Echange Annuel De L'entog (European Network Of Trainees Of Obstetrics And Gynaecology)

Publié le 16 May 2022 à 21:51

5 au 10 mai 2012, Tallinn (Estonie)
Grâce au soutien financier du CNGOF, j'ai pu participer, avec Krystel Nyangoh Timoh (interne en 6ème semestre à Paris) à l'échange européen des internes de gynécologie-obstétrique qui se tenait à Tallinn en Estonie en mai 2012. Nous étions 18 internes de 14 pays différents, accueillis le samedi soir par notre contact local. J'étais logée chez Liina Rajasalu, interne en 8ème semestre à Tallinn et présidente du comité local d'organisation. Krystel était logée chez Ana Eivin, un autre membre du comité d’organisation.

La journée du dimanche fut consacrée à une information sur le cursus médical en Estonie. Comme en France, la formation commence par 6 années d'études à la faculté de médecine. La spécialisation en gynécologie-obstétrique est organisée sur 4 ans. Les candidats postulent dans 3 centres hospitalo-universitaires (hôpital Tallinn Est, hôpital Tallinn Ouest et l'hôpital de Parnü) et un hôpital universitaire (hôpital de Tartu). La sélection se fait par un concours d'entrée. Les 36 étudiants acceptés chaque année sont alors affectés en fonction de leur rang de classement.

Le déroulement du cursus est très organisé :

  • formation en obstétrique, 16 mois (10 mois en salle d'accouchement, 5 mois en pathologies materno-foetale et un mois en néonatalogie) ;
  • formation en gynécologie, 12 mois (8 mois en chirurgie gynécologique et 4 mois en oncologie gynécologique) ;
  • activité de consultation, 10 mois (consultations prénatales, consultations de gynécologie et colposcopie, échographie, gynécologie de l'enfant et de l'adolescente) ;
  • chirurgie viscérale et urologique, 2 mois ;
  • dermato-vénérologie, un mois ;
  • sénologie, un mois.

En général, les internes travaillent tous les jours de la semaine de 8h à 15h et les gardes durent de 18h à 8h du matin.

17 maternités assurent les 15 748 naissances réalisées en 2010, pour une population de 1,3 million d'habitants répartis sur un territoire de 45 000 km2. La moitié des naissances a lieu à Tallinn avec 3 241 accouchements à l'hôpital Ouest et 4 255 à l'hôpital Est.

Nous avons ensuite visité par petits groupes les différents services de l'hôpital de Tallinn Est, guidé par un praticien. L'hôpital de Tallinn Est comporte la plus grande maternité du pays avec un service de soins intensifs pédiatriques, un service de chirurgie gynécologique classique et ambulatoire et une unité d'assistance médicale à la procréation.

9 internes sont en formation sur le site. Le taux de césariennes est d'environ 20 %. Le taux d'extraction est d'environ 7 %. Les extractions se font dans la grande majorité par ventouse. Les ventouses sont stérilisables (cf. photo). L'utilisation des ventouses kiwi est marginale. Les obstétriciens ne sont pas formés à l'extraction par forceps. Le pH au scalp est utilisé en deuxième ligne lorsque le rythme cardiaque fœtal est pathologique.

L’amniotomie pour induction de travail est pratiqué par l’interne dans une salle de consultation. La patiente est ensuite surveillée en salle de naissance si elle ressent des contractions. Beaucoup de patientes sont suivies en externe. Par exemple, une patiente se présentant à terme pour une rupture spontanée des membranes sera renvoyée à domicile en l'absence de travail spontané. Une surveillance quotidienne est mise en place en soins externes avec jusqu'à 72h d'expectative, en l'absence de signes de complications.

La durée moyenne de séjour est de 2,4 jours en post-partum. De nombreuses multipares sortent dès la 6ème heure après leur accouchement. La chambre standard en suite de couches est une chambre double. Moyennant un supplément, des chambres familiales existent et mettent à disposition des couples deux lits et une salle de bains privative ainsi qu'un coin nursery. Les patientes ayant accouché par césarienne passent 6h dans une salle de surveillance commune (cf. photo) avant de regagner leur chambre. L'ensemble paraît calme et bien organisé. Ceci n'était pas uniquement dû au fait que nous étions un dimanche car cette impression est restée la même durant la suite du stage.

Le bâtiment est lumineux avec des fenêtres donnant sur l'extérieur dans quasiment toutes les pièces.

Le lundi, nous étions 10 internes affiliés à l'hôpital Est de Tallinn. Nous avons tout d’abord assisté au staff matinal qui relate les points forts obstétricaux et gynécologiques de la garde de la veille. Nous nous sommes ensuite répartis dans les différents services. J'ai pu assister à deux césariennes dont le déroulement est très semblable à celui que nous connaissons en France. Seule la pose de l'analgésie péridurale ou de la rachinaesthésie m'a interpelée. Elle se fait alors que la patiente est en décubitus latéral. (cf. photo). Nous avons ensuite assisté à un programme de chirurgie gynécologique varié (cf. photo) avec prise en charge d'une tumeur ovarienne suspecte par laparotomie, exérèse d'un nodule d'endométriose pelvienne profonde par cœlioscopie et pose de prothèse par voie vaginale pour cure de prolapsus. L'ensemble de ces chirurgies se déroulent comme en France, si ce n'est l'unique utilisation de 2 trocarts accessoires en cœlioscopie, ce qui fait que l'aide ne tient que la caméra. Dans la majorité des interventions, une panseuse habillée stérilement remplit le rôle d’aide opératoire en plus de l’interne. Les salles de bloc sont été récemment rénovées et bénéficient de lumière naturelle grâce à de grandes fenêtres.

