vivant actuellement à Paris. S’éloigner de la capitale bruyante et polluée pour retrouver le temps d’un instant, en fermant les yeux et en détendant les muscles sur sa chaise de bureau, eaux turquoise et immenses étendues de sable blanc, comme dans une séance d’hypnose. Dans cet état de détente maximale nous acceptons nos paradoxes, nos mélanges, comme ceux que contiennent cette musique empruntant autant à la musique traditionnelle capverdienne qu’aux beats ultramodernes d’une musique africaine riche. Dans cet état d’égarement et de (dé)connexion avec la terre peut survenir la créativité, qui fait sortir de nous un son, un accord, une phrase, une ritournelle, un mouvement. Un élan poétique et bienveillant vers l’autre, en harmonie maximale avec soi-même, pourrait résumer la démarche marquante de Mayra Andrade avec cet album « Manga », sorti les huit févriers sur Sony Music Entertainment. Retrouvez l’interview complète de Mayra Andrade du 6/02/19 sur lavagueparallele.fr

Yinn GRAB

Plume du moment
Jade Melleran-Serré-Schultz, née le 27.05.2009 à Saumur, 1 mètre 38, yeux marrons (bien qu’elle eût préféré qu'ils soient verts), nationalité française. C'est rigolo les cartes d'identité. Ça raconte bien des choses. Jade part en vacances en Tunisie la semaine prochaine et sa maman lui a demandé de chercher sa carte d'identité pour préparer le voyage. Les préparatifs ont été retardés. Eh oui, papy et mamie sont décédés. Il a fallu faire plein de choses. Jade, perdue dans tous ces événements, n'a fait que suivre les adultes. La famille qui vient de loin, les grandes personnes qu'on ne connaît pas, la cérémonie, les repas un peu tristes un peu joyeux. Et aujourd'hui elle se retrouve seule dans le salon, sa carte d'identité dans les mains et, sur le dessus de la cheminée, papy et mamie en cendres dans la même boîte. Eh oui, on a décidé de les laisser tous les deux. A quoi ça leur sert maintenant ? Maman a dit que c'est pour qu'on ne les sépare jamais, même après la mort. Ils étaient si heureux tous les deux. Jade les a toujours vu se tenir par la main. Les autres adultes ne le font pas. Quand elle sera grande, elle aussi veut être vieille avec son amoureux et ils se tiendront la main comme papy et mamie

Melleran, c'est papa. Serré c'est papy et Schultz, c'est maman. Eh oui, ça en raconte des choses la carte d'identité ! Pourquoi il n'y pas mamie sur la carte ? On ne sait pas. Et est-ce que mes enfants s'appelleront Melleran-Serré-Schultz-Bouteau-Ovidi-Zarbil ? Six noms, ça fait beaucoup. Mais qui on enlève ?? Mamie ? Non, c'est toujours les mamies et les mamans qu'on enlève. Jade veut garder tout le monde.

Jade lève la tête, il doit y avoir une petite bête sur la cheminée, elle a entendu un bruit léger. Elle s'approche... Pas de bête, mais encore ce bruit. Elle s'approche encore. On dirait que ça vient de l'urne ! Il y a une bête dans l'urne ! Papy déteste les petites bêtes ! Il les aurait toutes écrabouillées, mais mamie aurait eu trop de peine. Elle y tenait aux petites bêtes ! Même les vilaines.

En fait, à bien écouter, on dirait qu'il y a deux bêtes... Comme un combat de bêtes dans l'urne. L'urne se couche et bouge comme si les deux bêtes tiraient chacune de son côté ! Jade l'attrape pour ne pas qu'elle tombe et se brise. On dirait que le combat s'est arrêté. Elle réfléchit... Et si ce n'était pas des bêtes, mais papy et mamie qui se chamaillaient. Ça leur arrivait parfois lorsqu'ils se sentaient à l'étroit. C'est vrai, ils disaient souvent « toujours ensemble, oui, mais avec un peu de place ! ». Mince ! On n'aurait jamais dû les mettre dans la même boîte ! C'est trop petit ! Mais alors, doit-elle ouvrir l'urne pour leur laisser de la place ? Disperser les cendres en mer ? Oui, il y a des bateaux spéciaux qui emmènent les familles disperser les cendres dans le vent de la mer. Jade aime écouter la radio de la mer et il y a une annonce de temps en temps d'un type qui dit qu'il part avec tant de personnes, pour dispersion de cendres. Avant, Jade croyait que c'était les sandres, le poisson... Mais elle trouvait cela bizarre car les sandres vivent plutôt dans les lacs. Bon, disperser les cendres pourquoi pas ? mais si papy et mamie se perdaient. Ce serait terrible ! Jade n'est pas sûr de vouloir prendre un tel risque…

Si seulement papy et mamie avaient dit ce qu’ils préfèrent avant de partir.

Tomèn TOZA

Cinépsy

Le complexe du castor (1h31) Film classé comme drame, sorti le 25 mai 2011. Réalisé par Jodie Foster, écrit par Kyle Killen, avec Mel Gibson, Jodie Foster, Anton Yelchin.
Le complexe du castor est un film basé sur la vie de Walter Black, un chef d’entreprise d’une société de jouets. Ce dernier vit heureux avec sa femme et ses enfants jusqu’à ce que malheureusement la dépression le rattrape. Les symptômes que vous connaissez bien apparaissent alors, envie de ne rien faire, plus de plaisir à rien, une tristesse de l’humeur, il manque donc à sa vie de famille et professionnelle… Sa femme n’en pouvant plus lui demande de partir de chez lui, il va s’installer dans un hôtel et tente de se suicider. Son passage à l’acte étant raté il trouve par hasard une marionnette de castor dans les suites qui devient dorénavant son outil pour extérioriser son mal-être, plus encore une personnalité à part entière.