Le mardi, j'ai assisté à une vacation d'échographie. En Estonie, seules sont réalisés en routine une échographie de datation au 1er trimestre et une échographie morphologique à 20 SA. Les dépistages de la trisomie 21 et du diabète gestationnel sont organisés selon des protocoles très semblables aux nôtres. J'ai pu également assister à une version par manœuvre externe. La technique est la même que celle utilisée en France. Le geste se déroule cependant en salle d'échographie.

Krystel a visité le service de réanimation néonatale. Il ne se trouve pas au même étage que la salle de césarienne. Ce service accueille les nouveaux nés d’au moins 1 500 grammes ou 32 semaines. Il comporte une banque de lait maternel. Certains bébés nécessitaient des laits spéciaux du fait de leur très grande prématurité.

Le soir était organisée la rencontre avec les membres du bureau de l'ENTOG et les î Une salle d'accouchement et sa î Ventouse obstétricale baignoire de dilatation représentants des différents pays d'Europe. Nous étions alors une quarantaine d'internes et avons pu échanger sur nos rythmes de travail et nos pratiques professionnelles. Nous avons pu constater de grandes différences, notamment sur les attributions des sages-femmes qui par exemple ne réalisent ni les expulsions des accouchements normaux, ni les sutures périnéales en Allemagne.

Le mercredi matin, une session ENTOG était organisée en ouverture du congrès de l'EBCOG (European Board and College of Obstetrics and Gynaecology). Ce congrès européen se tient un an sur deux. L'échange de l'ENTOG est donc organisé juste avant pour permettre aux internes qui en ont la possibilité d'assister à ce congrès. Nous avons entendu des topos en anglais d’excellente qualité sur le harcèlement professionnel et le travail en équipe.

Le mercredi après-midi se tient l'assemblée générale de l'ENTOG. Trois internes ont présenté un court topo sur leur expérience de l'échange. Cette association, méconnue des internes français représente les intérêts des internes au niveau européen, en collaboration avec l'EBCOG. Elle est en charge de l'accréditation des hôpitaux qui souhaitent recevoir des internes étrangers.

L'ensemble des visites sont assurés par ses 5 membres : Karen Rose, présidente (Angleterre), Anna Aabakke, secrétaire (Danemark), Maud Van de Venne, trésorière (Angleterre) et Katarzyna Romanek (Pologne). Un 5ème poste était libéré par le précédent trésorier qui terminait son internat. Plusieurs candidats se sont présentés. J'ai eu le privilège d'être élue à ce poste pour un mandat de 2 ans. Je ne manquerai pas de vous tenir informés des actions de l'ENTOG. Le soir était organisé un dîner commun avec les membres de l'EBCOG afin que juniors et seniors puissent échanger.

Ce séjour fut l'occasion de découvrir les pratiques professionnelles d'un autre pays européen, à la fois proches et différentes mais aussi de partager avec les internes européens nos expériences de formation théorique et pratique. Un échange enrichissant qui se tiendra en mai 2013 à Bratislava (Slovaquie) auquel de vous conseille de participer !

Les internes De gauche à droite : Charlotte (France), Anke (Pays-bas), Reena (Angleterre), Philip (Autriche) et Krystel (France)

Charlotte BOYON
Interne en 8ème semestre
CHRU de Lille
Trésorière de l'AGOF et des JnGOF
ENTOG executive member

 

Stage « Techniques de Stérilisation » à Nantes
J’ai eu la chance de participer au Stage « Techniques de Stérilisation » en février 2012 organisé et encadré par le Docteur Darnis, dans le Service du Professeur Philippe, au CHU de Nantes, en collaboration avec le laboratoire Theramex.

Il s’est déroulé sur deux jours, nous étions trois internes à y participer.

Chaque jour, une dizaine de patientes étaient programmées au bloc opératoire.

La technique principalement utilisée était la pose de clip de Filchie par colpotomie postérieure mais il y avait aussi la pose d’ESSURE et la pose de clips par cœlioscopie.

Les avantages de cette technique sont sa rapidité de réalisation après apprentissage, son faible coût comparé à l’ESSURE et à la cœlioscopie, et la diminution des risques liée à l’anesthésie locale pour une même efficacité.

Lors des premières interventions, le Docteur Darnis était l’opérateur principal et l’un de nous faisait l’aide pour bien assimiler la technique, puis rapidement les rôles se sont échangés.

Pour clôturer ce stage, la dernière après-midi fût consacrée à une partie théorique sur les différentes techniques chirurgicales et sur l’histoire de la législation de la stérilisation en France.

Ce stage fut une expérience enrichissante et très formatrice tant sur le plan pratique que théorique, mais en particulier sur la technique de pose de clips par colpotomie postérieur, spécialité du Dr Darnis, qui n’est réalisée que dans très peu de Centres en France.

Cécile BARDY
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°06

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Publié le 1652730706000