Le film le complexe du castor est un film dérangeant. En effet, sous ses attraits banals d’homme ayant passé la cinquantaine victime d’un épisode dépressif caractérisé, il nous enferme dans le malaise petit à petit avec cette marionnette prise très au sérieux par Walter et l’envahissant complétement. On passe d’abord par une phase de rire en se disant que ce moyen d’exprimer certains aspects de sa personnalité et de son mal-être est mignon et temporaire, comme peuvent le penser aussi certains personnages du film. Grâce au castor, il peut enfin se livrer à sa famille sans encombre, faire rire ses enfants et être père, être le chef d’entreprise qu’il a été auparavant, sa maladie ne lui donne plus de barrières. Mais Walter s’ancre assez rapidement dans ce qui semble être une dissociation psychique  : il ne vit plus que par sa marionnette, change de voix quand elle parle et s’efface derrière elle. Elle lui permet de se sentir mieux pendant un temps seulement aux dépends de sa famille et son environnement social qu’elle néglige pour ne se concentrer que sur le bien-être de Walter. Il en arrive à se couper le bras portant le castor afin de s’en débarrasser…

Walter n’en reste pas moins touchant, je trouve que l’on s’attache vite à lui qui est pris entre sa maladie, sa famille et son travail et sa volonté de s’en sortir avec le moyen assez extrême qu’il a trouvé. La performance de Mel Gibson est géniale, il est très convaincant dans son rôle, son personnage a une réelle profondeur que nous scrutons avec lui dans le film. Un film que je conseille vivement !

Maniac (10 épisodes d’environ 40 minutes) Mini-série classée drame, science-fiction. Créée par Cary Joji Fukunaga et Patrick Somerville, sortie en 2018, avec Jonah Hill et Emma Stone.
Maniac est une série récente, diffusée depuis le 21 septembre 2018. Elle nous raconte d’abord la vie d’Owen Milgrim, un homme issu d’une famille riche dans laquelle il ne trouve pas sa place et vivant reclus, survivant comme il le peut en refusant les aides de ses parents. Owen est atteint semble-t-il de schizophrénie, il se pense doter d’une mission et crée beaucoup de délires autour de cela, principalement par mécanismes d’association. Il s’inscrit alors à un projet de recherche pharmaceutique, utilisant des drogues hallucinogènes et une intelligence artificielle pour tenter de guérir certaines maladies psychiques.

Pendant cet essai dans lequel les participants sont obligés de rester dans le centre où se déroulent les expériences, il rencontre Annie Landsberg, une jeune femme qui présente une addiction aux drogues hallucinogènes, cette dernière ayant réussi à tricher pour être intégrée dans l’essai et ainsi consommer

Cette série explore un nombre incalculable de sujets, tant psychiatriques que philosophiques ou sociétaux. On passe en effet d’un schizophrène pressé par sa famille pour témoigner et protéger son frère hors-la-loi, à une personne addict cherchant un sens à sa vie, un chercheur qui rejoint l’expérience en cours de route torturé par sa relation avec sa mère, une intelligence artificielle atteinte de dépression de par la mort du dernier chercheur de l’essai thérapeutique. De plus, lors des prises de drogues, les participants sondent leurs esprits et vivent des histoires propres à eux-mêmes qui se transforment au cours de l’essai en une quête de l’esprit.

Autant vous dire que j’ai aimé cette série. Malgré sa fin que je trouve assez convenue et que je vous épargne, on se questionne sur beaucoup de points : notre relation à la réalité quant au délire d’Owen qui finalement se réalise pendant l’essai, de plus nous sommes baladés entre le rêve et l’impact qu’il a, en grande partie dans nos interactions avec les autres. Notre relation aussi à l’intelligence artificielle est bousculée de même que la notion de bien ou de mal.

Maniac raconte une belle histoire, emballée dans une esthétique futuriste, très belle visuellement, portée par des acteurs convaincants dans leurs rôles et pleins de complexité, sans être brouillon. Accrochez-vous à vos neurones pour tout comprendre, cette série est un plaisir à regarder et à décortiquer

 Les contre :
> Télérama (3 étoiles ) « Avec Jodie Foster à la mise en scène et Mel Gibson la main dans la bestiole, "Le Complexe du Castor" est devenu un film plus sérieux, même s'il a ses moments comiques. Un film inégal, parfois frileux devant ses propres audaces, mais souvent irrésistiblement étrange ».
> The New Yorker (40/100) « As director, Foster, working with Kyle Killen's screenplay, treats the goofy premise with a literal earnestness-as a family drama about separation and reunion-that seems all wrong. A little wit would have helped  ».

Le saviez-vous ?
 Jodie Foster explique que beaucoup de studios n’ont pas voulu financer son film à cause de la scène où Walter coupe sa main, il l’aurait fait si elle avait changé cela.
Le nom de Owen, « Milgrim », est le même que celui de l’expérience de Milgram réalisée en 1960 par un psychologue dont l’objectif était de vérifier le niveau d’obéissance des sujets avec comme punition des vices douloureux comme des décharges électriques

La BD du moment

            Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°24

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Publié le 1653633558000